Le cinéma français ne peut plus se passer de Benjamin Lavernhe. Membre sociétaire de la Comédie Française, il est de cette nouvelle génération d'acteurs de théâtre présents sur le grand écran et aujourd'hui à l’affiche du film "Le Discours" de Laurent Tirard.
"Le Discours", c’est l’histoire d’Adrien, un trentenaire au cœur brisé joué par Benjamin Laverhne. Alors qu'il attend désespérément le sms de son ex-compagne après que celle-ci ait décidé de mettre leur relation "en pause", il doit assister à un repas de famille. Son futur beau-frère lui demande alors de préparer un discours pour son mariage avec sa sœur.
Une narration extravagante
Dans cette comédie romantique tirée du roman Fabrice Caro, connu aussi comme bédéaste sous Fabcaro, le spectateur plonge dans la tête du héros. À l’image des pensées qui se bousculent dans sa tête, la narration du film est unique: la chronologie fait des bonds et les fantasmes prennent vie tandis qu'Adrien s’adresse au public. "J’étais intrigué par la forme de la narration, la prise en charge de cette voix off face caméra, la chronologie déconstruite et une liberté d'aller dans du plus débridé", explique Benjamin Lavernhe à la RTS.
>>A regarder, la bande-annonce du film "Le Discours":
Cette méthode de narration, clin d'oeil à Jean-Luc Godard ou plus récemment à la série "Fleabag", où le personnage s’adresse directement au spectateur, a poussé l’acteur à apprivoiser la caméra. "Il fallait imaginer les gens dans la salle derrière cet œil de verre. Pour moi, c’était un nouvel outil et une grosse responsabilité. J’avais le trac", avoue Benjamin Lavernhe. Défi supplémentaire, il doit apprivoiser… son personnage. "Même si Adrien n’arrête pas de se plaindre pendant une bonne partie du film, je devais le rendre sympathique pour le spectateur."
Un héros nerveux
L’acteur se reconnaît pourtant dans le rôle d’Adrien, un homme anxieux: "j’adore lire, et j’ai donc lu le roman pour glaner plein d’informations sur mon personnage. Je pense que j’ai des points communs avec lui, je peux parfois être assez absent et totalement dans ma tête, avec une pensée intérieure à laquelle j’ai envie de dire 'arrête, tais-toi!'. C’est parfois un peu épuisant."
Certains vont s’y perdre, d’autres seront fans!
Le tournage de la scène du repas, présente dans la bande-annonce, était très long: quinze jours pour une seule scène! Le dîner de l’enfer? Pas vraiment selon l’acteur, qui apprécie ses collègues: "on se découvrait, on était curieux et fascinés les uns par les autres […] On commençait à huit heures du matin et on mangeait du gigot d’agneau, de la tarte poire chocolat… tous les matins pendant quinze jours!". Pour un film qui s’avère aussi débridé que son tournage.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert et Julie Evard
Adaptation web: Myriam Semaani
"Le Discours", de Laurent Tirard, à voir dans les salles romandes.