Publié

"Mandibules", la nouvelle comédie délirante de Quentin Dupieux

Une scène du film "Mandibules" de Quentin Dupieux. [DR - Memento Films Distribution]
Une scène du film "Mandibules" de Quentin Dupieux. - [DR - Memento Films Distribution]
Deux amis simples d’esprit trouvent une mouche géante coincée dans le coffre d’une voiture et se mettent en tête de la dresser pour gagner de l’argent avec. Dans "Mandibules", le réalisateur français Quentin Dupieux laisse encore libre cours à sa fibre burlesque.

Après "Le daim" (2019) avec un Jean Dujardin qui éliminait toute personne portant autre chose qu'un blouson à franges, Quentin Dupieux signe son retour avec "Mandibules", une comédie fantastique délirante où il laisse libre cours encore une fois à son sens du burlesque déjà aperçu dans "Steak", "Rubber" (le pneu serial killer) ou "Réalité".

Jean-Gab et Manu, interprétés par le duo du Palmashow David Marsais et Grégoire Ludig, deux amis simples d'esprit, décident de dresser une mouche géante qu'ils trouvent coincée dans une voiture volée dans le Var qui affiche des plaques d'immatriculation vaudoises. Ils espèrent que l'insecte fera tout ce qu'ils voudront, que ce soit de leur piquer de la nourriture dans les magasins ou des billets dans les banques. "C'est comme un drone, c'est même moins chiant qu'un drone, il n'y a pas de piles à mettre dedans, et ça nous ramène ce qu'on veut", pensent-ils...

Enchaînement de loufoqueries

Sélectionné à la Mostra de Venise 2020 avant de voir sa sortie plusieurs fois ajournée en raison de la pandémie de coronavirus, "Mandibules" a des airs de road movie déjanté. Tourné principalement en plein air dans les décors naturels du Var, le film trimbale les deux héros habillés comme des touristes entre plages, routes sauvages, caravane ou villa avec piscine. Et, pour une fois, Quentin Dupieux se tourne davantage vers la vie que la mort. Pas de décès violents recensés ici comme souvent chez le cinéaste français, mais quantité d'événements et de bizarreries surnaturels viennent ponctuer ce film solaire qui ne ménage pas les effets comiques.

Les loufoqueries s'enchaînent dans ce récit d'une heure et dix-sept minutes, qui propose une montée en tension comique avec plusieurs clins d'oeil cinématographiques. Outre son duo poétique de loqueteux, Dupieux met aussi en scène Adèle Exarchopoulos dans un rôle hystérique aussi hilarant que tragi-comique qui l'extirpe de son registre habituel dans le cinéma d'auteur, le comédien des Deschiens Bruno Lochet ou le rappeur Roméo Elvis.

Adèle Exarchopoulos dans le film "Mandibules" de Quentin Dupieux. [DR - Memento Films Distribution]
Adèle Exarchopoulos dans le film "Mandibules" de Quentin Dupieux. [DR - Memento Films Distribution]

Entre France d'en haut, classe moyenne et France d'en bas, le réalisateur qui sévit aussi dans la musique électronique sous le pseudonyme de Mr. Oizo n'hésite pas à confronter son tandem de pieds nickelés flanqués de leur insecte géant à différents statuts sociaux où la bêtise comportementale règne aussi. Histoire de nous rappeler sans doute qu'il peut y avoir plus tarés et irrationnels que ces deux idiots somme toute assez normaux et que le monde peut toujours se regarder différemment.

Olivier Horner

Publié