Le cinéaste franco-suisse, âgé de 89 ans et dont les apparitions médiatiques se font rares, s'est entretenu près d'une heure et demie mardi après-midi dans sa maison de Rolle (VD) avec Lionel Baier, responsable du département Cinéma de l'école lausannoise ECAL, à distance réglementaire en ces temps de pandémie de coronavirus.
Ils ont évoqué à bâtons rompus divers sujets liés à l'image, au cinéma et à la filmographie du réalisateur phare de la Nouvelle Vague qui prépare un projet dont le scénario s'appuie sur une musique d'opéra, mais aussi la littérature, la peinture, les médias ou la médecine.
Admiration pour les scientifiques
Godard a notamment parlé de l'importance des lettres comme des formes plastiques à part entière dans son langage cinématographique. Cigare en bouche par moments, celui qui a expérimenté de nouvelles façons de raconter des histoires dans son cinéma a aussi évoqué l'écriture à la main de ses projets artistiques, à l'image du scénario de son dernier long-métrage "Le Livre d'image" (2018) qui avait été présenté au Festival de Cannes et où il s'était exprimé par le biais de Facetime. Celui-ci devrait d'ailleurs faire l'objet d'une exposition à Nyon cet été dans le cadre de Visions du réel, où le film pourra être remonté par les visiteurs.
Le récipiendaire du Prix d'honneur du cinéma suisse voilà cinq ans, qui se considère toutefois comme un cinéaste français, est aussi revenu pêle-mêle sur son admiration pour les scientifiques (le père de Godard était médecin) ou pour le cinéma de Rohmer et Reusser, son amour des livres et romans d'enquête, sur sa non-fréquentation des réseaux sociaux... ou ses pertes parfois de la mémoire de l'instant.
L'ECAL a annoncé qu'elle diffusera ultérieurement cet entretien sur d'autres canaux et en qualité optimale.
Olivier Horner