Venant de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu’il crée quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne voit pas l'intérêt de construire s'il faut détruire par la suite. De toute manière, il ne s’intéresse qu’au projet de métropolitain.
Tout bascule lorsqu'il recroise son amour de jeunesse, Adrienne Bourgès. Leur relation interdite l’inspire à modifier le relief de Paris pour toujours.
Basé sur un scénario original de Caroline Beaugrand écrit il y a plus de vingt-deux ans, le projet a été moult fois reporté. Un premier essai avec Liam Neeson dans le rôle principal est évoqué avant de capoter. C'est ensuite Luc Besson qui s'y intéresse, avec Depardieu dans le rôle d'Eiffel et Isabelle Adjani dans celui d'Adrienne Bourgès. Mais le réalisateur avait une condition, être seul au générique et effacer le nom de la scénariste. Echec. Ridley Scott à son tour semble intéressé, en vain.
Deux films en un
C'est finalement à Martin Bourboulon que revient ce scénario très romancé, avec Romain Duris dans le rôle de l'ingénieur et Emma Mackey ("Sex Education") dans celui de son amoureuse. Le film, qui a bénéficié d'un excellent budget, affiche son ambition: devenir un grand film populaire, un blockbuster à la française.
Montrer l'histoire de la construction d'un des monuments les plus emblématiques de Paris? Ou filmer une histoire romantique sur fond de Paris touristique? "Eiffel" oscille entre les deux, privilégiant la romance avec Agnès au détriment d'une histoire d'amour - et de haine - autrement plus forte entre le peuple français de l'époque et la Dame de Fer, longtemps contestée.
Sans compter un début de polémique concernant le casting et qui révèle, selon ses détracteurs, la tendance sexiste, toujours et encore, des grandes productions. La différence d'âge entre Gustave Eiffel et Adrienne Bourgès était de 10 ans, tandis que celle entre Romain Duris et Emma Mackey est de 22 ans, ce qui rend peu vraisemblable que les deux amants se soient rencontrés dans leur jeunesse.
Manque de modernité
Pour les deux critiques de "Vertigo", le film n'est pas mauvais, il remplit toutes les cases du blockbuster (effets visuels de bel effet et partition musicale d’Alexandre Desplat) mais "c'est un objet trop lisse, trop plat et déjà obsolète". Quant à Thomas Gerber qui rêvait "de vertige et de verticalité", le film "ne rend pas vraiment hommage à la modernité française".
Pour les amateurs d'insolite, Julien Comelli revient sur "La Tour Eiffel en otage" de Claudio Guzman (1980), film dʹaventure suranné dʹune autre époque, auquel le plus célèbre monument du monde sert de décor naturel. Adorablement vintage.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: mcm