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Stéphane Goël fait un nouvel état des lieux du féminisme suisse

Stéphane Goël. [DR]
L'invité : Stéphane Goël, "De la cuisine au Parlement - édition 2021" / Vertigo / 26 min. / le 15 juin 2021
À l'occasion des cinquante ans du droit de vote des femmes au niveau fédéral, le cinéaste lausannois Stéphane Goël réalise un nouveau montage de son documentaire "De la cuisine au Parlement".

La Suisse a été l'un des derniers pays du monde à accorder le droit de vote et d'éligibilité aux femmes. Le documentaire "De la cuisine au Parlement", diffusé pour la première fois en 2012, propose une balade à travers un siècle d'histoire suisse, sur les traces de celles qui se sont battues pour sortir de leur cuisine - et de ceux qui ont tout tenté pour les y renvoyer – jusqu'à l’obtention d'une égalité de droit dont la réalité semble parfois encore bien fragile.

À l'occasion des cinquante ans du droit de vote des femmes au niveau fédéral, le cinéaste lausannois Stéphane Goël réalise un nouveau montage de son documentaire. Autre nouveauté, le film originellement réalisé pour la télévision est adapté à tous les supports, comme le cinéma. Le réalisateur souhaite aussi que le documentaire lui-même serve de support aux discussions.

Le commencement

Avec son collectif Climage, Stéphane Goël produit en 2008 un film sur les trente ans du droit à l’avortement en Suisse. "On a découvert une mine d’or d’archives à la cinémathèque sur la problématique de l’égalité en Suisse", raconte le réalisateur. Il décide alors de les utiliser pour ses films.

La première version du documentaire sort en 2011, à l’occasion des quarante ans du droit de vote des femmes en Suisse. À cette époque, le mot "féminisme" n’est pas aussi populaire qu'aujourd’hui. La sortie du film est plutôt discrète, même s’il sera diffusé à la télévision en 2012. "Petit à petit, le film a commencé à circuler, se souvient Stéphane Goël. Surtout dans les milieux scolaires et académiques".

>>À regarder: la bande-annonce de "De la cuisine au Parlement"

Un état des lieux du féminisme en Suisse

Lorsqu'on lui demande pourquoi il a décidé de remonter son film, le réalisateur répond qu'il ne voit pas le documentaire comme un objet figé. "Pourquoi ne pas suivre cette évolution thématique dans le temps et revisiter un film comme celui-ci?" Et de continuer: "dix ans après le film, alors que je vois se préparer toutes les célébrations des cinquante ans du droit de suffrage féminin, avec de grosses expositions à Berne, Zurich et Lausanne, je me demande: 'où on en est-on exactement?'"

Pourquoi ne pas faire un état des lieux et compléter l’histoire entre 1991 et 2021 ?

Stéphane Goël

Il faut dire qu'entre-temps, le mouvement #MeToo a pointé le bout de son nez, la réalisatrice Petra Volpe a sorti le film "L’ordre divin" en 2017, et la grève des femmes a fait la une de l’actualité en 2019. "Il y a aussi une convergence des luttes avec l’éco-féminisme et l’afro-féminisme", ajoute Stéphane Goël. La situation du féminisme suisse en 2021 est donc bien différente de celle de 2011.

Une opposition qui n'a pas lieu d'être

Le réalisateur a choisi de ne pas opposer les différentes vagues féministes entre elles, autrement dit les premières générations ou "pionnières" contre les nouvelles générations, c'est-à-dire le féminisme de nos jours. Ce choix est-il intentionnel? "J’entends parfois dire 'les féministes d’aujourd'hui sont radicalisées, extrémistes'. Pourtant, quand on regarde les actions menées par les suffragettes anglaises et américaines, elles n’y allaient pas avec le dos de la cuillère non plus!"

Propos recueillis par Anne-Laure Gannac

Adaptation web: Myriam Semaani

"De la cuisine au Parlement", de Stéphane Goël, à voir dans les salles romandes et alémaniques.

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