En tout, sept films s'attardent sur la question du réchauffement de la planète. Il y a notamment une "comédie climatique", fiction réalisée par Louis Garrel. Six documentaires viennent compléter l'affiche.
On peut citer "La Panthère des neiges", de Marie Amiguet, qui suit une expédition au Tibet sur les traces de ce félin rare avec le photographe Vincent Munier et l'écrivain Sylvain Tesson. Il y a aussi "Animal" de Cyril Dion, qui avait connu un énorme succès avec "Demain". Dans ce nouveau film, il suit deux adolescents très engagés.
Quelle influence?
Pour les organisateurs du festival, "la défense de la planète se joue aussi au cinéma", d'où ce programme spécial climat.
Dire qu'il y a une influence, c’est émettre l’hypothèse que des gens qui ne sont pas convaincus vont aller voir ces films
Laurent Le Forestier, professeur en histoire et esthétique du cinéma à l'Université de Lausanne, relativise toutefois l'influence que peuvent avoir les films sur les gens et sur leur comportement écologique.
"Dire qu'il y a une influence, en tout cas espérer qu'il y ait une influence, c'est émettre l'hypothèse que des gens qui ne sont pas convaincus vont aller voir ces films et vont en ressortir convaincus. Je demande à voir, mais je ne suis pas sûr qu'une enquête sociologique sur le spectatorat de ces films nous dirait que la majorité des gens qui vont les voir sont des gens qui ne sont pas convaincus."
Proposer un autre monde
Cyril Dion pense lui au contraire que les films ont un vrai rôle à jouer: "C'est très difficile d'engager des gens dans une transformation et de leur proposer de construire un monde nouveau si on n'est pas déjà capable de l'imaginer. Et comment l'imaginer? Sans doute grâce aussi à des fictions."
Comment imaginer un monde nouveau? Sans doute aussi grâce à des fictions
"On voit bien aussi qu'il y a des films, des séries qui sont en train de changer notre regard sur la relation entre les hommes et les femmes, avec plein de jeunes héroïnes qui sont en train de prendre la place des vieux héros souvent blancs. [...] C'est la même chose avec l'écologie."
Après son film "Demain", Cyril Dion a reçu des milliers de témoignages de personnes qui lui ont dit comment ça avait changé leur vie, et quelles actions ils avaient menées. Dans le cadre du festival de cette année, la réalisateur a publié une tribune appelant tous les acteurs du septième art à se mobiliser pour le climat.
Le festival veut réduire son impact climatique
En dehors de cette programmation spéciale, le festival a pris des mesures pour réduire son impact sur le climat. Ainsi, 60% des véhicules officiels sont électriques ou hybrides, les impressions papier (programmes, flyers, etc.) ont été réduites de moitié et les bouteilles d'eau en plastique ont été bannies.
Le traditionnel tapis rouge sera lui recyclé et changé moins souvent, ce qui représente une économie de 950 kilos de matière.
Ces mesures ne suffisent cependant pas à convaincre Laurent Le Forestier: "On met l'accent sur le recours à une flotte de voitures électriques ou hybrides à 60%. Très bien, mais en France l'électricité est fournie majoritairement par le nucléaire. Et dans la programmation de films, on met un film qui pointe les dangers du nucléaire. Quand même, il y a quelque chose qui n'est pas très cohérent."
Empreinte carbone des voyages
Le Secrétaire général du Festival de Cannes, sans donner de chiffres précis sur l'empreinte carbone du festival, a indiqué à la RTS avoir identifié les secteurs problématiques.
Environ 90% de l'empreinte carbone est constitué par le voyage et l'hébergement des personnes accrédités - 40'000 en 2019, dont la moitié d'étrangers. Ainsi, puisque Cannes est un festival international, il n'est pas vraiment possible de réduire ces émissions. Chaque festivalier doit alors payer 20 euros de "contribution environnementale" pour compenser cette pollution.
Pauline Rappaz/asch