"Un endroit comme un autre" est un film qui touche en plein cœur. Sept ans après "Une belle fin", le cinéaste italien et britannique d'adoption Uberto Pasolini réalise un nouveau long-métrage sur la mort. Il raconte ici l'histoire de John (James Norton), un jeune homme qui mène une vie simple dans une petite ville irlandaise. Laveur de carreaux, ce père célibataire et gravement malade passe beaucoup de temps avec son fils Michael.
Ce film est inspiré d'une histoire vraie, un fait divers qui a ému le réalisateur. "J’ai eu l’occasion de lire un article dans le Daily Mail, qui parlait d’un homme de 35 ans, jeune père célibataire, qui a passé les derniers mois de sa vie à la recherche d’une nouvelle famille pour son petit garçon de 4 ans. Il n'y avait pas plus d'informations, j'ai dû imaginer les situations, les problèmes et les émotions du papa et de son enfant", explique Uberto Pasolini dans l'émission Vertigo.
Le jeune acteur qui incarne Michael, Daniel Lamont, est prodigieux à l'écran. Uberto Pasolini raconte leur collaboration sur le tournage: "J'ai été surpris de pouvoir travailler avec lui comme avec un acteur plus âgé. Je lui ai donné des instructions sur l’action, pas sur les émotions. 'Tu fais ça, tu dis ça, tu regardes ton père.' Il n'y avait pas de drame ou de tristesse dans nos conversations. Et il est devenu un professionnel extraordinaire. James Norton a été d'une énorme générosité avec Daniel, il a passé beaucoup de temps pour construire une véritable relation avec lui."
Un drame réaliste sans pathos
Si le sujet abordé – la maladie et la mort d'un père – est douloureux, le film est sensible, pudique et même lumineux. "Je voulais faire vivre cette relation père-fils à l’écran, c'est une histoire d'amour entre deux êtres. Je voulais donner de l'espoir et de la joie, pas de la tristesse ou de l'amertume; donner envie aux spectateurs de s’embrasser encore un peu plus fort dès qu'ils en auront l’occasion", sourit Uberto Pasolini.
"Un endroit comme un autre" est un drame réaliste sans pathos, qui a charmé les critiques cinéma de l'émission "Vertigo". Pour Rafael Wolf, "la mise en scène est sobre, et c’est bienvenu par rapport à un sujet aussi casse-gueule. Il y a des scènes entre le père et son fils qui sont bouleversantes. Et ce casting que mène ce père pour trouver la famille idéale donne l'occasion de montrer des gens différents", avec plusieurs modes de vie et visions de l'éducation.
Ce film "est un vrai panel sociologique, renchérit Yacine Nemra. C'est une histoire modeste, simple, sur des gens ordinaires. Un portrait très juste de la classe ouvrière. C’est déchirant, j’ai pleuré comme un bébé devant mon écran. Mais c'est un film qui nous amène une paix intérieure."
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: Pauline Rappaz