Initié par le cinéaste chilien Pablo Larraín, la série "Homemade" comporte 13 épisodes d'une durée qui varie entre 4 et 11 minutes. Chaque épisode a été filmé et monté par un réalisateur ou une réalisatrice de renom et la règle était la même pour tous: imaginer un récit sur la période du confinement et le réaliser depuis son lieu de résidence avec les moyens à disposition, le plus souvent un simple téléphone.
Parmi les 17 réalisateurs provenant du monde entier qui ont participé à ce projet, on peut citer Ladj Ly ("Les Misérables") qui a tourné à Paris, Paolo Sorrentino ("The Young Pope") qui a tourné à Rome, Rachel Morrison ("Black Panther") à Los Angeles, Pablo Larraín ("Jackie") à Santiago ou encore Rungano Nyoni ("I Am Not a Witch") à Lisbonne.
Une série inégale mais globalement réussie
Sorte de variation sur le thème de l'enfermement, "Homemade" est une série inégale mais globalement très réussie. Et malgré des réserves sur certains épisodes, elle a conquis les trois critiques de l'émission "Vertigo". "Les idées narratives varient beaucoup. Il y a du documentaire, de la fiction et même de la science-fiction (...). C'est cette diversité qui m'a plue", explique Antoine Bal.
Aimée Papageorgiou - qui se demandait pourquoi vouloir regarder une série sur le confinement alors qu'on vient d'en sortir - y a trouvé quelque chose d'assez cathartique. "On rit, on pleure. Mais on sent aussi un petit grain de folie qui l'emporte sur le tout". La critique relève aussi le défi pleinement réussi de "faire usage du banal et de le transcender".
C'est un observatoire de la nature humaine. C'est plein de surprises.
Pour Anne-Laure Gannac, "il y a une puissance émotionnelle très forte" dans cette série qu'elle décrit comme "un festival de cinéma que l'on peut se faire depuis son salon". "On pouvait redouter que cela donne des choses redondantes ou très pauvres visuellement mais c'est tout l'inverse", précise-t-elle.
C'est fascinant de voir comment dans des conditions aussi maigres, un réalisateur ou une réalisatrice sait créer du cinéma. Et c'est ça qui est beau.
Quelques pépites
Sur les 13 épisodes, quelques ratés, mais surtout quelques pépites comme celle de Ladj Ly.
Le réalisateur français a remis en scène le personnage de Buzz - joué par son fils - qu'on avait pu voir dans "Les Misérables", film-choc du cinéaste sur les banlieues françaises. Un drone qui survole Montfermeil en Seine-Saint-Denis, à Paris, capte des bribes très courtes de la vie quotidienne des habitants de la cité durant cette période si particulière.
Un autre épisode remarqué est celui du réalisateur italien Paolo Sorrentino. Confiné chez lui à Rome, il a imaginé une histoire d'amour entre le pape et la reine d'Angleterre et a filmé son récit dans son appartement avec des figurines. "C'est délicieux et plein d'impertinences", estime Anne-Laure Gannac.
A noter encore l'épisode filmé par Pablo Larraín, très apprécié d'Antoine Bal, qui y a vu "une vraie audace narrative sur la vieillesse pendant le Covid" et celui de Johnny Ma qui écrit à sa mère qu'il a quittée en très mauvais terme avant le confinement. Un hommage plein de douleurs et de peurs qui a donné des frissons à Anne-Laure Gannac.
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Propos recueillis par Laurence Froidevaux
Adapation web: Andréanne Quartier-la-Tente