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"The French Dispatch", l'hommage de Wes Anderson à une France surannée

Une scène du film "The French Dispatch" de Wes Anderson. [DR - TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION]
Une scène du film "The French Dispatch" de Wes Anderson. - [DR - TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION]
Le réalisateur texan et francophile Wes Anderson s’est inspiré du célèbre magazine culturel américain The New Yorker pour cet hommage au journalisme et à la France vintage. Son film, "The French Dispatch", fait défiler le plus beau casting de l'année.

Après "Moonrise Kingdom", "The Grand Budapest Hotel" et "L’île aux chiens", Wes Anderson revient avec un film résolument vintage, décousu, surprenant, stupéfiant parfois, et qui réunit un nombre incalculable de stars internationales, du fidèle Bill Murray à la nouvelle Cécile de France, de Tilda Swinton à Mathieu Amalric, d'Adrien Brody à Léa Seydoux, en passant par Frances McDormand, Owen Wilson, Timothée Chalamet, Benicio del Toro ou Guillaume Gallienne, certains pour des scènes de quelques secondes seulement.

La France idéalisée de "The French Dispatch". [Copyright The Walt Disney Company France]
La France idéalisée de "The French Dispatch". [Copyright The Walt Disney Company France]

Des saynètes à la queue leu leu

L'histoire est assez compliquée à résumer tant il y a de récits parallèles. Pour rendre hommage au fondateur d’un grand magazine américain qui vient de mourir (Bill Murray), sa rédaction, composée d'expatriés américains et basée dans la petite ville française d’Ennui-sur-Blasé, lui concocte un ultime numéro composé des meilleurs articles.

Film à sketches, "The French Dispatch" met en scène ces différents récits, tirés de diverses rubriques, sur une période allant des années 1930 aux années 1970. C'est ainsi qu'un reporter relate l’histoire de la cité; qu'un prisonnier sociopathe devient un peintre moderne renommé; que des jeunes étudiants affrontent des CRS à travers un jeu d’échecs et qu'un commissaire fin gourmet se voit kidnapper son enfant.

De quoi évoquer quelques grands thèmes hexagonaux: la cuisine comme art suprême, Mai 68 et ses utopies, le marché de l'art comme snobisme et même les récentes violences policières. Des clichés? "Non, Wes Anderson travaille plutôt l'image d'Epinal" précise Rafael Wolf, critique cinéma à la RTS.

Présenté en compétition lors du dernier Festival de Cannes, "The French Dispatch", hommage également à Jacques Tati, coche toutes les cases de la virtuosité selon Wes Anderson: couleurs pastel ou saturées, symétrie des cadrages, atmosphère de bande dessinée – le film a été tourné à Angoulême –, casting de rêve, patine vintage, intérieurs de maisons de poupées, film découpé selon une logique plus littéraire que cinématographique, personnages loufoques, musique et générique hyper travaillés. "The French Dispatch", c'est du Wes Anderson au carré.

"Virtuosité vaine" mais "trouvailles visuelles"

"Mais voilà. La distribution colossale, le romanesque littéraire et la qualité picturale de l’ensemble ne dépassent guère le stade de la virtuosité, illustrée par une succession de saynètes dont on peine à saisir le sens véritable et des personnages qui ressemblent trop à des marionnettes. J'aime beaucoup Wes Anderson mais là, j'ai eu un peu l'impression d'un enfant jouant avec ses soldats de plomb", selon Rafael Wolf.

Un avis en partie partagé par le critique de Couleurs 3, Philippe Congiusti, qui parle de machine qui tourne à vide, mais qui ne boude pas son plaisir pour autant: "Etrange sensation devant 'The French Dispatch' où l’ennui ne cesse de batailler avec l’émerveillement. Créatif, ludique, beau et drôle. Une vision de la France et des Français par un Américain, qui n’a rien de réel mais qui relève du pur fantasme, du prétexte à mettre en scène un film qui regorge de trouvailles visuelles."

Marie-Claude Martin

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