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"Diva" de Jean-Jacques Beineix, les quarante ans d'un film culte

L'affiche du film "Diva" du réalisateur Jean-Jacques Beineix (1981). [AFP - Les Films Galaxie / Archives du 7eme Art / Photo12]
Diva, de de JJ Beneix, crimes et ravissement / Années lumière / 79 min. / le 24 janvier 2021
Premier long métrage de Jean-Jacques Beineix sorti en 1981, "Diva" est l'un des premiers films français laissant libre cours à l'esthétique de l'image de type publicitaire ou du clip musical en vogue durant les années 1980. D'abord critiqué, il est devenu culte.

Dans ce premier long métrage du cinéaste français Jean-Jacques Beineix, l’image est aussi léchée et soignée que la bande originale signée Vladimir Cosma. Il est question dans "Diva" de deux mondes qui s’entrechoquent et qui n’ont rien à voir mais aussi de musique, de crimes et de métissages.

Ce film avec Frédéric Andréi, Richard Bohringer et la chanteuse Wilhelmenia Wiggins Fernandez, qui voit un jeune facteur passionné d’opéra pris en chasse dans Paris par de mystérieux malfrats, a aussi remis au goût du jour l'air principal de l'opéra "La Wally" (Alfredo Catalini). Il a divisé la critique à sa sortie avant de connaître un succès populaire grâce à quatre César.

Un film de contrastes

"Diva" débute sur une musique sombre et somptueuse qui vient sublimer des plans fixes de Paris, et les images d’un jeune homme. Jules est beau, il a le visage fin et anguleux. La musique est coupée nette lorsque le petit postier descend de sa mobylette et coupe le contact.

Il se dirige avec détermination vers un opéra, se confondant davantage avec un squat quant à sa vétusté. C’est le Théâtre des Bouffes du Nord. Diverses vicissitudes ont laissé ses murs lépreux, ses sols usés, ses rideaux et ses fauteuils élimés. Un décor à l’abandon pour une histoire d’amour qui commence.

La diva Wilhelmenia Wiggins Fernandez

Jules s’installe au premier rang, sur le côté. La "Diva" fait son entrée sur scène. Elle est noire, elle porte une robe de satin blanc sublime, qui laisse nus son épaule et son bras gauche. Elle est d’une beauté saisissante, avec un regard à la fois profond et interrogateur. Elle va se mettre à chanter. Jules pleure. Il enregistre Cynthia Hawkins à la dérobée, avec son enregistreur bien caché.

Cette magnifique chanteuse, c’est Wilhelmenia Wiggins Fernandez. C’est elle, la diva du film. Une artiste qui est représentée davantage comme une déesse olympienne qu’une chanteuse capricieuse. Dans la vraie vie, Wilhelmenia Wiggins Fernandez a déjà entamé une carrière de soprano, et elle continuera, un peu, à apparaître sur les écrans de cinéma.

Puis vient le crime. Un vol de robe banal mais aux conséquences certaines. Jules va tomber sur des maîtres-chanteurs taïwanais et un réseau crapuleux mené par un commissaire divisionnaire machiavélique et prêt à tout.

>> A voir: Pourquoi "Diva", de Jean-Jacques Beineix, est un film culte :

Pourquoi "Diva", de Jean-Jacques Beineix, est un film culte
Pourquoi "Diva", de Jean-Jacques Beineix, est un film culte / RTSculture / 2 min. / le 29 janvier 2021

Précurseur du "cinéma du look"

Beineix est à l’origine, avec ce premier polar très virtuose, de la mode du "cinéma du look", avec Luc Besson et Leos Carax. C'est en effet ainsi qu’on baptisera ce renouveau du cinéma français dans les années 1980. Tout y est image: objets vintages détournés, lieux déclassés, usines désaffectées, garages abandonnés, le loft comme un ventre de baleine, le phare délaissé. On y trouve des gangsters qui se caricaturent eux-mêmes, des personnages improbables, comme Alba et Gorodish, un couple en apparence dépareillé, et qui va devenir indispensable au jeune postier.

Vladimir Cosma, géant de la musique des films français, signe une bande originale aussi soignée que l’est l’image du film, haute en couleur. Il y fait se rencontrer deux influences majeures, le zen et le jazz. C’est "le murmure du torrent de montagne", la rencontre entre Tony Scott, à la clarinette, Shinichi Yuize, koto (instrument à cordes pincées japonais) et Hozan Yamamoto, shakuhachi (flûte japonaise).

Tout est étrange et à la fois familier dans "Diva", tout est fait pour nous ravir, nous séduire, nous enivrer d’images et de sons, de bonds d’un univers à l’autre. Une juxtaposition constante d’images et de sons qui entrent en contraste: Vladimir Cosma sait jouer de tant de ressources sonores, comme cette musique de percussions vaguement indiennes pour accompagner une poursuite infernale dans les couloirs du métro parisien.

Sujet radio: Isabelle Carceles

Adaptation web et vidéo: Céline Schumacher

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