En février dernier, le film en lice pour l'Ours d'or avait reçu une longue standing ovation lors de la 70e Berlinale. "Petite soeur" est un événement pour le cinéma suisse, qui n'avait plus concouru en compétition officielle à Berlin depuis 2012 et "L'Enfant d'en haut", d'Ursula Meier.
Troisième long-métrage de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat, il raconte l'histoire douce et émouvante d'un frère et d'une sœur jumeaux dont l'un est atteint d'un cancer.
Brillante auteure de théâtre, Lisa n'écrit plus. Elle vit en Suisse avec sa famille, mais son cœur est resté à Berlin, il bat au rythme de celui de son frère Sven, célèbre acteur de théâtre. Les liens des jumeaux se sont resserrés depuis que Sven est atteint d'une leucémie agressive. Lisa refuse cette fatalité et remue ciel et terre afin qu'il remonte sur scène.
Pour son âme sœur, elle se donne entièrement, néglige tout le reste, au risque de mettre son couple en danger. Son mariage part à la dérive, mais Lisa n'a d'yeux que pour son frère, son miroir, qui la renvoie à ses aspirations profondes et ravive en elle son désir de créer, de se sentir vivante...
Marthe Keller à contre-emploi
Deux stars allemandes du théâtre et du cinéma, Nina Hoss et Lars Eidinger, tiennent les rôles principaux. Le film a été tourné quasi entièrement en allemand: "on dirigeait les acteurs en anglais, dit Véronique Reymond, mais de toute façon l'alchimie ne passe pas par la langue". Une Marthe Keller à contre-emploi, drôle, malicieuse, cruelle. Lorsqu'elle a lu le scénario, raconte Stéphanie Chuat, Marthe Keller a dit: "Ah, ça me change des costumes Armani qu'on me propose en général!".
Véronique et Stéphanie sont tellement professionnelles. Ça a été une pure merveille de travailler avec elles. J'ai trouvé que c'était une expérience extraordinaire d'avoir deux réalisatrices. Tout ça s'est passé dans un moment de grâce pour moi.
Dans "Petite soeur", Marthe Keller incarne une mère dysfonctionnelle. Les deux réalisatrices pensaient que l'actrice refuserait ce rôle. "J'ai adoré ce rôle. Déjà quand je l'ai lu, ça me faisait rire. C'est tellement agréable de jouer un personnage qui est aussi éloigné de soi-même. Mais je trouvais surtout la qualité du scénario magique", explique Marthe Keller à la RTS.
Une image vivante et haletante
"Nous n'avons pas eu des mois de repérages. A la dernière minute, on a même perdu un décor à Berlin. Mais c'est ça, la magie du cinéma: devoir renoncer à un décor, mais trouver une meilleure solution. Ce qu'on voit de Berlin, c'est plutôt le monde du théâtre et la mythique Schaubühne", explique Stéphanie Chuat. Car le personnage de Nina Hoss joue le rôle d'une dramaturge et son frère celui d'un acteur de la Schaubühne dirigé par le célèbre metteur en scène Thomas Ostermeier (dans son propre rôle).
"Entre les montagnes enneigées, les rues de Lausanne et celles de Berlin, ce qui fait l'uniformité, c'est l'image", reprend Stéphanie Chuat. Image qu'elles ont voulue "très vivante, haletante, qui raconte en permanence l'intériorité et l'intranquillité des personnages".
"Petite sœur" a été choisi pour représenter la Suisse en vue de la 93e cérémonie des Oscars dans la catégorie Long métrage international. Produit par Vega Film en coproduction avec la RTS, cette fiction est également en lice pour le Prix Européen du Cinéma 2020. On saura en février 2021 si le film est sélectionné dans la "short list" des films nominés aux Oscars.
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