Il s'en est amusé toute sa vie tant on lui a prêté d'origines différentes. Celle qui lui plaisait le plus était: "Mongol d'origine suisse né à Brooklyn". Mais qu'en est-il vraiment? Lui, malicieux, avait coutume de répondre: "Toutes ces choses dites sur moi, je ne les ai jamais niées. Tout ce qui est dit est vrai. Un acteur n'est-il pas une pure projection?"
Avec sa manière de ne rien démentir et sa capacité à parler onze langues couramment, dont le japonais et le hongrois, sans savoir laquelle était sa maternelle, Yul Brynner a largement contribué à écrire le premier chapitre de sa légende: des origines troubles, une date de naissance incertaine, des parents tantôt russes, tantôt tziganes, ou les deux, Suisse par son arrière grand-père, un pionnier de la médecine, Français parce que c'est là que tout a commencé.
L'important n'est pas les origines. Ce qui compte, c'est ce que l'on pense, vit et accomplit, comme homme ou par son travail.
Né le 11 juillet à Vladivostok en Russie (seul fait réellement avéré), Yul Brynner commence à travailler à douze ans (c'est lui qui l'affirme, mais il semblerait qu'il avait dix ans de plus) comme guitariste dans les cabarets russes et tsiganes de Paris. "J'aime toutes les musiques, mais celle qui me touche le plus, c'est la musique tsigane. Quand j'étais petit garçon, je sentais comme un sanglot étouffé en moi".
C'est à Paris qu'il côtoie le milieu intellectuel, dont Jean Cocteau qui lui donnera plus tard le rôle de l'huissier des enfers dans "Le Testament d'Orphée".
Son charisme a l'étendue du cosmos.
Puis, à la faveur d'une rencontre avec des gens du Cirque d'Hiver, Yul Brynner s'improvise trapéziste. Il a le vertige, le surmonte à force de travailler et s'invente un personnage de clown-acrobate. Mais un jour, il manque le filet et se fracasse au sol. Son corps accuse 40 fractures.
Les Mille et Une vies de Yul Brynner
Les médecins le contraignent à l'immobilité pendant sept mois et ne donnent pas cher de son rétablissement. Contre toute attente, il s'en sort et se fait accueillir par George et Ludmilla Pitoëff au théâtre des Mathurins, où il se distingue en homme à tout faire. Il sait qu'il ne quittera plus jamais le monde du spectacle, mais Paris devient trop petit pour ses ambitions. Il embarque pour l'Amérique.