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"France", portrait mordant d'un monde médiatique sans scrupules

Dans le nouveau film de Bruno Dumont, Léa Seydoux incarne une journaliste vedette d'une chaîne d'info en continu qui ne lâche rien pour arriver à ses fins. Avec "France", le réalisateur pointe les écueils d'un monde médiatique en quête de sensationnalisme.

Journaliste star du paysage audiovisuel hexagonal travaillant pour une chaîne d'info en continu, France de Meurs (Léa Seydoux) ne recule devant aucun reportage traficoté pour assurer son audience et asseoir sa célébrité.

Mère absente d’un fils collé à ses écrans, épouse d’un écrivain arrogant (Benjamin Biolay) avec qui elle ne partage plus grand-chose, France passe surtout ses journées avec son assistante personnelle, Lou (Blanche Gardin), qui lui voue un culte sans bornes. Mais un jour, France décide de tout plaquer pour se retrouver elle-même et s’extraire de son image.

Une satire des médias

Débutant par une conférence de presse à l’Elysée hilarante qui bidouille avec délice les interventions de Macron face à France de Meurs, le film s’affiche d’emblée comme une satire féroce des médias, de la télévision et des réseaux sociaux.

Alternant avec une aisance remarquable le comique et le pathétique, Léa Seydoux est impériale alors que Blanche Gardin s’amuse, et nous amuse, à débiter des répliques sans aucune censure morale ou verbale comme son fameux "le pire, c'est le mieux".

"France", à voir actuellement sur les écrans, se veut une réflexion sur les contradictions d'un métier qui, selon le réalisateur, résume notre société. "Les journalistes sont des spécimens très intéressants de la modernité", a-t-il expliqué récemment à Cannes où le film était présenté en sélection officielle. "Le journaliste a une mission héroïque de vérité et est embarqué dans une industrie qui a besoin de rendement. C'est un conflit absolument irrésolu et qu'on ne peut pas résoudre".

"Je ne tape pas sur les médias", estime Bruno Dumont

Bruno Dumont, cinéaste volontiers burlesque, dont les derniers films ressemblaient à des ovnis, comme son oeuvre en deux parties sur Jeanne d'Arc, livre cette fois un cinéma un peu plus grand public, dont la bande originale est signée Christophe, mort en avril 2020. Mais il assure toujours se méfier des solutions de facilité et des leçons de morale.

"Je ne tape pas sur les médias, je ne suis pas débile", souligne le réalisateur qui entend par contre pointer le "dilemme" dans lequel se retrouveraient les journalistes, "une espèce de culpabilité" entre l'activité "très noble du journalisme" et ce qui est "corrompu par l'industrie".

Fustigeant sans détour la superficialité des images qui préfèrent le sensationnalisme à l’information, Bruno Dumont rapproche volontairement la facture globale de "France" à la laideur visuelle de ce monde d’élite parisianno-médiatique (on se pince devant le kitsch décoratif de l’appartement des de Meurs). Un film d’un cynisme dévastateur.

Rafael Wolf avec afp/aq

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