Publié

L'acteur et scénariste Jean-Pierre Bacri est décédé d'un cancer

On aimait l'élégance de son désespoir. Le comédien et scénariste Jean-Pierre Bacri est mort des suites d'un cancer.
On aimait l'élégance de son désespoir. Le comédien et scénariste Jean-Pierre Bacri est mort des suites d'un cancer. / 19h30 / 2 min. / le 18 janvier 2021
L'acteur et scénariste Jean-Pierre Bacri est mort lundi d'un cancer à l'âge de 69 ans, a indiqué à l'AFP son agente. Son nom est associé à celui d'Agnès Jaoui, sa complice à l'écran et derrière la caméra, depuis des décennies.

L'homme, figure du théâtre et du cinéma français, occupait une place de choix auprès du public pour ses rôles d'anti-héros râleurs et désabusés mais profondément humains. Il avait écrit plusieurs pièces de théâtre et des films avec Agnès Jaoui.

Il a aussi collaboré à plusieurs reprises avec les réalisateurs Cédric Klapisch, Alain Chabat, Alain Resnais et Claude Berri, apportant son sens du dialogue, de la répartie et de la phrase culte.

>> En 1999, Jean-Pierre Bacri évoque sa carrière à travers des extraits d'interviews et de dialogues de films dans cette archive RTS :

L'acteur et scénariste Jean-Pierre Bacri le 24 février 2001 à Paris. [AFP - FRANCOIS GUILLOT]AFP - FRANCOIS GUILLOT
Jean-Pierre Bacri, comédien : Une évocation de sa carrière à travers des extraits d'interviews et de dialogues de films / Entracte / 28 min. / le 1 juin 1999

"Je n'aime pas les héros"

Jean-Pierre Bacri dans "Le Grand Pardon" d'Alexandre Arcady en 1982. [AFP - ETIENNE GEORG]
Jean-Pierre Bacri dans "Le Grand Pardon" d'Alexandre Arcady en 1982. [AFP - ETIENNE GEORG]

Jean-Pierre Bacri a été récompensé cinq fois aux César, où il a reçu quatre fois le trophée du meilleur scénario avec Agnès Jaoui, pour "Smoking/No Smoking", "Un air de famille", "On connaît la chanson" et "Le Goût des autres", et une fois celui du meilleur acteur dans un second rôle pour "On connaît la chanson". Il a également été récompensé d'un Molière du meilleur acteur en 2017 pour "Les Femmes savantes".

Issu d'une famille juive d'Algérie, Jean-Pierre Bacri découvre le septième art grâce à son père, facteur en semaine et ouvreur dans un cinéma le week-end. Arrivé avec ses parents à Cannes en 1962, il veut devenir professeur de français et de latin.

Mais Paris l'appelle à 23 ans. Il devient placeur à l'Olympia, tout en suivant une formation d'acteur au Cours Simon. Il reçoit même le prix de la Vocation en 1979 pour sa pièce "Le Doux Visage de l'amour". La même année, il joue son premier rôle au cinéma dans "Le Toubib", mais c'est sa prestation dans "Le Grand Pardon" (1982), où il joue un proxénète, qui le fait connaître auprès du grand public.

Le goût de l'intelligence

Grand râleur magnifique, le comédien et auteur confiait il y a quelques années ne pas aimer les héros. "Je ne crois pas aux types éclatants de bonheur". Il disait "traquer le vécu, la sobriété, la pudeur". Sa profession de foi? "Refuser la tricherie".

En interview, il pouvait être charmant ou très expéditif. Il détestait les questions toutes faites et les clichés. Aux journalistes qui lui demandaient s'il aimait "se mettre en danger", il répondait: "Je lis un scénar. Il me plaît, il me fait rire, il m’intéresse; j’y vais. Je ne cherche pas à savoir si ça change ou pas, si je me "mets en danger" ou quoi que ce soit… Ça m’énerve cette expression, d’ailleurs. Ça n’a rien à voir avec le danger! C’est une question d’exigence. Moi, c’est l’intelligence qui me motive…"

Son talent a éclaté au côté d'Agnès Jaoui qu'il rencontre en 1987 au théâtre dans "L'anniversaire" de Pinter.

Les années "Jacri"

Très vite, les "Jacri" - comme les surnommait le cinéaste Alain Resnais - ont mis en commun leur humour acide et leur don d'observation pour écrire à quatre mains des comédies ciselées.

Leur première pièce "Cuisine et dépendances" (1992) est un succès vite adapté au cinéma, tout comme "Un air de famille" (1996).

lan/mcm avec afp

Publié