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Le top 8 des films cultes des années 1990

>> De "Thelma et Louise" à "Pulp Fiction", du "Silence des agneaux" à "Matrix", le cinéma des années 1990 égrène sa collection de films cultes. Cette décennie voit aussi émerger des cinéastes aussi importants que Quentin Tarantino, Tim Burton ou David Fincher.

>> A l'aube d'un XXIe siècle qui verra l'avènement du streaming et des plateformes VOD, le cinéma des années 1990 mise encore sur le grand, très grand écran avec des films comme "Titanic" ou "Jurassic Park". : notre quiz

>> Parmi la cinquantaine de films à retenir de cette époque, nous en avons choisi huit qui ont marqué les esprits et qui, pour ceux qui ont 40 ans aujourd'hui, forment comme de petites madeleines. Pour tester vos connaissances en la matière, vous pouvez participer ici à

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Marie-Claude Martin

"Le silence des agneaux" (1991)

La révolution du thriller

Jodie Foster et Anthony Hopkins dans "Le Silence des agneaux" (1991). [Orion Pictures Corporation / Photo12 via AFP - Ken Regan.]
Jodie Foster et Anthony Hopkins dans "Le Silence des agneaux" (1991). [Orion Pictures Corporation / Photo12 via AFP - Ken Regan.]

Un psychopathe sème la terreur en kidnappant et en assassinant de jeunes femmes. Pour définir le profil de ce tueur compulsif, une jeune agente du FBI (Jodie Foster) est chargée d'interroger l'ex-psychiatre Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), psychopathe redoutablement intelligent et porté sur le cannibalisme. Entre la jeune femme et Lecter se noue une relation de fascination et de dégoût.

Adapté d'un best-seller de Thomas Harris, "Le silence des agneaux" a révolutionné le thriller des années 1990. Le réalisateur Jonathan Demme innove en héroïsant son monstre, sorte de dandy cultivé et rusé se jouant de la police, mais surtout en dotant la jeune policière d'une intelligence déductive à la Sherlock Holmes. C'est elle, finalement, qui mène l'interrogatoire.

>> A écouter, le travelling consacré au film :

Anthony Heald et Anthony Hopkins dans "Le silence des agneaux" de Jonathan Demme, 1990. [Photo12.com - Collection Cinema /AFP]Photo12.com - Collection Cinema /AFP
Le silence des agneaux - Jonathan Demme - 1990 / Travelling / 56 min. / le 15 août 2016

D'un féminisme audacieux, ce film magistral sur la manipulation distille un climat à la fois cérébral et glauque, raffiné et horrifique. Culte sans aucun doute, "Le silence des agneaux" a ouvert la voie à une déferlante de films de psycho-killers, dont peu l'ont égalé.

"Thelma et Louise" (1991)

Préfiguration de #metoo

Peu de films auront tant marqué l'évolution de la société en trente ans. Jugé misandre et caricatural à sa sortie par une partie de la presse, le film de Ridley Scott est aujourd'hui salué comme un manifeste féministe.

Sur les conseils de son amie Louise, Thelma, épouse frustrée, décide de partir avec elle pour le week-end. Alors qu'elles sont sur la route, un homme tente de violer Thelma. Louise le tue. Commence alors une cavale à travers les Etats-Unis qui se terminera par un saut de la mort pour la liberté.

A la fois road movie, western et comédie de moeurs, "Thelma et Louise" dresse une carte presque exhaustive des figures de la violence et de la domination masculine: tyran domestique, harceleur, sexiste ordinaire et violeur récidiviste. A ce titre, le film de Ridley Scott est considéré comme le premier film #metoo.

>> A écouter, le travelling consacré à "Thelma et Louise" :

"Thelma et Louise", de Ridley Scott, sorti en 1991.
MGM/Photo12
AFP [AFP - MGM/Photo12]AFP - MGM/Photo12
"Thelma et Louise", Ridley Scott, 1991 / Travelling / 53 min. / le 26 mai 2019

Véritable roman d'apprentissage, le film accompagne les deux femmes vers leur affranchissement, à l'image de cette scène où Thelma échange ses bijoux contre un Stetson. Eloge de la solidarité féminine et hymne à la conquête de soi, même brutale, "Thelma et Louise", au contraire de presque tous les films de cette époque, n'a pas pris une ride.

"Forrest Gump" (1992)

L'histoire américaine revisitée

Tom Hanks dans "Forrest Gump" de Robert Zemeckis. [Collection ChristopheL via AFP - RnB © Paramount Pictures]
Tom Hanks dans "Forrest Gump" de Robert Zemeckis. [Collection ChristopheL via AFP - RnB © Paramount Pictures]

L'odyssée d'un homme simple ou comment faire d'un anti-héros un personnage à la vie tumultueuse.

Forrest Gump, un homme simple d'esprit, se voit impliqué, souvent involontairement, dans les principaux événements qui ont marqué les Etats-Unis des années 1950 aux années 1980. Porté par le jeu de Tom Hanks, le film épate par ses effets spéciaux époustouflants. On y voit en effet interagir des célébrités décédées comme John F. Kennedy, Richard Nixon, Lyndon B. Johnson ou John Lennon avec l’acteur principal.

La philosophie de Forrest Gump, que l'on suit depuis l'enfance, tient en une phrase: "La vie, c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber".

La scène où Forrest Gump tend la main à Kennedy avant de devoir aller aux toilettes. [Collection ChristopheL via AFP - PARAMOUNT PICTURES]
La scène où Forrest Gump tend la main à Kennedy avant de devoir aller aux toilettes. [Collection ChristopheL via AFP - PARAMOUNT PICTURES]

Le film de Robert Zemeckis a remporté six Oscars à l'époque. Poétique pour les uns, gnangnan pour les autres, il est devenu culte. Voici ce qu'en disaient les critiques au moment de sa sortie.

Pour: "Il y a de tout dans `Forrest Gump`: de la bluette romantique au festival d'effets spéciaux (…), en passant par une révision iconoclaste de l'histoire des Etats-Unis", écrit Télérama.

Contre: "Fable dont le prince est un benêt, le nouveau grand succès du cinéma hollywoodien tente laborieusement de faire prendre la sottise pour la sagesse la plus profonde", estime Le Monde.

"Jurassic Park" (1993)

L'avènement des images de synthèse

En 1993, le monde découvre "Jurassic Park" de Spielberg, où les dinosaures ont su renaître de leurs cendres grâce au clonage imaginé par un milliardaire et son équipe de scientifiques. Lors d'une coupure d'électricité, une dizaine d'espèces, dont un T-Rex, s'échappent de leurs cages pour semer la terreur dans le parc. Horreur, rire et spectacle.

>> A écouter, le travelling consacré au film de Spielberg :

Une scène de "Jurassic Park" de Steven Spielberg (1993). [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]AFP - Archives du 7eme Art / Photo12
Jurassic Park, Steven Spielberg, 1993 / Travelling / 53 min. / le 16 février 2020

Adapté du roman de Michael Crichton, "Jurassic Park" est un film événement pour trois raisons. Il ouvre la voie aux images de synthèse, il est un modèle de marketing offensif et il a encouragé la passion des enfants pour les dinosaures, une passion qui n'a jamais faibli depuis.

Voilà ce qu'en disaient les critiques à sa sortie.

Pour: "Sans doute le meilleur film que Spielberg ait réalisé depuis longtemps", jugent Les Cahiers du cinéma.

Contre: "Sa rencontre du troisième type avec les dinosaures ne nous laissera guère plus de souvenirs qu'un bref passage dans le train fantôme", ironise Libération.

"Un jour sans fin" (1993)

Une comédie atemporelle

C'est le film le plus modeste de cette liste: "Un jour sans fin" de Harold Ramis est l'histoire d'un journaliste de télévision, égocentrique et hautain, condamné à revivre éternellement le 2 février, le "Groundhog Day", soit la journée de la marmotte.

Il est le seul à éprouver cette répétition alors qu'autour de lui tout semble normal. Il ne pourra échapper à son sortilège que lorsqu'il aura compris ce qui cloche chez lui. Bill Murry est parfait en prisonnier de lui-même.

Un peu ignoré à sa sortie, le film n'a cessé de gagner en estime depuis 1992. Il est même considéré aujourd'hui comme une des meilleures comédies de tous les temps, et le terme "Groundhog Day" s'est imposé dans le langage courant pour décrire une journée monotone. Il faut dire que l'air de rien, "Un jour sans fin" expose et explore de nombreuses questions existentielles.

Idéal à voir ou revoir en période de confinement, ce conte philosophique délicat, drôle et un peu zinzin fait l'éloge de la routine tout en étant très inventif. Le génie de Harold Ramis étant de ne jamais se répéter avec ce qui est censé revenir tout le temps.

"Pulp Fiction" (1994)

Un tournant dans l'histoire du cinéma

Film choral, hyperviolent et burlesque de Quentin Tarantino, "Pulp Fiction" reçoit la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1994, des mains de Clint Eastwood et Catherine Deneuve.

L'œuvre surprend par sa narration non-linéaire très sophistiquée, sa bande originale devenue un classique, son casting ingénieux, son esprit cartoonesque, son ironie noire et ses personnages de gangsters aussi typés que dans les Pulp magazines.

>> A écouter, le travelling consacré à "Pulp Fiction" :

Uma Thurman, dans le film "Pulp Fiction" de Quentin Tarantino. [AFP - Archives du 7eme Art / Photo12]AFP - Archives du 7eme Art / Photo12
"Pulp Fiction" de Quentin Tarantino, 1994. / Travelling / 52 min. / le 28 octobre 2018

A 31 ans, l'ex-employé de vidéo devient la coqueluche des cinéphiles post-modernes qui voient naître avec lui un nouveau langage cinématographique, tandis que d'autres hurlent à l'hémoglobine gratuite et à l'immoralité.

Pour être franc, la violence dans mes films ne me pose aucun problème. Je fais de la fiction et la violence est une fiction. Je m’en sers comme Stanley Donen se sert de la danse."

Quentin Tarantino

Le film devient culte dès sa sortie: il y a un avant et un après "Pulp Fiction". Il a aussi remis en selle John Travolta et révélé Uma Thurman, dont le twist endiablé avec la star de "La fièvre du samedi soir" reste gravé dans toutes les mémoires.

>> A écouter, un film marqué par la contre-culture américaine :

L'affiche du film "Pulp Fiction" de Quentin Tarantino. [Miramax Films]Miramax Films
"Pulp Fiction" de Quentin Tarantino / Chinese Theater / 57 min. / le 26 février 2012

Le film a aussi bouleversé le paysage du cinéma indépendant américain:100 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis pour un budget de 8 millions. Un record qui a lancé ses producteurs, Miramax, dans la cour des grands.

"Titanic" (1997)

Le film de tous les superlatifs

Le projet fut pharaonique: un budget de 200 millions de dollars, plus élevé que le coût en son temps du Titanic, et une reconstruction quasiment à l'identique du célèbre paquebot. On avait prédit un gouffre financier, ce fut un triomphe: plus de 1,8 milliard de recettes, une pluie d'Oscars et le tube planétaire de Céline Dion.

"Titanic" a été pendant onze ans le plus gros succès du box-office mondial. Il a été détrôné en 2009 par "Avatar", du même James Cameron.

Après une décennie passée à révolutionner les effets spéciaux, James Cameron revient à un genre que l'on pensait dépassé: le mélodrame. Ample et intimiste, spectaculaire et bouleversant, populaire et subtilement érudit, sublime histoire d'amour et fresque quasi mythologique, "Titanic" fait l'unanimité auprès de la critique de l'époque et du public.

>> A écouter, le travelling sur "Titanic" de James Cameron :

Une scène du naufrage dans le film "Titanic" de James Cameron. [AFP - Archives du 7eme Art]AFP - Archives du 7eme Art
Titanic, de James Cameron / Travelling / 52 min. / le 15 avril 2018

En 2020, le film se prête encore à une nouvelle lecture. Cette foule mue par l'instinct de survie qui se précipite et s’amasse dans des barques fragiles, puis ces scènes de cadavres givrés par le froid ou engloutis par la mer évoquent une autre tragédie, celle des migrants. La preuve que les grands films nous sont toujours contemporains.

"Matrix" (1999)

Une oeuvre entre deux mondes

Nous sommes en 2199. Les machines règnent sur les humains qui croient encore vivre dans la réalité de 1999 alors qu'ils sont manipulés dans un monde virtuel. Un groupe de résistants qui a réussi à échapper à ce simulacre est persuadé que Neo (Keanu Reeves), un jeune informaticien, est l'Elu qui délivrera les hommes de leurs illusions.

>> A voir, la bande-annonce du film :

Les fameuses pilules proposées à Néo par Morpheus. [Collection ChristopheL/AFP]Collection ChristopheL/AFP
MATRIX (THE MATRIX), ANDY ET LARRY WACHOWSKI, 1999 / Travelling / 53 min. / le 30 décembre 2018

Parce que son scénario est alambiqué, "Matrix" a donné lieu à de multiples interprétations. Les exégètes y voient des références à Platon, à Jean Baudrillard, à Lewis Carroll, à Karl Marx, au bouddhisme ou à Nietzsche, mais aussi un tremplin à toutes formes de complotisme. Le spectateur lambda retiendra surtout la célèbre scène "Matrix Bullet Time":

A l'image des deux réalisateurs, les frères Larry et Andy Wachowski, devenus entre-temps les sœurs Lana et Lilly Wachowski, "Matrix" peut se lire comme un processus de transformation permanente, une œuvre aux identités fluctuantes. Du pur geek-glamour.

A sa sortie, la critique était divisée.

Pour: "Avec un postulat de départ fascinant, des décors volontairement décadents, et des effets visuels époustouflants, 'Matrix' offre un portrait intrigant de notre futur proche sous une forme intelligente de narration cinématographique", écrit L'Ecran Fantastique.

Contre: "'Matrix' est pur comme l'origine, fasciste comme la pureté", assène L'Evénement.