La 78e Mostra de Venise, le plus ancien festival de cinéma du monde, s'est ouverte mercredi soir avec le dernier film de Pedro Almodovar, en lice pour le Lion d'or aux côtés de pointures comme Jane Campion ou Paolo Sorrentino.
Deux fois distingué aux Oscars mais en quête d'un prix majeur à Venise, le cinéaste espagnol de 71 ans est venu sur le célèbre Lido présenter "Madres Paralelas", où il a retrouvé son actrice fétiche Penelope Cruz pour l'histoire du destin de deux femmes qui accouchent le même jour, dans la même maternité.
Lion d'or d'honneur pour Roberto Benigni
Le réalisateur et sa muse, tout de noir vêtus, ont foulé le tapis rouge du palais du cinéma, déroulé sur le Lido de Venise face à la mer, sous les flashes des photographes mais en l'absence de public, mesures anti-Covid obligent.
Au cours de la cérémonie d'ouverture, un Lion d'or d'honneur a été décerné au cinéaste italien Roberto Benigni, l'auteur inoubliable de "La vie est belle".
Un jury présidé par Bong Joon-Ho
Pour cette 78e Mostra, Almodovar fait face à vingt films en compétition pour séduire un jury présidé par le Sud-Coréen Bong Joon-Ho, Palme d'or 2019 avec "Parasite".
"Les réalisateurs ont vécu une période très difficile cette année et l'an dernier, mais d'une certaine façon si on regarde en arrière c'est comme si ça avait été un test et cela a montré la vitalité du cinéma", a estimé le réalisateur asiatique.
Son jury réunit notamment l'actrice franco-belge Virginie Efira et la réalisatrice américaine d'origine chinoise Chloé Zhao, qui avec "Nomadland" a triomphé aux Oscars quelques mois après avoir remporté le Lion d'Or l'an dernier.
Trois films français en compétition
Une trajectoire dont peuvent rêver les réalisateurs en compétition, les plus confirmés comme la Néo-Zélandaise Jane Campion ("La part du chien"), Palme d'Or en 1993 avec "La leçon de piano", comme les plus neufs, à l'instar de l'actrice américaine Maggie Gyllenhaal, qui fait ses débuts derrière la caméra en adaptant l'autrice à succès Elena Ferrante ("The Lost Daughter").
Trois films français sont en lice: "Un autre monde", drame social de Stéphane Brizé, "Illusions perdues", où Xavier Giannoli adapte Balzac, et "L'événement", une adaptation d'un roman d'Annie Ernaux sur l'avortement.
Seuls cinq films sont signés de réalisatrices, le Festival ne reproduisant pas l'effort de parité débuté l'an dernier, où huit des 18 films en compétition étaient signés par des femmes.
Le palmarès sera dévoilé le 11 septembre, au terme de cette deuxième édition depuis le début de la pandémie. D'ici là, de nombreuses stars sont attendues, de Kristen Stewart en Lady Di dans "Spencer" de Pablo Larrain, à Benedict Cumberbatch, en passant par Antonio Banderas.
ats/aq
"Dune" présenté hors compétition
L'événement se tiendra aussi hors compétition, où sera présenté "Dune", une nouvelle version du space opera mythique à laquelle s'est essayé le Canadien Denis Villeneuve, avec un cortège de stars au générique, de Timothée Chalamet à Oscar Isaac, en passant par la révélation de la série "Euphoria", Zendaya.
Ridley Scott occupera aussi l'affiche, avec "Le dernier duel", qui marque la reformation à l'écran et au scénario du duo Matt Damon/Ben Affleck, un quart de siècle après "Will Hunting".
Netflix montre ses muscles
Paolo Sorrentino, Jane Campion: Netflix, devenu une puissance de tout premier plan dans l'économie du cinéma, truste la course au Lion d'or jeudi avec deux films d'auteur parmi les plus attendus de la Mostra de Venise.
"Le pouvoir du chien" marque le retour au long-métrage de Jane Campion, pour la première fois depuis 2009. Avec ce film, le géant du streaming, fondé il y a moins d'un quart de siècle, espère s'être acheté un ticket gagnant dans la prestigieuse course au Lion d'Or, la plus ancienne compétition cinématographique du monde.
La plateforme avait déjà marqué les esprits en 2018 en remportant le Lion d'Or pour "Roma" d'Alfonso Cuaron, qui avait ensuite été primé aux Golden Globes et aux Oscars.
L'enjeu est de taille, car si les plateformes, et Netflix en particulier, sont sortis très renforcées de la pandémie face aux grands studios historiques, ralliant des légions de nouveaux abonnés pendant la fermeture des salles, le groupe de Reed Hastings est toujours en quête de respectabilité. Et cherche à faire oublier son image de robinet à contenu.