A la faveur de la pandémie, Disney a trouvé l'élu de son coeur: le streaming direct des contenus aux consommateurs, déjà prioritaire avant la crise sanitaire, fait désormais l'objet de toutes ses attentions.
La plateforme Disney+, qui a atteint la semaine dernière les 60,5 millions d'abonnés, va accueillir le film "Mulan" en exclusivité pour l'instant, alors que sa sortie au cinéma a été retardée à plusieurs reprises et désormais repoussée sine die. Le studio décale aussi d'une année les nouveaux épisodes de "Star Wars" et "Avatar" prévues à la base en 2021 et 2022.
L'espoir demeure
Pour les exploitants de cinéma, la situation est à la fois "frustrante" et "fragile", explique Edna Epelbaum, présidente de l’Association Cinématographique Suisse et exploitante de trente salles de cinémas dans l'arc jurassien et le canton de Berne. "La situation est complexe. Pour Disney, la décision n'est pas prise contre les cinémas en Europe, il faut aussi tenir compte de la situation politique aux Etats-Unis, qui est encore plus fragile qu'en Europe".
"Néanmoins, nous regrettons que les studios ne soutiennent pas plus les cinémas, qui restent la plate-forme numéro un en terme de visibilité." Edna Epelbaum garde cependant espoir: "Il y aussi des messages positifs, comme la sortie de "Tenet" de Christopher Nolan dans deux semaines".
Fréquentation logiquement en baisse
En ce qui concerne la fréquentation des cinémas, en baisse de 70%, le bilan est naturellement mitigé. Mais il faut garder à l'esprit que les salles accueillent des spectateurs avec une jauge réduite, d'autres n'ouvrent leurs portes que le weekend. La chute du nombre de spectateurs est également imputable à la météo. "Les étés pour les cinémas, en Suisse, ne sont jamais faciles" rappelle Edna Epelbaum. "Mais nous avons l'espoir qu'un automne fort arrive, qui montrera qu'il n'y a pas que les films américains qui font des entrées, mais aussi des films suisses".
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Pour la présidente de l'Association Cinématographique Suisse, l'urgence aujourd'hui est la même qu'il y a deux mois: accélérer le versement des indemnisations pour les salles de cinéma et pour les institutions culturelles. "Car c'est vraiment maintenant que nous avons besoin de liquidités pour des frais fixes, comme les loyers", soutient Edna Epelbaum.
Sujet radio: Coralie Claude
Adaptation web: mh/afp