En guise d'introduction, nous vous proposons un quiz. Dix questions en lien avec la filmographie de Jean-Paul Belmondo et une question bonus sur ses liens avec la Suisse.
Belmondo en sept rôles variés
Grand Format Cinéma
Introduction
Alors qu'un hommage national lui est rendu ce jeudi aux Invalides à Paris avant ses obsèques vendredi, retour sur quelques films marquants de Jean-Paul Belmondo. Monstre du cinéma français décédé en septembre 2021 à l'âge de 88 ans, il a marqué tant la Nouvelle Vague que le cinéma populaire en plus de cinquante ans de carrière.
Chapitre 1 Un quiz pour débuter
Chapitre 2 "À bout de souffle" (1960) de Jean-Luc Godard
Avec quelque 80 films au compteur, Jean-Paul Belmondo a parcouru en cinquante ans de carrière tous les genres du cinéma, de la Nouvelle Vague aux blockbusters. Il s'est aussi distingué au théâtre, notamment dans "Kean" (1987) et "Cyrano de Bergerac" (1989), après y avoir fait ses débuts.
Belmondo a 27 ans quand Jean-Luc Godard, alors critique de cinéma de 29 ans, lui confie son premier grand rôle dans "A bout de souffle".
Au côté de Jean Seberg, jeune étudiante américaine à Paris, Jean-Paul Belmondo, en truand amoureux, irradie ce premier long-métrage de Godard devenu le manifeste de la Nouvelle Vague et un film culte, le plus célèbre et le plus commercial par ailleurs de Godard. Ce rôle le propulse parmi les acteurs français en vue.
Des décennies plus tard, le film n'a pas pris une ride et parle encore à toutes les générations par sa modernité. "A bout de souffle", réalisé avec peu de moyens et tourné à la sauvette en prise directe avec les événements, a marqué l'histoire du cinéma par son incroyable audace esthétique. Basé sur le schéma classique d'un film policier, il constitue le manifeste de toute une génération et bouleverse l'art de la fiction.
On se souvient aussi de la réplique de Belmondo, face caméra: "Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la ville, allez-vous faire foutre."
>> A lire aussi, le grand format : La révolution "A bout de souffle"
L'acteur tournera un autre film de Godard passé à la postérité, "Pierrot le fou".
Chapitre 3 "Un singe en hiver" (1962) d'Henri Verneuil
Au printemps 1961, en plein tournage de "Le cave se rebiffe", Jean Gabin est en colère contre Michel Audiard. Car son scénariste-dialoguiste attitré depuis "Gas-oil" a eu l’outrecuidance de partir en vacances en Italie sans avoir trouvé de sujet pour leur prochain film.
Michel Audiard propose alors une idée refusée par la MGM l’année précédente, une adaptation du roman d’Antoine Blondin qui trône dans toutes les libraires: "Un singe en hiver."
La firme américaine n’y avait vu qu’une histoire d’alcooliques. Mais cette fois, pressée par le temps et par l’argent, la MGM accepte la proposition de Michel Audiard qui s’attelle dès lors aux dialogues, pendant que François Boyer et Henri Verneuil commencent le scénario. Pour l’adapter, ils suivent le livre de très près. Le scénario est prêt à l’automne 1961.
C’est la seule fois où le maître du cinéma français Jean Gabin (57 ans) et son disciple révélé par la Nouvelle Vague Jean-Paul Belmondo (28 ans) se rencontrent à l’écran.
Le film se déroule en 1944, à Tigreville (en réalité Villerville), dans le Calvados. Albert Quentin (interprété par Jean Gabin), autrefois fusilier-marin en Chine, tient l'Hôtel Stella avec sa femme Suzanne (jouée par Suzanne Flon). En plein bombardement, Albert promet à sa femme que si leur hôtel échappe aux bombardements, il ne boira plus une goutte d'alcool. L'hôtel ne sera pas bombardé, Albert tiendra sa promesse.
Quinze ans plus tard, un inconnu débarque à Tigreville. Il s'appelle Gabriel Fouquet (Jean-Paul Belmondo). Et il boit. Beaucoup. Surtout pour oublier l'échec de sa vie sentimentale avec Claire, qui vit à Madrid alors que leur fille est pensionnaire à Tigreville. Quentin va finir par rompre son serment et se livrer avec Fouquet à quelques extravagances alcoolisées qui mettent la petite ville en émoi...
Belmondo y exécute notamment une scène stupéfiante de corrida avec des voitures.
>> A écouter, l'émission Travelling de 2015 consacrée au film:
Chapitre 4 "L'homme de Rio" (1964) de Philippe de Broca
Deux ans après le succès de "Cartouche", un film de cape et d'épée avec Claudia Cardinale, Belmondo tourne à nouveau avec Philippe de Broca. Destination cette fois le Brésil pour un film tourbillonnant, à 200 à l'heure, avec l'étincelante Françoise Dorléac.
On suit avec gourmandise les aventures rocambolesques du soldat de deuxième classe en permission Adrien Dufourquet, qui vole au secours de sa fantasque fiancée Agnès, enlevée sous ses yeux pour une mystérieuse histoire de statuettes pré-colombiennes, jusqu'au coeur de la forêt amazonienne.
La bande-annonce du film dont le scénario s'inspire largement de la série "Tintin" de Hergé et de celle de "Bob Morane" signée Henri Vernes, innove également, avec un Belmondo qui résume ses aventures à venir dans le film face caméra.
Le film évoque aussi "La mort aux trousses" d'Alfred Hitchock, notamment lorsque Jean-Paul Belmondo est poursuivi par une voiture et plonge dans un fossé comme Gary Grant dans la scène où il est traqué par un avion.
Philippe de Broca et Jean-Paul Belmondo excelleront encore dans ce genre de films d'aventure l'année suivante avec "Les tribulations d'un Chinois en Chine" puis, près de dix ans plus tard, avec "Le magnifique" (1973), pastiche des films d'espionnage et des "James Bond" en particulier où un écrivain timide invente un double littéraire en forme d'agent secret. Un vrai feu d'artifice de cabotinage et de cascades pour Belmondo.
Chapitre 5 "La sirène du Mississipi" (1969) de François Truffaut
Après Françoise Dorléac, Jean-Paul Belmondo tourne avec sa soeur Catherine Deneuve. François Truffaut réunit les deux acteurs en vue du moment pour une histoire d'amour sous le soleil de La Réunion.
Après avoir passé une annonce matrimoniale, Louis Mahé a fait venir sur l'île Julie, arrivée par paquebot. La belle n'a décidément rien à voir avec celle avec laquelle il a longuement correspondu. Mais qu'importe, Paul est totalement subjugué par la jeune femme qui se révèle aussi mystérieuse que vénéneuse.
Le film ne rencontre pas son public à sa sortie mais devient un classique avec le temps. Avec notamment ce dialogue devenu culte:
"Quand je te regarde, c'est une souffrance, tu es si belle"
- "Hier, tu disais que c'était une joie"
"Oui, c'est une joie et une souffrance".
"La sirène du Mississipi" est la deuxième adaptation par Truffaut d'un roman noir de l'écrivain américain William Irish après "La mariée était en noir".
Belmondo surprend dans un rôle inhabituel de victime devenant consentante et presque complice de sa propre fin. Truffaut parvient à rendre les frontières floues entre escroquerie et amour, douleur et plaisir.
Chapitre 6 "Borsalino" (1970) de Jacques Deray
Les polars vont constituer un autre volet des grands succès de "Bébel". Il s'était attaqué au genre avec "L'aîné des Ferchaux" (Jean-Pierre Melville, 1963) puis, avec le même réalisateur, "Le Doulos" (1963).
Il enchaîne avec "Borsalino" (Jacques Deray, 1970) avec Alain Delon, "Le Corps de mon ennemi" (Henri Verneuil, 1976), "Peur sur la ville" (Henri Verneuil, 1975) où il exécute quelques cascades risquées.
"Borsalino" de Jacques Deray réunit en tout cas pour la première fois en vedette les deux grandes stars masculines du cinéma français, Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. Le tandem s'était déjà brièvement côtoyé dans une scène dans "Paris brûle-t-il?". Ils tenaient des rôles secondaires à leurs débuts dans "Sois belle et tais-toi".
"Borsalino" connaît un très grand succès auprès du public conquis par les aventures de ces deux voyous, Capella et Siffredi, qui veulent devenir les caïds de la pègre marseillaise. Le long métrage est une adaptation du livre "Bandits à Marseille" de Eugène Saccomano, qui a particulièrement séduit Delon. La suite sortie en 1974 sans Bébel, "Borsalino & Co", ne rencontre pas le même retentissement.
Le succès du premier volet est toutefois entaché par la brouille, à la ville, entre les deux hommes pour une histoire de noms sur l'affiche qui finira devant la justice et affectera durablement les relations de ces monstres sacrés. On ne reverra Belmondo aux côtés de Delon au cinéma que vingt-huit ans plus tard dans "Une chance sur deux" de Patrice Leconte.
Chapitre 7 "L’as des as" (1982) de Gérard Oury
Dans les années 1970 et 1980, les grands succès commerciaux et les films à "cascades" se suivent pour Bébel. Du "Cerveau" à "L'as des as", en passant par "Peur sur la ville" et "L'Animal", il joue alors à quatre reprises dans les films les plus vus de l'année en France, égalant le record de Fernandel et n'étant dépassé que par Louis de Funès.
Sous la direction de Gérard Oury, il est Jo Cavalier, ancien pilote de la Première Guerre mondiale qui, vingt ans plus tard, est devenu entraîneur de boxe et doit se rendre en Allemagne nazie pour les Jeux olympiques de 1936. Le film est un véritable triomphe au box-office avec plus de 5 millions d'entrées et vaut surtout pour son ton et son rythme plutôt que l'interprétation assez classique et physique de Belmondo.
L'acteur a par ailleurs coproduit le film et renoncé intégralement à son cachet parce qu'il a "le désir de stigmatiser, sous le ton léger de la comédie, l'antisémitisme et l'intolérance". "L'as des as" intègre aussi des scènes du documentaire de propagande nazi "Les Dieux du stade", réalisé par Leni Riefenstahl lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936.
Chapitre 8 "Itinéraire d’un enfant gâté" (1988) de Claude Lelouch
Claude Lelouch offre là à Jean-Paul Belmondo son dernier très grand rôle au cinéma, couronné du César du meilleur acteur que l'acteur a décliné. Il est Sam Lion, abandonné par sa mère alors qu'il était encore bébé, recueilli par un forain et devenu un enfant de la balle.
Reconverti dans les affaires après une chute au cirque, il gère une entreprise de nettoyage florissante, mais décide un beau matin de tout plaquer pour parcourir le monde sous un faux nom. Mais son passé va le rattraper en la personne d'Albert Duvivier, un de ses anciens employés, qui le reconnaît alors que Sam se trouve en Afrique.
Un an après l'échec du "Solitaire", le film rencontre un grand succès au cinéma, avec plus de 3 millions d'entrées. Il permet surtout à Belmondo de renouer avec le 7e art qu'il avait plutôt abandonné quelque peu à partir du milieu des années 1980 pour se consacrer davantage au théâtre.
Claude Lelouch enrôlera encore l'acteur dans un autre film populaire, en 1995, "Les Misérables".