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Greta Thunberg: "Je ne suis pas cette enfant naïve et colérique"

La jeune militante suédoise figure du mouvement pour le climat Greta Thunberg s'est vu décerné lundi le prix portugais Gulbenkian doté d'un million d'euros qu'elle va reverser à des associations de défense de l'environnement. [Johanna Geron]
Débat cinéma autour du documentaire "I am Greta" / Vertigo / 6 min. / le 14 octobre 2020
En un an, la jeune activiste pro-climat Greta Thunberg est passée de l'anonymat à la célébrité mondiale. "I'am Greta", le documentaire de Nathan Grossman qui sort ce vendredi en Suisse romande, retrace son parcours à la fois intime et politique.

"I'am Greta", présenté hors compétition à la Mostra de Venise, est, certes, un film à la gloire de Greta Thunberg mais pas seulement.

Le film aurait pu ne jamais exister si le cinéaste Nathan Grossman ne s'était pas trouvé par hasard à Stockholm le 20 août 2018 quand, assise par terre comme une sans-abri, l'adolescente de 15 ans, encore inconnue, entamait son premier jour de grève. Sur sa pancarte, elle appelle à une "grève de l'école pour le climat" et se fait gronder par une dame qui lui dit qu'elle ferait mieux d'y aller.

Intrigué par cette gamine, le réalisateur, lui aussi engagé dans la cause environnementale, fait le pari de ne plus la lâcher. Jour après jour, il suit la jeune Suédoise dans son quotidien comme dans son exceptionnel, jusqu'au 23 septembre 2019, lors de son discours à l'ONU, accusant directement les dirigeants de la planète de lui avoir "volé ses rêves et son enfance avec des paroles creuses".

En un an, Greta Thunberg est devenue une icône capable de mobiliser des millions de jeunes grâce aux réseaux sociaux, et sa vie s'est transformée en épopée.

Des rencontres au sommet

Le documentaire alterne images de manifestations et de rencontres, du pape François au président français Emmanuel Macron, et scènes de l’intimité d’une adolescente presque comme les autres, dans sa chambre en train d'écrire ses discours ou en cuisine pour la préparation d'un gâteau, parfois abattue par la tâche, en proie à son démon de l'anorexie, mais jamais découragée par le combat mené. Le film accorde aussi beaucoup d'importance aux innombrables trains de nuits pris par elle et son père pour sillonner l’Europe, Greta refusant de prendre l'avion.

Que découvre-t-on par le film qu'on ne savait pas? Une fille qui abat un travail titanesque, une surdouée encore très attachée à ses peluches, une adolescente mal à l'aise en public mais résolue dans sa cause au point d'y entraîner sa famille, et non l'inverse comme le voudraient ses détracteurs qui la disent manipulée, une jeune fille fervente devenue, malgré elle, objet d'un culte idolâtre ou d'une détestation monstrueuse.

Qu'en pensent les critiques?

Si Rafaël Wolf de la RTS a beaucoup aimé ce portrait qui révèle une Greta Thunberg complexe, intime et parfois drôle, Jean-Philippe Bernard, journaliste au Matin Dimanche, ne partage pas cet enthousiasme. Malgré quelques scènes touchantes, il dit n'avoir pas réussi à voir Greta autrement que comme une marionnette, comme le petit robot caricaturé par l'imitateur Laurent Gerra.

Bémol également du côté de Thomas Gerber du Journal du Jura qui y voit beaucoup de mise en scène, mais reconnaît au film au moins une qualité: "Je ne suis pas fan de Greta, mais moins encore des adultes qui l'instrumentalisent pour se donner bonne conscience. Et le film dénonce bien ce cynisme, notamment dans la scène où Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, balaie l'argumentaire de la jeune activiste en lui disant qu'il veillera désormais à harmoniser les toilettes en Europe".

Déclaration de l'intéressée

Qu'en pense la principale intéressée? A-t-elle eu l'impression d'être écoutée, comprise? "Tu as réussi à me dépeindre comme je suis et non pas comme les médias me décrivent. Je ne suis pas l’enfant naïve et colérique qui crie sur les dirigeants mondiaux à l’Assemblée générale des Nations Unies, je suis une personne intello et timide", déclarait-elle en septembre dernier à la Mostra de Venise, lors d'une vidéo-conférence.

Marie-Claude Martin

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