Il y a 19 ans, né de la volonté de Léo Kanemann et d'Isabelle Gattiker qui en est désormais la directrice, le Festival des Droits humains avait la modestie des nouveaux-nés, avec un film quotidien suivi d'un débat.
Aujourd'hui, le Festival est l’évènement le plus important dédié au cinéma et aux droits humains à travers le monde. Films, forums, rencontres, expositions et performances composent cet incontournable rendez-vous genevois de mars, en phase avec l'actualité, à l'image de ses thématiques qui donnent beaucoup de champ à la question du droit humain: climat, sexisme, Black Lives Matter, Biélorussie avec Svetlana Tikhanovskaïa, figure de proue de l'opposition, ou encore la question des déchets spatiaux.
Pour sa 19e édition, du 5 au 14 mars, le Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève a invité, entre autres, le metteur en scène Milo Rau qui donne une master class le 2 mars, la mythique activiste Angela Davis, l’écrivaine Arundhati Roy, le compositeur Max Richter, l’artiste Ai Weiwei, le cinéaste Oleg Sentsov, Patrisse Cullors, la cofondatrice de Black Lives Matter ainsi que les auteurs Alain Damasio et Santiago Amigorena. Cette même édition est dédiée à Soltan Achilova, photojournaliste et reporter indépendante basée à Achgabat, capitale du Turkménistan.
Deuxième année en ligne
C'est dire l'importance de cette manifestation qui ne baisse pas la garde malgré une pandémie qui l'a contraint, déjà l'année dernière, à présenter ses programmes en ligne. Rebelote cette année. Dans ces conditions, comment conserver la motivation?
Les films continuent à se faire et les activistes sur le terrain continuent à se battre, dans un silence absolu, puisque la pandémie prend toute la place.
Mais le coronavirus n'a pas que du mauvais. Fort de son expérience de l'an dernier, le FIFDH affine son offre et l'enrichit, notamment par une émission de radio quotidienne réalisée en collaboration avec Radio Vostok et le Master Cinéma ECAL/HEAD, la série de de podcasts "Utopia 3", une discussion ouverte à tous chaque soir en direct avec une personnalité et un prix du public pour choisir parmi les 29 documentaires et fictions présentés cette année.
Le festival entend aussi conquérir de nouveaux publics. "Depuis trois ans, nous avions déjà étendu nos offres à des publics vulnérables, migrantes et migrants, gens précaires, personnes âgées et handicapées, que nous invitions physiquement à participer. Mais avec l'offre en ligne, nous avions peur de les perdre. C'est pourquoi nous allons organiser des visionnements pour tous les patients et personnel des HUG ainsi que pour les bénéficiaires des Colis du coeur", précise Isabelle Gattiker.
Un festival dans la rue
Face à la fermeture des lieux culturels, le FIFDH a décidé de s'emparer des rues. Le 6 mars, un drapeau de la taille d’un immeuble de dix étages se déploiera sur la plaine de Plainpalais à Genève: "We are Watching", de Dan Acher, rappelle l’attente citoyenne face à l’urgence climatique.
Dès le 8 mars, la graffeuse sénégalaise Zeinixx et deux artistes genevoises, Amikal et Nadia Seika, réaliseront une fresque géante sur un mur, dans le cadre de la Semaine de l’égalité. Enfin les gares du Léman Express exposeront "BLKNWS", une création vidéo de l’artiste américain Kahlil Joseph, présentée dans le cadre de Mire, un projet du Fonds cantonal d’art contemporain.
Le festival a fait sienne la phrase du metteur en scène Milo Rau qui dit qu'"il ne s'agit pas seulement de représenter le monde, mais de le changer".
Propos recueillis par Rafael Wolf
Adaptation web: Marie-Claude Martin
Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève (FIFDH) du 5 au 14 mars. Tout le programme à lire ici.