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"Made for Love", une série dystopique sur notre besoin d'être aimés

L'affiche de la série "Made for Love". [HBO/Canal +]
Débat série / Vertigo / 25 min. / le 25 juin 2021
Sur fond de critique de Big Brother, "Made for Love", série d'anticipation en huit épisodes de HBO, aborde des thèmes universels tels que l'amour, les relations et la technologie. Une comédie noire sur notre humanité.

La série en huit épisodes de HBO "Made for love" aborde avec brio la manière dont la technologie pourrait évoluer et bouleverser nos vies. Elle rappelle ainsi la série culte "Black Mirror".

Hazel, une jeune femme, mariée à Byron Gogol (joué par Billy Magnussen vu dans "Mr. Robot"), patron de l’entreprise Gogol, vit dans un espace high-tech contrôlé qui imite parfaitement la réalité. Sauf que... ce n'est pas la réalité. Un jour, elle découvre le nouveau projet de son mari: l'utilisation d'une puce destinée à "fusionner" leurs esprits. Non seulement elle refuse l'idée d'avoir une puce implantée dans son cerveau, mais elle veut en plus mettre un terme à leur mariage et décide de s'enfuir.

La vraie fausse vie d'un couple Instagram

Malgré le constat effrayant de ce qui peut nous attendre dans un futur plus ou moins proche, la série est réjouissante, grâce à son humour noir qui ne craint pas d'aller loin. Satire de la société ultra-connectée, informatisée et surveillée, son approche n'est pourtant pas technophobe.

La narration se concentre sur des questions telles que "qu'est-ce que le couple?", sur les différentes perceptions de l'amour et ce besoin de Byron, génie un peu autiste, de rendre sa partenaire heureuse: en un claquement de doigts, il l'emmène à Rome ou à Paris devant la Tour Eiffel, grâce à la réalité virtuelle.

Mais leur incompatibilité est évidente: elle est une reine de l'arnaque, et lui, un génie, un homme riche et charmant qui n'a pratiquement jamais vécu dans la réalité et qui tombe amoureux d'une fille des bas quartiers. "C'est la relecture d'un conte de fée avec une ironie savoureuse", explique Aimée Papageorgiou dans le débat dédié aux séries de l'émission "Vertigo".

"Ce qui est drôle, c'est cette étrange combinaison entre l'évolution technologique et des références totalement démodées de ce que devrait être un couple parfait", explique-t-elle. On est dans la modélisation de la relation, d'une forme de symbiose au sens propre et figuré du terme.

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Des personnages attachants

Hazel est incarnée par l'excellente actrice Cristin Milioti, qui s'est rendue célèbre en interprétant la fameuse "mère" de "How I Met Your Mother". Le casting de la série donne envie de se plonger dans cette fuite en avant, avec des personnages bien campés comme le si attachant père de Hazel (Ray Romano), un redneck  qui vit avec... une poupée gonflable.

La série nuance ainsi ces personnages qui pourraient être des monstres mais qui se révèlent attachants avec leurs faiblesses et leur profonde sincérité.  "Ce sont des gens qui ont juste envie d'être aimés", estime le chroniqueur Yacine Nemra.

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La folie contemporaine

Selon Antoine Bal, "la série raconte avec beaucoup d'humour la recherche vaine de la perfection et du règne algorithmique du capitalisme de surveillance. Sur ce fond critique du monde de la tech, "elle offre une belle réflexion sur la question de l'appartenance, de l'amour, du narcissisme, du leurre de la fusion relationnelle et de la transparence totale", rajoute-t-il.

>> A écouter aussi, Surveillance de masse, le techno-capitalisme à l'oeuvre :

Eric Sadin. [ES/France Culture]ES/France Culture
Surveillance de masse – le techno-capitalisme à l’œuvre / Les matinales d'Espace 2 / 6 min. / le 13 avril 2015

"Made for Love" devient ainsi une version humoristique de "Black Mirror", autre série dystopique sur l'évolution des technologies et leur impact sur nos vies.

Miruna Coca-Cozma

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