Nous sommes en 1984. "Stranger Than Paradise" de Jim Jarmusch remporte tour à tour la Caméra d'or au Festival de Cannes et le Léopard d'or au festival de Locarno.
C'est la première fois qu'apparaît sur les écrans radars la longue silhouette de dandy dégingandé et désinvolte de Jim Jarmusch, un personnage si particulier coiffé d'une grande touffe de cheveux noir jais qui va devenir grise puis blanche.
36 ans plus tard, et avec 12 films au compteur, Jim Jarmusch est un outsider qui compte, un membre à part entière de la famille des grands cinéastes.
Né en 1953 dans l'Ohio, le cinéaste américain aux racines familiales tchèques, allemandes, françaises et irlandaises exerce son art depuis 1980. Et c'est un amoureux absolu de la musique.
A travers la grande variété des musiques qui illustrent ses films, on découvre un passionné de toutes sortes de registres et de sonorités.
"Dire que j'écoute de tout est un euphémisme: Merle Haggard, Fauré, Schubert, Capone-N-Noreaga, du be-bop, du hardcore, le Velvet... Parfois, j'ai aussi des périodes monomaniaques où je ne vais m'intéresser qu'au bluegrass, ou au dub de King Tubby, ou à l'utilisation des voix classiques par les compositeurs anglais du XVIe siècle, tels William Byrd ou Thomas Tallis" indique le réalisateur.
C’est quelqu’un qui ne s’interdit rien. Ni le rire qui pointe sous la mélancolie, ni la poésie qui traverse tout, ni le cinéma de genre. Interrogé par le journal L'Hebdo en 1999, il confiait:
Le cinéma est plus proche de la musique que beaucoup d'autres formes d'art. C'est un flux, un rythme. Mais avant tout, j'aime la musique. C'est peut-être la manière la plus magnifique d'exprimer des sentiments. Je ne sais pas à quoi ressemblerait le monde s'il n'y avait pas la musique. En tout cas, je n'aimerais pas y vivre
Il a réalisé "Year Of The Horse" (1997), un documentaire consacré à Neil Young et "Gimme Danger" (2016) qui raconte la saga du groupe de rock The Stooges et de son leader Iggy Pop.
En plus du soin apporté à ses BO, Jim Jarmusch a aussi très souvent donnés des rôles principaux à des musiciens-acteurs dans ses films.
Lui-même musicien, il a été chanteur et aux claviers du groupe underground The Del-Byzanteens dans les années 80 avec de jouer avec "Bad Rabbit". Depuis 2010, il est membre du groupe de rock SQÜRL.