Nous sommes en 1981, Valéry Giscard d’Estaing arrive en fin de mandat. OSS 117 se rend en Afrique de l’Est pour aider un dirigeant autocrate à mater des rebelles dans le cadre de la Françafrique. Il est désormais vieillissant et doit faire équipe avec un jeune collègue, OSS 1001, incarné par Pierre Niney. L’agent vétéran a du mal à s’adapter à ce nouveau partenaire, féministe et antiraciste, et à une époque en train de changer sa vision du monde.
Le troisième volet des aventures d’Hubert Bonisseur de la Bath, l’espion le plus arrogant et idiot des services de renseignement français, n’a rien à envier aux deux premiers OSS. Le ton est n’a pas changé, même si les questions de racisme et la remise en cause du patriarcat sont désormais centrales dans notre société, incarnées par le personnage d'OSS 1001.
>>À regarder: la bande-annonce du film "OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire"
Un héros idiot, mais candide
Avec son ton décalé et ses blagues politiquement incorrectes, un film de la série OSS 117 a-t-il toujours sa place en 2021? Oui, selon le réalisateur Nicolas Bedos: "OSS 117 est un personnage qui a mentalement moins de 7 ans, en-dessous de l’âge de la conscience. Il peut enfiler les clichés comme un crétin, mais sans aucune haine. Ces films ne sont jamais politiquement incorrects. Au contraire, ils sont politiquement corrects car on sait à qui on a affaire: un candide, un crétin."
Et Jean Dujardin d’ajouter: "Une fois que tu as pigé de qui et de quoi on rigole, il n’y a pas de raison d’avoir peur."
Les enjeux auxquels OSS fait face quand il arrive en Afrique de l’Est sont liés à l’époque que le film traite, c’est-à-dire les années 1980 et le début de la vigilance antiraciste.
Une conviction qui n’a pas empêché l’équipe du film de mener de nombreuses discussions sur la mise à jour du scénario: il faut que les blagues reflètent l’évolution de notre monde, sans perdre de leur piquant. "On n’écrit pas OSS pour Twitter. On écrit OSS pour ceux qui l’aiment, ceux qui le comprennent. En revanche, nous sommes des gens civilisés et responsables", déclare le réalisateur à la RTS.
>>À écouter: Interview de Nicolas Bedos et Jean Dujardin dans Vertigo
Un rôle qui colle à la peau
Créé en 1949 par l’auteur français Jean Bruce, Hubert Bonisseur de La Bath est adapté au cinéma dans les années 1960. C’est en 2006 qu’il fait son grand retour sous une forme parodique avec "OSS 117: Le Caire, nid d’espions", dirigé par Michel Hazanavicius et interprété par Jean Dujardin. Ce rôle culte lui donne le trac, le forçant à travailler d’arrache-pied pour se sentir à l’aise. "C’est un truc de vieux cancre qui colle un peu, c’est un peu pénible. Je vous avoue que j’aimerais bien m’en libérer, mais je n’y arrive pas."
Lorsque j’ai bien travaillé de mon côté, je suis plus créatif, moins anxieux sur le plateau. Je suis plus amusant, donc j’ai plus de talent.
Un film plus politique que les précédents
Rempli de clins d’œil et de clichés abondamment ressassés, "OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire" est aussi plus politique que les épisodes précédents. La Françafrique est présente en permanence dans le film.
Sous son aspect parodique, le long-métrage règle-t-il des comptes avec une certaine France? "À son échelle oui, en n’oubliant pas que ça reste une comédie et un objet de divertissement pur", répond Nicolas Bedos qui ajoute, lui le fils de Guy Bedos: "Le scénario de Jean-François Halin a fait écho avec mon éducation de pied-noir, de décolonialiste de lui-même. Mon père entretenait des rapports très complexes avec l’Algérie, donc je n’ai pu que transposer le scénario à mon histoire."
Propos recueillis par T. Moisson/Julie Evard/Pierre-Philippe Cadert
Adaptation web: ms
"OSS 117, alerte rouge en Afrique noire", réalisé par Nicolas Bedos, à voir dès le 4 août 2021 dans les salles romandes.