Robert Hossein, de son nom de naissance Abraham Hosseinoff, est décédé "ce matin à l'hôpital", après "un problème respiratoire", a indiqué son épouse, la comédienne Candice Patou, confirmant une information du Point.
"Avec Robert Hossein, ce magnifique acteur, c'est toute une génération de talent et d'élégance qui disparaît à jamais. Il avait le charme slave, un talent d'acteur et de metteur en scène qui éclaboussait le théâtre et le cinéma", a réagi Brigitte Bardot dans une déclaration à l'AFP. "Que mon merveilleux guerrier repose en paix".
Passionné, impulsif, imprévisible, le comédien et metteur en sc
ène a été victime du Covid-19, à l'hôpital, quelques heures après avoir soufflé ses 93 bougies.
Robert Hossein est né à Paris en 1927, après que sa famille, Hosseinhoff, avait quitté la Russie soviétique pour émigrer vers l'Europe occidentale dans les années 1920.
Acteur dans une centaine de films
En plus de soixante ans de carrière, il était devenu un monstre sacré du cinéma français avec une centaine de films en tant qu'acteur et une quinzaine en tant que réalisateur.
Il avait commencé sa carrière cinématographique en 1948 dans "Le Diable boiteux", de Sacha Guitry, où il tenait un petit rôle de figurant. C'est en 1955 qu'il obtient son premier vrai rôle dans "Du rififi chez les hommes" de Jules Dassin.
Cette même année, il passe derrière la caméra et tourne "Les salauds vont en enfer", une adaptation de la pièce de théâtre de son ami Frédéric Dard. Robert Hossein y joue également aux côtés de Serge Reggiani et Marina Vlady. Ce premier film reçoit un accueil plutôt mitigé de la part des médias.
Le balafré Joffrey de Peyrac
Comme acteur, Robert Hossein enchaîne les tournages à un rythme effréné. Dans les années 1960, on le voit dans trois à cinq films par année. Il devient incontournable et donne notamment la réplique à Brigitte Bardot dans "Le repos du guerrier" (1962), et devient l'acteur fétiche de Roger Vadim ("Le Vice et la Vertu" en 1963, "Barbarella" en 1968).
Mais c'est en 1964 avec "Angélique, Marquise des Anges" qu'il crève l'écran dans la peau du balafré Joffrey de Peyrac. Sans doute son rôle le plus connu qu'il tiendra aux côtés de Michèle Mercier dans 4 des 5 films de la série et qui le transformera en sex-symbol des années 60.
En 1981, on le voit dans "Les uns et les autres" de Claude Lelouch, puis aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans "Le Professionnel" de Georges Lautner. En 1982, il est à l'affiche de "Le Grand Pardon" d'Alexandre Arcady.
Cette même année, il réalise "Les Misérables", une fresque cinématographique tirée du roman de Victor Hugo. Avec Lino de Ventura, Jean Carmet et Michel Bouquet à l'affiche, le film connaît un grand succès critique en particulier pour la prestation de Lino de Ventura. Il sera nominé 5 fois au César et repartira avec une récompense.
A partir des années 1990, Robert Hossein se fait plus rare au cinéma. On le voit encore dans "Vénus Beauté (institut)" en 1999. Il donne la réplique à Gérard Depardieu et Gérard Lanvin dans "San Antonio" en 2003 et joue une nouvelle fois aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans "Un homme et son chien" de Francis Huster en 2009.
Il y a un mois, Robert Hossein était encore sur les plateaux de tournage de "L'amour, c'est mieux que la vie" de son ami Claude Lelouch. "J'ai eu la chance de lui faire faire son dernier film. Il y était génial. Il a tourné avec Gérard Darmon une scène d'anthologie et j'aurais tellement aimé qu'il la voie avant de partir" déplore le réalisateur dans les colonnes du Figaro.
Superproductions théâtrales
Si la carrière cinématographique de Robert Hossein est impressionnante, il est également connu et reconnu comme comédien et metteur en scène au théâtre. Sur les planches, il formera Isabelle Adjani, Isabelle Huppert, Jacques Villeret, ou encore Francis Huster.
Dès 1949, on peut le voir dans les théâtres parisiens. Il se fait remarquer dans une comédie, "Du plomb pour ces demoiselles", de Frédéric Dard. Mais c'est surtout avec "Responsabilité limitée" en 1954, une pièce avec Jean Rochefort et Jean-Louis Trintignant qu'il a écrite qu'il connaît le succès et la notoriété.
En 1970, alors qu'il est un acteur en pleine gloire en cinéma, il quitte pourtant Paris pour diriger le Théâtre Populaire de Reims. C'est là qu'il crée un théâtre à destination du grand public avec comme slogan "du théâtre comme vous n'en verrez qu'au cinéma".
De retour dans la capitale, il met en scène des méga-spectacles qui se jouent dans des lieux tels que le Palais des Sports de Paris. "Notre-Dame de Paris", "Les Misérables" ou encore "Jules César" ou "Ben-Hur" sont des superproductions qui connaissent un énorme succès. 400'000 spectateurs viennent voir "Les Misérables" en 1980, 700 000 pour "Jésus était son nom" en 1991. En 2001, pour sa première de "Crime et châtiment", les mille spectateurs applaudiront debout des comédiens en pleurs, durant quarante minutes.
A partir des années 2000, ses préoccupations portent de plus en plus vers la foi cet homme qui a été baptisé à l'âge de 40 ans. Ces deux derniers spectacles seront "N’ayez pas peur! Jean Paul II", en 2007 qui raconte la vie de Jésus en 33 tableaux et "Une femme nommée Marie", créé en août 2011 devant 25'000 spectateurs et 1500 malades à Lourdes.
jfe/aq avec afp