Le public suisse retourne-t-il assidûment dans les salles de cinéma?

Selon les premiers chiffres publiés par ProCinema, l’association faîtière des exploitants de cinémas et des distributeurs, plus de 200'000 personnes sont allées voir un film dans les salles suisses depuis leur réouverture le 6 juin. Un chiffre satisfaisant, selon ProCinema, qui mérite toutefois d’être creusé.

Comparaison avec l'année dernière

Si l'on compare les chiffres de 2019 et 2020, on constate que la semaine du 17 juin 2020, les dix films les plus vus ont attiré 3'990 spectateurs. En 2019, à la même période, le top 10 a comptabilisé 24'023 entrées en une semaine. Soit six fois moins, ce qui peut paraître catastrophique.

Mais il faut prendre en compte le fait que toutes les salles n’ont pas rouvert et qu’elles offrent beaucoup moins de séances quotidiennes. Rien qu’à Genève, 992 séances étaient programmées durant cette semaine 2019 contre 319 en 2020 (soit à peine 32%). A cela, s'ajoute une capacité d'accueil réduite de moitié puisqu'un fauteuil sur deux doit rester inoccupé. On arrive donc à un nombre de places disponibles de 16%. Et le 16% de 24'023 spectateurs équivaut à 3'843 spectateurs, soit peu ou prou les chiffres actuels.

Nous nous étions de toute manière préparés à un été calme puisque 2020 devait être l'année de l'Euro et des Jeux Olympiques.

En dépit du nombre de nouveaux films encore restreint et des normes de sécurité, le public reprend ainsi le chemin des salles obscures.

Succès des classiques du cinéma

A situation extraordinaire, programmation atypique. En l’absence de grosses productions américaines, qui drainent historiquement un large public, les cinémas Pathé Balexert ont trouvé la parade en programmant des films plus pointus ou des cycles thématiques, comme celui consacré à Christopher Nolan. Son "Dark Knight", sorti en 2008, attire de nombreux jeunes spectateurs. "On était trop petits au moment de sa sortie, maintenant on peut le voir sur grand écran et c'est génial" dit une de spectatrice. Un autre fan de Nolan ajoute: "Nous étions peu dans la salle, j'avais l'impression d'une séance privée."

Même succès au cinéma L'Empire, à Genève, qui programme une version restaurée de "Shining", le chef-d'eouvre de Kubrick.

Cette programmation atypique a-t-elle un avenir ou est-ce seulement un accident de l'histoire? On verra, en attendant les blockbusters de l’été, dont "Tenet" et "Mulan", tous décalés au mois d’août ou plus tard.

Rafael Wolf/mcm