Né en 1969, Yakari n'a pas pris une ride. Ce drôle de petit Sioux, malin et agile, galope dans une nature encore sauvage sur son cheval fougueux, Petit Tonnerre. Il peut converser avec les animaux, un don que lui a conféré son totem, "Grand-Aigle". Connu internationalement, le personnage de Yakari est même à l'origine de deux séries de dessins animés, de comédies musicales, d'un jeu vidéo et d'une foule d'objets dérivés.
Créé par le scénariste Job et le dessinateur Derib, le petit Indien sera omniprésent cet automne avec un 41e album attendu en octobre, un film d'animation intitulé "Yakari, la grande aventure" à découvrir dans les cinémas dès le 12 août et, dans la foulée, la réédition du tome 1 de la série, "Yakari et Grand Aigle", comprenant un cahier spécial qui explique le passage de la bande dessinée au dessin animé.
Les mythiques Indiens d'Amérique
Une longévité impressionnante, qui s'explique selon Derib par le mythe indien, encore très présent.
L'image de l'Indien qui galope sur un cheval derrière des bisons avec des plumes sur la tête est une image mythique.
"C'est cette image-là qui m'a poussé, à l'âge de 20 ans, à dessiner un petit bonhomme sur un cheval. Je l'ai appelé Yakari sans savoir pourquoi, cela sonnait bien, c'était joyeux", explique-t-il à la RTS.
De la rencontre de Derib avec le scénariste André Jobin, dit Job, paraît une histoire de Yakari en noir et blanc, entre deux épisodes du hibou Pythagore dans l'hebdomadaire romand "Le Crapeau à Lunettes", pour laquelle ils travaillaient tous deux. Après la disparition du magazine, André Jobin crée Yakari mensuel, qui se répand dans la Suisse entière pendant plus de 20 ans.
Des cow-boys aux Indiens
Les premières aventures de Yakari paraissent à une époque où les héros sont plutôt à chercher du côté des cow-boys. Tout livre d'histoire relatant le tragique destin des Indiens d'Amérique est alors interdit de parution aux Etats-Unis, ce qui rend difficile la documentation sur le véritable mode de vie de cette population.
Le lien et le respect qui unissent le jeune Sioux à la nature sont également une marque de fabrique de la série. Derib relie cet élément à sa petite enfance, passée dans un chalet en Valais à 1800 mètres d'altitude. "J'ai été marqué très fortement par la nature à ce moment-là", explique le dessinateur. "Il existe un respect fondamental des Indiens envers la nature et les animaux qui m'a toujours touché. Être proche des animaux est pour moi une nécessité absolue".
Retour aux sources
Le passage du dessin animé au long-métrage d'animation a pris près de dix ans. Divers scénarios ont été explorés sans succès. Puis le choix s'est porté sur les fondamentaux du tout premier album: la rencontre avec Grand Aigle, le début de l'amitié de Yakari avec son cheval Petit Tonnerre et le don du petit garçon de pouvoir parler aux animaux. "L'esprit de Yakari a été gardé", se réjouit Derib.
Depuis plus dʹun demi-siècle, le petit Indien sans âge est toujours aussi heureux de vivre. Derib, sous le toit de sa demeure de La Tour-de-Peilz, passe entre huit et dix heures par jour concentré devant sa table à dessin. Son travail, son "plaisir". Le même bonheur que celui vécu au contact de la nature dont il cerne lʹesprit et les contours dans ses albums.
Propos recueillis par Rafael Wolf
Adaptation web: Melissa Härtel