"Amadeus" de Milos Forman, le film aux quarante récompenses

Grand Format

Collection ChristopheL via AFP

Introduction

"Amadeus" de Milos Forman, sorti en 1984, met Mozart à l’honneur. Sa vie, son œuvre, sa musique, son rire et surtout sa rivalité avec Salieri sont au centre de cette fiction rocambolesque et rococo adaptée d'une pièce de théâtre de Peter Shaffer. Décryptage de ce chef-d'oeuvre qui a reçu quarante récompenses, dont huit Oscars.

Chapitre 1
Mozart versus Salieri

Archives du 7eme Art / Photo12 via AFP

"Ce 25 mars 1985, au Dorothy Chandler Pavillon de Los Angeles, j'étais assis dans les premiers rangs. Je portais l'un des deux mille smokings présents dans la salle, et mes chaussures étaient impeccablement cirées. Les paillettes scintillaient autour de moi sur des robes plus chères que des automobiles, et l'air était chargé des effluves des plus sublimes parfums. Je figurais sur la liste des nominés à l'Oscar pour la mise en scène d'"Amadeus". "Amadeus" était mon neuvième film. J'en avais déjà réalisé quatre en Tchécoslovaquie où j'étais né, et quatre en Amérique, mais "Amadeus" était, comme moi, un produit hybride: un film américain tourné en Tchécoslovaquie.

En fait, cette production m'avait permis de revenir à Prague après dix années d'exil. La Tchécoslovaquie était toujours un pays résolument totalitaire au moment du tournage d'"Amadeus" et j'y étais, en ma qualité d'émigré, considéré comme traître par les autorités. Le communisme y régnait depuis plus de quarante ans et avait fortement influencé mon existence. Sans lui, je ne me serais jamais retrouvé en Amérique. Mais j'éprouvais un fort désir de retour. Le sentimental que je suis ne se sent plus complètement lui-même si tous les chemins qui mènent aux paysages de l'enfance sont barrés, si on lui retire toute possibilité de se confronter aux souvenirs qui ont fait de lui ce qu'il est. Coupé du lieu où j'avais marqué mes premiers buts, volé mon premier baiser, perfectionné mon goulasch, senti pour la première fois le monde tournoyer sous l'effet de l'alcool et lancé mon premier "Coupez", je me sentais incomplet."

C'est par ces mots que commence la biographie de Milos Forman parue chez Robert Laffont. Des mots qui évoquent Mozart et la Tchécoslovaquie. Des mots qui disent la puissance d'un retour aux sources. Des mots qui racontent "Amadeus", un film clé qui prend naissance en 1979 quand le réalisateur va voir la pièce de Peter Shaffer. Au départ, il n'avait pas envie d'y aller. On faisait beaucoup de bruit autour de cette pièce, elle-même adaptée d'une courte pièce de Pouchkine. Pour rien, lui semblait-il.

Mais au théâtre, la magie opère. Milos Forman est conquis dès le premier acte. Il y voit un film, grandiose, racontant l’opposition de deux hommes, de deux talents. Il rencontre Peter Shaffer, les deux hommes se mettent d'accord et commencent à travailler à l'adaptation de la pièce. En écrivant le scénario, ils écoutent du Mozart. L'histoire prend corps. On centrera celle-ci sur la musique et sur Salieri. Sur l'opposition. La laideur et la beauté, l'ombre et la lumière, le divin et l'humain.

Dans le film Salieri est le personnage central. Un être rongé par la rancœur et les remords. A la fin de sa vie, il raconte à un prêtre sa relation tortueuse avec Mozart, entre haine, mépris, et admiration. "Pardonne, Mozart, pardonne à ton assassin", crie Salieri avant de mourir.

Lui, l'homme qui était compositeur de l'empereur mélomane Joseph II avant d'être détrôné. Car Salieri est talentueux, tout entier au service de Dieu, puisant dans la musique pour chanter ses louanges. Mais l'éclat de Salieri se voit soudain éclipsé quand un jeune garçon du nom de Wolfgang Amadeus Mozart, commence à se produire dans toutes les cours d'Europe sous la houlette de son père Léopold.

En 1781 quand le jeune Mozart fait irruption à Vienne, précédé d'une réputation flatteuse, c'est un choc. Il est brillant. Il est génial. Il va devenir le plus grand compositeur du siècle. Salieri en est le premier convaincu. Et comment survivre face à un génie? Comment l'évincer? Salieri, fou de jalousie, d'orgueil, rejette Dieu et met en place une machination diabolique pour destituer Mozart. Le film de Milos Forman est presque un thriller, un film noir qui montre la lutte entre ces deux hommes.

Avec "Amadeus", le réalisateur dépoussière l'image de Mozart. Le fait jouisseur, rigolard, parfois ignare. C'est un adolescent lubrique, paillard, qui joue du piano debout et qui rit à gorge déployée d'un rire particulier, presque obscène voire carrément délirant.

Mais, "Amadeus" n'est pas un reflet de la vraie vie de Mozart, ni celle de Salieri. C'est une fable. Milos Forman et Peter Shaffer prennent des libertés avec la réalité historique et ne s'en cachent pas.

>> A voir, Milos Forman en interview dans l'émission "Spécial cinéma" de la TSR à propos de son film "Amadeus" (1988) :

Milos Forman
Spécial cinéma - Publié le 26 décembre 1988

Chapitre 2
Des inconnus au casting

Photo12.com - Collection Cinema / Photo12 via AFP

Quasi inconnu avant ce film, l'acteur Tom Hulce devient Mozart aux yeux de tous. Il est bouffon, libertin, parfois idiot et jouisseur.

Milos Forman fait partie de ces réalisateurs qui arrivent à obtenir tout d'un comédien, jusqu'à son âme. Il les fait devenir les personnages jusqu'à les perdre. Tom Hulce ne se remettra jamais complètement de ce rôle. Une pâle carrière sur les planches et sur écran pour disparaître des scènes dès 2008 et devenir producteur de comédies musicales.

Concernant le choix de l'acteur pour jouer Mozart, Milos Forman raconte: "Obstiné, et n'écoutant que mon instinct, j'attribuai tous les rôles importants à des acteurs peu connus du grand public. On connaît mal d'ailleurs le visage de Mozart et c'était un avantage pour notre film: je pouvais mettre à profit ce blanc dans l'esprit des spectateurs pour leur faire croire dès les premiers plans qu'ils venaient de découvrir Mozart. En faisant jouer le compositeur par un acteur célèbre, j'aurais gâché cette possibilité. Et si Mozart était joué par un acteur inconnu, confier à une star le rôle de Salieri reviendrait à détourner l'attention vers lui et à compromettre le délicat transfert d'émotion entre l'écran et le spectateur. Je finis par trouver mon Mozart en Tom Hulce, mon Salieri en F. Murray Abraham, ma Constance en Meg Tilly et mon empereur en Jeffrey Jones".

Le réalisateur Milos Forman (à gauche) avec l'acteur Tom Hulce sur le tournage du film "Amadeus". [Collection ChristopheL via AFP]
Le réalisateur Milos Forman (à gauche) avec l'acteur Tom Hulce sur le tournage du film "Amadeus". [Collection ChristopheL via AFP]

Pour être plus convaincant, Tom Hulce qui est guitariste mais pas pianiste, s'exerce au piano trois à quatre heures par jour. Il faut aussi lui inventer le rire suraigu de Mozart dont on connaît l'existence grâce à une lettre écrite par une dame de l'aristocratie de l'époque. "Quand cet homme qui avait composé une musique si divine se mettait à rire, observe-t-elle avec étonnement, il ressemblait plus à un animal qu'à un être humain".

Milos Forman fait confiance à Hulce qui essaie toutes sortes de rires avant de trouver ce gloussement aigu et convulsif qui convient parfaitement à sa personnalité.

Le rire de Mozart. [Archives du 7eme Art / Photo12 via AFP]
[Archives du 7eme Art / Photo12 via AFP]

Pour les autres rôles, ce sont 400 acteurs et figurants qui postulent. Le réalisateur contacte F. Murray Abraham pour que celui-ci lise les répliques de Salieri face à Mozart. En l'écoutant lire les dialogues, Milos Forman se rend compte qu'Abraham est Salieri. Pas besoin de chercher plus loin.

On engage encore Meg Tilly pour jouer Constance et Vincent Schiavelli, déjà dirigé dans "Vol au-dessus d'un nid de coucou", pour incarner le valet de Salieri. Le casting est terminé à l'hiver 1981 et Milos Forman part pour Prague pour lancer la préproduction.

Chapitre 3
La musique, troisième personnage du film

Photo12 via AFP

La musique d'"Amadeus" est bien sûr celle de Mozart, avec quelques emprunts tout de même à celle de Salieri. Elle raconte sans paroles, elle évoque en pointillé, elle dessine la figure d'un homme au cœur de son époque. Elle explique ses failles, ses talents, ses envolées lyriques, les effets de mode, ou l’originalité prégnante du jeune compositeur.

A l'écran, la musique prend toute la place, s'orchestre entre "L'Enlèvement au sérail", "Les noces de Figaro", "La Flûte enchantée", des concertos pour piano, pour flûte, pour harpe, des symphonies, des messes," Don Giovanni", et bien sûr le "Requiem". On n'en change pas une note.

Sur l'enregistrement, c'est le chef d'orchestre britannique Neville Marriner qui dirige sa formation, l’Academy of St-Martin-in-the-Fields, avec fluidité et talent. Il sera également le conseiller musical sur le film.

La plupart du temps, l'ajout de la musique arrive en dernier dans la chaîne de production d'un film. Mais pour "Amadeus", elle est déjà enregistrée avant que le tournage commence.

"Nous la faisions jouer sur le plateau et accordions la mise en scène à la partition", se souvient le réalisateur. Il fait correspondre celle-ci avec la dramaturgie. La musique devient un personnage qui éclaire les rapports entre les deux hommes.

Faire de la musique le troisième personnage du film fut notre choix le plus astucieux. Je devais découvrir au montage que non seulement la musique de Mozart avait un effet magique sur les spectateurs, mais qu’elle pouvait aussi raconter une partie de notre histoire. Les notes de Mozart devenaient aussi importantes que les mots de notre scénario ou les images que nous avions filmées.

Le réalisateur Milos Forman, à propos du film "Amadeus"

La bande originale d'"Amadeus", forte de 30 morceaux, est devenue l'album classique le plus vendu de l'histoire du disque.

Chapitre 4
Un tournage sous surveillance

Collection ChristopheL via AFP

Milos Forman choisit de tourner son film à Prague. Il y a là des relents de son enfance. Mais pas que. Car Prague est la ville d'Europe qui offre le plus d'éléments d'architecture du 18e siècle. Une ville préservée où l'on trouvera tous les décors dont on a besoin. Une ville qui n'était pas encore envahie par les touristes au début des années 1980.

"Il m'avait fallu 10 ans pour retourner à Prague et pour y parvenir grâce à "Amadeus" explique Milos Forman dans ses mémoires. Je m'y étais rendu comme citoyen américain pour faire un film américain, avec lequel l'Etat communiste récolterait de l'argent américain – ces dollars étant la raison fondamentale pour laquelle on m'avait autorisé à revenir au pays. Certes, j'avais été, durant le tournage, soumis à une surveillance de tous les instants. Mais j'avais pu, en tout cas, revoir mon pays et visiter les miens, si bien qu'"Amadeus", avant même cette nomination aux Oscars, m'avait déjà apporté beaucoup."

C'est donc un réalisateur ému qui débarque à Prague à l'hiver 1981. Très vite, la police secrète et la sécurité d’état tchèque lui collent aux chaussures. Ils sont partout. Deux Skoda le suivent en permanence. Son téléphone est sur écoute.

Milos Forman note que les Américains et les Britanniques de l'équipe ont du mal à comprendre les réalités de la vie quotidienne en pays communiste. Ils voient des espions partout, ou alors au contraire ne s'aperçoivent pas qu'ils sont suivis et que leurs chambres d'hôtel sont truffées de micros. L'idée qu'il faut vivre et travailler jour après jour sous surveillance, ne pas s'en préoccuper, ne pas se laisser distraire, et que cela aussi finit par devenir monotone, est difficile à admettre.

La plupart des gens qui travaillent sur le plateau sont tchèques. Milos Forman se doute bien qu'il y a parmi tous les techniciens et figurants quelques indicateurs à la solde des communistes. La proportion est d'à peu près 1 sur 10.

Le tournage commence à la date prévue et tout se passe comme sur des roulettes. Les trois premières semaines sont uniquement consacrées aux séquences avec Salieri âgé et hospitalisé. Murray Abraham se lève chaque jour à 4 heures du matin pour aller au maquillage. Il devient un vieillard en 4h30. L'acteur en profite pour répéter son texte et travailler sa gestuelle.

L'acteur a expliqué qu'après avoir passé 4 heures sur un siège sans bouger, il était fatigué, un peu lent. L'état d'esprit parfait pour jouer un vieillard. "Tout ce que j'avais à faire c'était de croire en ce type que je voyais dans le miroir et laisser parler la musique".

>> A écouter: l'émission "Travelling" consacrée à ce film :

"Amadeus" (1984) de Milos Forman, avec Tom Hulce dans le rôle de Mozart. [AFP - © AMLF / The Saul Zaentz Company / Collection ChristopheL]AFP - © AMLF / The Saul Zaentz Company / Collection ChristopheL
Travelling - Publié le 11 juillet 2023
Il fallait plus de 4 heures de maquillage que l'acteur F. Murray Abraham se transforme en Salieri à la fin de sa vie. [Photo12.com - Collection Cinema / Photo12 via AFP]
Il fallait plus de 4 heures de maquillage que l'acteur F. Murray Abraham se transforme en Salieri à la fin de sa vie. [Photo12.com - Collection Cinema / Photo12 via AFP]

Pendant ce temps, les autres acteurs répètent leurs rôles, s'imprègnent de Prague. L'actrice principale, Meg Tilly, qui joue Constance, se déchire les ligaments de la cheville en jouant au ballon dans les rues de Prague. "Nous n'avions encore tourné aucune de ses scènes. Il nous fallut trouver sans perdre de temps une autre actrice". Le réalisateur s'envole pour New York et auditionne dans la foulée une cinquantaine de comédiennes. Il se décide pour Elizabeth Berridge.

On tourne dans les décors d'époque, quasi inchangés. Le théâtre baroque Tyl de Prague, où s'est déroulée la première de l'opéra "Don Giovanni" en 1787, devient le décor de la séquence de cet opéra dans le film. Mais si les lieux sont somptueux, ils sont complètement délabrés, remplis de poussière. On va tourner en s’éclairant uniquement avec des centaines de bougies.

Derrière chaque colonne, dans la fosse, sur les sièges, dans les coulisses, sont cachés des dizaines de pompiers. Certains sont même déguisés en figurants. Ils font bien car un des comédiens enflamme la plume de son chapeau. Il est heureusement secouru à temps sans mettre le feu aux décors.

En 1983, le tournage d'"Amadeus" est terminé. Milos Forman rentre en Amérique.

Chapitre 5
Un film récompensé par huit Oscars

Photo12.com - Collection Cinema / Photo12 via AFP

"Le tournage d'Amadeus était une grande affaire pour la Tchécoslovaquie, écrit Milos Forman dans ses mémoires. A Prague, la ville entière était au courant de ce tournage, mais la radio n'en dit jamais un mot, et il n'y eut pas une ligne dans les journaux. Les autorités communistes interdisaient de mentionner le nom d'un immigré et j’étais un immigré. Les médias tchèques observèrent donc sur notre présence le plus assourdissant des silences".

Ce qui fit du bruit, par contre, ce fut la sortie du film le 19 septembre 1984. Les amoureux du cinéma de Milos Forman se précipitent au cinéma. Les amoureux de Mozart également. Sauf que ceux-ci voient les incohérences. Les relèvent. C'est de la fiction, leur rappelle-t-on.

"A la sortie du film, se souvient Milos Forman dans ses mémoires, de nombreux critiques musicaux s'élevèrent avec violence contre les libertés que nous avions prises avec la véritable histoire de Mozart. J'y vis surtout de la pédanterie et je fus flatté par tant de véhémence. Notre film ne prétendait aucunement offrir un récit réaliste des rapports obscurs et méconnus des deux compositeurs. C'était plutôt une rêverie historique une construction dramatique, une méditation sur ce qui aurait pu être une histoire divertissante".

D'ailleurs le public ne s'y trompe pas. Dans le monde entier, les spectateurs restent collés à leurs sièges pendant les 6 minutes du générique de fin pour ne rien perdre de la musique de Mozart. On adore. Le film a coûté 18 millions de dollars. Il en rapporte 51 millions rien qu'aux Etats-Unis. Tout le monde va voir le film.

L'affiche du film "Amadeus" de Milos Forman. [Collection ChristopheL via AFP]
L'affiche du film "Amadeus" de Milos Forman. [Collection ChristopheL via AFP]

Les critiques sont dithyrambiques. Et les prix commencent à pleuvoir dès 1985. César, Golden Globes, Bafta.. Le film est nominé dans dix catégories aux Oscars. Le 25 mars 1985, lors de la cérémonie, "Amadeus" fait un triomphe en remportant 8 statuettes.

Milos Forman écrit :"Ce n'était pas la première fois qu'il m'étais donné de me tortiller ainsi dans les fauteuils du Dorothy Chandler Pavillon. Mais cette soirée demeure, dans ma mémoire, comme un goulasch d'impressions et d'émotions. Mes jumeaux, arrivés de Prague la veille, dormirent pratiquement du début à la fin de la cérémonie. Ils avaient douze ans et ils étaient pour moi comme des étrangers. Je ne les avais pas vus depuis 6 ans, nous commencions tout juste à faire connaissance et le souvenir de mon premier Oscar reste nimbé d'une émotion profonde. En apprenant ma nomination, en 1984, j'ai voulu jouer à fond le grand jeu de l'Academy Awards.

Tout au long de mon existence, j'ai voulu gagner et j'ai tout fait pour cela. Ce désir de vaincre est chez moi fondamental et je sais le reconnaître chez les autres. Là, tout se passait bien pour "Amadeus". Peter Shaffer avait remporté l'Oscar de la meilleure adaptation. F. Murray Abraham celui du meilleur acteur, et nous avions également été couronnés pour la direction artistique, les costumes, la bande-son et le maquillage. Enfin, l'homme que j'attendais, Steven Spielberg monta sur scène, une enveloppe à la main.

Ma tension artérielle s'éleva anormalement et je fus pris d'une folle envie de voir mon nom sortir de cette enveloppe, alors même que je levais le menton pour encaisser le choc de la déception. Je sentis la chaleur des projecteurs et je préparai mon meilleur sourire de perdant tout en me concentrant sur l'enveloppe que Spielberg était en train de déchirer".