Le pire n'est jamais sûr, le meilleur non plus. S'agissant du cinéma, le pessimisme a prévalu dès son origine. On a annoncé sa mort avec la crise de 1929, puis avec l'arrivée de la radio, de la télévision, de la vidéo, d'Internet et maintenant du streaming. En 1895, après la première projection du public, Louis Lumière déjà annonçait: "Le cinéma est une invention sans avenir".
La Chine a ouvert toutes ses salles
Quelque 126 ans plus tard, les salles sont toujours là, même fermées pour cause sanitaire – mais certaines, profitant de cet arrêt forcé, ont été remises à neuf. A New York et Los Angeles, notamment, des cinémas ont rouvert mais c'est en Chine, où les salles ne sont plus soumises à la jauge, que l'expérience est la plus encourageante. Le public, sevré pendant un an, revient en force.
Eviter l'embouteillage de films
Reste une question: après tant de sorties repoussées, comment éviter l'embouteillage? Comment absorber une telle offre? Le streaming peut-il être une solution? "Certains films iront directement sur des plateformes ou des festivals en ligne mais ce sont en majorité des films aux enjeux financiers moins importants ou bénéficiant d'aides", explique Diana Bolzonello-Garnier, responsable de la promotion et des relations presse de nombreux films distribués en Suisse romande.
L'exemple James Bond
Les grosses productions misent encore et toujours sur le grand écran. On sait que Netflix a fait une offre de 600 à 700 millions de dollars pour acheter le dernier James Bond, "Mourir peut attendre". Offre refusée sans appel puisqu'en terme d'impact financier, un film comme James Bond se chiffre en milliards.
"Après son passage en salle, les producteurs qui restent très attachés au grand écran pourront de toute manière le vendre sur les plateformes. Récemment, la Warner a passé un accord avec Cinéworld, une chaîne d'exploitation cinématographique: dès 2022, les films de la major disposeront d’une exclusivité en salle de 45 jours" explique Diana Bolzonello-Garnier qui estime la réouverture des cinémas en Suisse à la mi-mai.
Le public au rendez-vous
Mais le public, habitué depuis près d'un an à consommer des films sur son canapé, aura-t-il envie de revenir au cinéma?
Pour Diana Bolzonello, l'envie de sortir et de partager avec d'autres dans une salle obscure, reviendra très vite. Elle cite le succès de "Godzilla vs Kong", plus gros succès du cinéma mondial depuis le début de la pandémie de Covid-19. Le blockbuster américain a déjà engrangé 350 millions de dollars de recettes grâce aux marchés américain – où la jauge est de 25% – et asiatique.
Un succès qu'il faut toutefois relativiser puisque le film ne souffre d'aucune concurrence importante. "Ce n'est qu'au printemps 2022 que l'on pourra affiner l'analyse pour savoir où en est le cinéma par rapport au streaming", conclut Diana Bolzonello-Garnier.
Propos recueillis par Rafael Wolf
Adaptation web: Marie-Claude Martin