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Dans "The Father", Anthony Hopkins brille en octogénaire perdant la boule

Anthony Hopkins dans le film "The Father" de Florian Zeller. [DR - Ascot Elite Entertainment Group]
Débat cinéma / Vertigo / 23 min. / le 26 mai 2021
Avec "The Father", le réalisateur français Florian Zeller offre à l'acteur américain octogénaire Anthony Hopkins l'occasion de prouver que le talent ne s'érode pas avec le grand âge. Cette plongée troublante dans la démence lui a valu l'Oscar du meilleur acteur.

Oscar du meilleur acteur à Hollywood pour Anthony Hopkins, du meilleur scénario adapté pour Florian Zeller, Baftas anglais, Goya espagnol. Rarement oeuvre d'un réalisateur français n'aura collecté autant de distinctions internationales, surtout pour un premier film, tourné à Londres en anglais.

Anthony Hopkins, 83 ans, y joue un Londonien, dont il partage le prénom et la date de naissance: le 31 décembre 1937. L'octogénaire vit depuis trente ans dans un appartement cossu. Il est couvé par sa fille, Anne (Olivia Colman, qui était Elizabeth II dans la série à succès "The Crown" et a remporté l'Oscar de la meilleure actrice pour "La Favorite" en 2019). Entre eux, beaucoup de tendresse.

L'ombre de la démence sénile

Mais d'oublis en moments d'absence, l'ombre de la démence sénile plane sur le foyer. Elle menace de tout dévorer: la complicité, les souvenirs et jusqu'à l'amour inconditionnel entre père et fille, qui semble s'épuiser.

Le brio de Florian Zeller, dans ce huis clos flirtant parfois avec le thriller, consiste à tourner l'ensemble du point de vue de ce vieil homme qui perd prise. Comme lui, le spectateur oublie peu à peu ses repères, entraîné dans le dédale d'un esprit qui vacille et sombre dans la paranoïa, la colère et le désespoir.

Une scène du film "The Father" de Florian Zeller avec Anthony Hopkins et Olivia Colma. [Ascot Elite Entertainment Group]
Une scène du film "The Father" de Florian Zeller avec Anthony Hopkins et Olivia Colma. [Ascot Elite Entertainment Group]

Des membres de la famille deviennent méconnaissables tandis que des étrangers apparaissent inexplicablement dans son appartement londonien, qui semble lui-même se transformer sous les yeux du personnage, et ceux du spectateur... Que ressent-on quand l'esprit s'en va?

Prise de conscience de la folie

La descente aux enfers est d'autant plus cruelle qu'Anthony conserve des éclairs de lucidité, où il retrouve son humour, flirtant avec les auxiliaires de vie, s'amusant de l'attention qu'on lui porte, et son aplomb. On lit alors sur le visage d'Hopkins le désarroi d'un homme qui prend conscience de la folie qui l'emporte.

"The Father" est l'adaptation sur grand écran de la pièce (un Molière en 2014) du même nom écrite par Florian Zeller, l'auteur français le plus joué dans le monde. "Ce que je ne voulais absolument pas faire, c'est filmer une pièce de théâtre", a-t-il expliqué après les Oscars. "Je voulais que ce film puisse prolonger ça en une expérience encore plus immersive - ce que permet le langage du cinéma! - pour être vraiment dans le cerveau de ce personnage".

Le film tire aussi sa force de la prestation d'Anthony Hopkins, légende du cinéma pour lequel Florian Zeller dit avoir écrit spécifiquement le scénario.

afp/olhor

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