"Malheureusement, quand vous travaillez sur l'avortement, vous êtes toujours dans l'actualité", a dit la réalisatrice de 41 ans en recevant son prix. "J'ai fait ce film avec colère et désir, je l'ai fait avec mon ventre, avec mes tripes avec mon coeur".
"Je voulais que ce soit une expérience", un "voyage dans la peau de cette jeune femme", a ajouté celle qui succède à la Sino-Américaine Chloé Zhao couronnée l'an dernier pour "Nomadland" avant de triompher aux Oscars.
Progressive ouverture
Quatre ans après l'affaire Weinstein et le début du grand examen de conscience du septième art, la très progressive ouverture des palmarès les plus prestigieux aux réalisatrices se confirme: en juillet, le Festival de Cannes avait distingué lui aussi une jeune réalisatrice française, Julia Ducournau, Palme d'Or avec l'ovni "Titane", un film féministe à sa façon qui dynamite les frontières entre les genres.
"L'Evénement", lui, adapté du récit autobiographique éponyme de la romancière Annie Ernaux, se déroule dans la France des années 1960, avant la légalisation de l'avortement. Il montre le parcours d'une jeune étudiante qui tombe enceinte, interprétée par la Franco-Roumaine Anamaria Vartolomei, une révélation. A ses côtés, le Vaudois Kacey Mottet-Klein.
C'est le deuxième film d'Audrey Diwan, romancière et journaliste française d'origine libanaise, qui a co-signé le scénario de plusieurs films dont "Bac Nord" ou "La French" de Cédric Jimenez, puis est passée à la réalisation ("Mais vous êtes fous"). Elle devient la quatrième réalisatrice à recevoir le Lion d'or depuis l'an 2000.
Jane Campion et Maradona
Dans le reste du palmarès, plusieurs films sont marqués eux aussi par le féminisme et les questions des rapports entre les genres: c'est le cas du "Pouvoir du chien", de Jane Campion, qui a permis à la Néo-Zélandaise de remporter le prix de la meilleure réalisation, 28 ans après sa Palme d'Or pour "La leçon de Piano".
Le film, huis clos étouffant dans un monde de cow-boys, avec Benedict Cumberbatch et Kirsten Dunst, aborde la question de la masculinité exacerbée et toxique.
Il présente la particularité d'être produit par Netflix, et ne devrait donc pas sortir en salles, tout comme un autre lauréat du palmarès établi par le jury du Sud-Coréen Bong Joon-Ho ("Parasite"): Paolo Sorrentino. Le réalisateur italien a décroché le Grand Prix pour "La Main de Dieu", sur son enfance à Naples, à l'époque de Diego Maradona, brisée par la mort de ses parents.
Penelope Cruz récompensée
Côté interprètes, le jury a décerné le prix de la meilleure actrice à Penelope Cruz, pour son rôle dans "Madres Paralelas", de Pedro Almodovar, qui continue avec son actrice fétiche à célébrer la force des femmes et des mères face à des hommes lâches ou absents.
Chez les acteurs, le jury a distingué le Philippin John Arcilla pour son rôle de journaliste en quête de vérité dans "On the Job 2: The Missing 8".
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Coproduction suisse au palmarès
Dans la section Orizzonti (Horizons), "El gran movimiento" du réalisateur bolivien Kiro Russo a reçu le prix spécial du jury. Il s'agit d'une coproduction bolivienne, française, qatariote et suisse (la société genevoise Bord Cadre films).
Après une édition 2020 en demi-teinte, marqué par la pandémie et un manque de films marquants en compétition, la Mostra de Venise, le plus ancien des festivals de cinéma du monde, a retrouvé tout son lustre.
Et son influence s'est une fois de plus mesurée à l'aune des stars américaines, qui se sont pressées sur le tapis rouge du Lido, devenu au fil des ans une rampe de lancement avant la saison des Oscars. Matt Damon et Ben Affleck ont monté les marches pour "Le dernier Duel", de Ridley Scott, quelques jours après les vedettes de "Dune": Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac et Javier Bardem.
ats/jfe
"Down with the king" couronné à Deauville
Le festival du cinéma américain de Deauville a récompensé samedi un film avec la star du hip-hop américain Freddie Gibbs. Cette 47e édition a été marquée par le retour des Américains et des salles de projection couvent combles.
"Down with the king", un film du Français Diego Ongaro, remporte le "Grand prix". Ce long métrage raconte l'histoire d'un célèbre rappeur qui se découvre un goût inattendu pour la vie de fermier. Tourné dans le Massachusetts, il avait été présenté en juillet à Cannes.