Celles et ceux qui s'occupent du mixage, du bruitage, du son globalement, une fois que le film est tourné et monté, ont aussi été affectés par la crise du Covid-19. Le secteur a beaucoup souffert, comme tous les autres acteurs culturels, même si la postproduction a pu continuer à travailler tant bien que mal, au ralenti.
Pour Denis Séchaud, ingénieur du son genevois et fondateur des studios Masé, qui enregistre ces jours-ci le bruitage de la série "Cellule de crise" de Jacob Berger, les problèmes sont plutôt à venir. En effet, son équipe et lui n'étant pas plus que cinq, même au moment où il y avait le plus de restrictions, ils ont pu travailler et terminer certains mixages.
Le gros problème que l'on a, nous qui sommes dans la postproduction, c'est que l'on travaille une fois que le film est tourné, monté. Tous les tournages depuis le mois d'avril ont été arrêtés, et ça reprend très très timidement.
Certains tournages devraient reprendre au mois d'août ou début septembre, si tout va bien. Tous les films que Denis Séchaud devait recevoir dans le courant de l'automne et jusqu'au début de l'année 2021 ne seront donc vraisemblablement pas terminés.
Du doublage à distance?
Malgré les projets reportés, annulés ou arrêtés, Denis Séchaud entrevoit cependant des solutions nouvelles, notamment dans le cas où des réalisateurs ne pourraient pas se rendre en studio pour travailler sur le son ou le doublage de leur film. "C'est probablement quelque chose qui risque d'arriver de plus en plus, parce qu'il y a eu cette maladie-là [le coronavirus], il y en aura peut-être d'autres, donc il faut que l'on trouve des solutions pour pouvoir travailler à distance".
Denis Séchaud estime que ce qui sauvera peut-être le secteur de la postproduction, du moins pour lui, c'est que les doublages continuent d'être commandés par la SSR - doublages en français de séries, de films et de téléfilms suisses -, ce qui donnera du travail à son studio, ainsi qu'à des comédiens suisses. Il pourra de plus compter sur la numérisation et la restauration de films de patrimoine pour la Cinémathèque ou pour l'Association Alain Tanner. Il y a toutefois un bémol: les moyens de la Cinémathèque ne sont pas illimités et l'analyse des copies prend beaucoup de temps.
Propos recueillis par Raphaële Bouchet
Adaptation web: Lara Donnet