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"Bigger Than Us", le documentaire qui met en avant les jeunes activistes

La réalisatrice Flore Vasseur présentant son film "Bigger Than US" à Cannes en juillet 2021. [AFP - Valery Hache]
L'invitée: Flore Vasseur, "Bigger Than Us" / Vertigo / 14 min. / le 14 septembre 2021
Comment une idée peut-elle changer le monde à force d’être diffusée autour de soi? Flore Vasseur, journaliste, romancière et réalisatrice, tente de répondre à la question avec son documentaire intitulé "Bigger Than Us", à voir sur les écrans romands.

Melati Wijsen a 18 ans. Depuis six ans, elle combat la pollution plastique qui ravage son pays, lʹIndonésie. Comme elle, une génération se lève pour réparer le monde. Partout, adolescent-e-s et jeunes adultes luttent pour les droits humains, le climat, la liberté dʹexpression, la justice sociale, lʹaccès à lʹéducation ou lʹalimentation. C’est l’histoire de "Bigger Than Us", documentaire de Flore Vasseur présenté cette année à la section éphémère "Le cinéma pour le climat" du Festival de Cannes. Un film à voir dès le 22 septembre 2021 sur les écrans romands.

Une tentative de réponse

"D’habitude, je trouve les titres de mes films en fin de parcours, mais pour 'Bigger Than Us', le titre est tombé au milieu du processus créatif, explique à la RTS Flore Vasseur. Je suis partie de mon sentiment d’impuissance, le sentiment d’être face à quelque chose de bien plus gros que moi, qui m’écrase. Il y avait aussi cette impression que les jeunes que nous allions voir percevaient quelque chose que nous les adultes ne percevions pas. Peut-être que c’était eux, les grandes personnes de l’affaire."

Tout commence lorsque le fils de la journaliste et réalisatrice, du haut de ses sept ans, lui demande de lui expliquer pourquoi "la planète va mourir". "Je me suis dit que j’étais incapable de lui répondre, et que tout le travail que j’avais effectué pendant une quinzaine d’années durant ma carrière – la mise en lumière d’artistes, d’entrepreneurs ou d’activistes – consistait à mettre en valeur les paroles d’adultes, pour des adultes. En d’autres termes, ce que j’avais fait ne servait strictement à rien."

Cependant, Flore Vasseur découvre une piste dans la même journée: son ami Bruno Giussiani, ancien directeur européen et animateur des conférences TED en Suisse, lui présente Melati et sa sœur Isabel, deux Indonésiennes qui ont 14 et 16 ans à l’époque. "Dans le corps de ces jeunes filles, il y avait toute l’audace, l’intelligence et le courage que j’avais vu chez des activistes adultes. J’ai trouvé cela profondément puissant. Je suis allée à leur rencontre à Bali, dans le but de faire un film qui réponde à la question de mon fils."

Différents problèmes, différentes nationalités, mêmes idéaux

Le combat de Melati et Isabel contre les déchets plastiques aboutit, à force de mobilisation et d’information: leur île, Bali, les interdit. Les deux sœurs fondent aussi YouthTopia, une plateforme d’éducation et un outil pour soutenir les jeunes qui veulent s’engager.

Le documentaire est mené par Melati, qui part à la rencontre de six autres jeunes, qui ont tous entre 16 et 20 ans. Malgré leurs combats et leurs cultures différents, ils partagent les mêmes passions et les mêmes idéaux en mettant leur énergie au service de causes altruistes dans leur pays, leur ville, leur communauté. Elle rencontre d’abord Mary, une jeune femme engagée pour l’aide aux réfugiés qui vit en Grèce. C’est à elle que Melati va raconter son aventure.

Parmis ces jeunes activistes, Muhammad Al Jounde, réfugié syrien au Liban, a créé une école. Memory Banda a fondé des clubs de soutien et d’écoute pour les jeunes filles victimes d'un mariage forcé au Malawi. Il y a aussi Renée, jeune figure de proue d'un mouvement social et politique au Brésil, et Xiuhtezcatl Martinez qui milite contre les pesticides et pour la reconnaissance des populations indigènes aux Etats-Unis.

Je pensais réaliser un film de combattants, dans la sueur et les larmes. J’y ai trouvé à la place de la joie et des rires.

Flore Vasseur

L’activisme, ou comment laisser son égo de côté

Selon la réalisatrice, les problèmes sociaux et environnementaux évoqués dans le film sont interconnectés et font partie d’un "système basé sur des valeurs qui fondent le train de l’enfer dans lequel nous sommes embarqués: le patriarcat, le capitalisme et la suprématie blanche".

Et Flore Vasseur de poursuivre: "Ces jeunes se mobilisent, parce qu’ils ont résolu la question de ce qu’ils font sur terre et de leur égo, qu’ils ont mis de côté. L’activisme est difficile parce qu’il faut s’oublier soi pour se connecter à ce 'nous'. Ce n’est pas une dilution, mais une augmentation de soi-même. Avant de conclure que "de plus, notre culture dévalorise les activistes et les voit comme des personnes naïves et pas rentables. Mais quand on agit, on se connecte à une énergie qui nous dépasse, et à quelque chose de plus grand que soi."

Propos recueillis par Anne-Laure Gannac

Adaptation web: Myriam Semaani

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