"Le Choc du Futur" de Marc Collin rend hommage aux pionnières de l'électro

Avant de se passionner pour la musique électronique, Marc Collin se destinait au 7^e art. Il fréquente une école de cinéma à Paris, mais la lourdeur de la production cinématographique l’incite à choisir la musique, un art "plus souple" et "plus indépendant", explique-t-il à la RTS.

Quarante ans plus tard, Marc Collin découvre que le réseau de contacts qu'il s'est forgé au fil de sa carrière de compositeur de musique de film rend son rêve de cinéma possible. D’autant plus en s’attelant à un film lié à l’univers de la musique.

La préhistoire de l'électro en France

"Le Choc du Futur", présenté à Fribourg dans le cadre du FIFF, revient sur la préhistoire de la musique électronique en France. "Pour faire ce film, je me suis intéressé aux femmes qui ont fait de la musique électro dans les années 1970 et 1980, ce qui était assez méconnu. Je me suis aussi inspiré de leurs vies en créant une sorte de fausse biographie d’une artiste reprenant des éléments de la vie de chacune, par exemple Suzanne Ciani et Wendy Carlos. Je me suis beaucoup documenté pour cela."

Une double lutte

De ces recherches naît l’héroïne du film, une compositrice confrontée à la fois au machisme de l’époque et au manque d’ouverture d'esprit du milieu musical.

Je voulais montrer la lutte d'une jeune femme dans les années 1970 qui non seulement se bat pour la musique électronique, mais en plus pour la place des femmes dans la musique.

Le musicien en a lui-même fait l’expérience: "Les gens ne s’en rendent pas compte, mais faire de la musique électronique en France fin 1970 début 1980 n’était vraiment pas évident, même en tant qu'homme. Personne ne comprenait. Les tendances musicales de l’époque étaient soit post-hippie baba cool, soit rock comme Trust et Téléphone. Dès qu'il y avait des petits synthés, on nous disait ‘vous ne faites pas vraiment de la musique, vous appuyez sur un bouton’."

Deuxième combat, le sexisme des producteurs de musique. "C’est en me documentant que j’ai compris que c’était encore plus difficile pour les femmes", explique Marc Collin. "Elles devaient faire face aux producteurs qui leur disaient, 'une femme dans la musique, il faut qu'elle soit chanteuse, qu'elle joue du violoncelle ou qu'elle fasse des chœurs. Mais il est hors de question qu'elle soit compositrice ou productrice.'"

Propos recueillis par Michel Masserey

Adaptation web: Myriam Semaani

_{"Le Choc du futur" de Marc Collin, à voir samedi 24 juillet dans le cadre du FIFF.}