Coup de projecteur sur les métiers du cinéma

Grand Format 7e art

Sabine Cattaneo

Introduction

Les génériques de fin de films sont toujours surprenants, tant les noms des professionnels qui ont participé au projet foisonnent. Il y a les métiers connus du grand public et ceux qui le sont moins, et qui interpellent. Zoom sur sept professions du septième art. Avec, en prime, une ultime chronique consacrée à la formation dans les métiers du cinéma.

Episode 1
Scripte, la mémoire du film

Lang Films

La tâche principale du ou de la scripte – qui fait partie de l’équipe de la mise en scène – est de faire en sorte qu’un film soit cohérent. Joséphine Pittet exerce ce métier depuis plusieurs années, et la RTS l’a rencontrée sur le tournage du film "L’amour du monde", de Jenna Hasse. Elle explique qu’elle accompagne sur les plans artistique et technique la personne qui réalise le film. Elle a une vision d’ensemble du projet, elle rappelle à l’équipe les intentions du film, les intentions des scènes.

Nous on est là pour maintenir le fil rouge de l’histoire, peu importe si cela doit être réinventé. Moi je suis là pour rappeler ce qu’on a fait, ce qu’on doit faire, et pourquoi on doit le faire.

Joséphine Pittet, scripte

Habituellement, il y a un temps de préparation avant le tournage. Le ou la scripte s’imprègne de l’histoire et du découpage technique du film (une version très élaborée du scénario). Pendant le tournage, il ou elle prend des notes sur les prises de vue, par exemple les émotions des acteurs et actrices, ou s’il y a eu un changement de focale.

>> A écouter, le reportage sur le tournage du film "L’amour du monde" de Jenna Hasse, en compagnie de la scripte :

Joséphine Pittet sur le tournage du film "L'amour du monde", de Jenna Hasse [Lang Films]Lang Films
Brazil - Publié le 12 septembre 2021

Episode 2
Scénariste, créateur de l’histoire

Joseph Areddy

Pour avoir un film, il faut d’abord avoir une histoire. Et pour tourner un film, il faut avoir un scénario, qui est un véritable outil de travail. Il définit finalement l’histoire, l’atmosphère, les décors, les personnages et leurs émotions, les dialogues, les intentions. Avant cela, la phase d’écriture, souvent longue, se déroule la plupart du temps en plusieurs étapes: l’idée, le pitch, le synopsis (développé sur quelques pages), le traitement et le scénario.

Le synopsis, c’est un exercice qui est assez délicat, parce qu’il faut exposer rapidement et de manière assez sexy ce que vont être l’histoire, les personnages, les enjeux, etc., pour que ça donne envie à des producteurs.

Joanne Giger, scénariste

Le scénario est indispensable pour tourner un film, mais il peut évoluer pendant le tournage. Une scène peut par exemple être supprimée, si l’équipe se rend compte qu’elle ne sert pas le propos du film.

>> A écouter, le reportage lors d’une séance de travail entre le réalisateur et scénariste Fred Baillif et la scénariste Joanne Giger :

Image du film "La Mif", de Fred Baillif, avec Amélie Tonsi [Joseph Areddy]Joseph Areddy
Brazil - Publié le 26 septembre 2021

Episode 3
Composer la musique d’un film pour lui donner de l’épaisseur

Rebecca Bowring

La musique est très présente dans le cinéma. Plusieurs réalisateurs danois avaient lancé un manifeste (Dogme 95), une feuille de route pour faire des films, mentionnant notamment qu'"aucune musique ne doit être utilisée à moins qu’elle ne soit jouée pendant que la scène est filmée". Mais les films sans musique extérieure aux scènes sont très rares. Nicolas Rabaeus explique qu’un compositeur, une compositrice peut intervenir avant ou après le tournage, parfois même après le montage. Ou alors très en amont, pendant l’écriture du scénario.

Le plus important pour moi, c’est de savoir tisser des liens entre une esthétique visuelle et une esthétique musicale. La musique ne doit pas faire de commentaire sur une image, mais elle doit lui donner une couleur.

Nicolas Rabaeus, compositeur de musique de films

Pour composer la musique du film "Foudre" de Carmen Jaquier, qui se déroule en 1900, Nicolas Rabaeus raconte qu’il a fait des recherches pour savoir à quoi pouvait ressembler un paysage sonore à cette époque, quels instruments étaient utilisés, si les gens chantaient.

>> A écouter, le reportage lors d’une répétition d’un chœur, pour la musique du film "Foudre" de Carmen Jaquier :

Tournage du film "Foudre" de Carmen Jaquier [Rebecca Bowring]Rebecca Bowring
Brazil - Publié le 10 octobre 2021

Episode 4
Monter un film, le puzzle géant

Close Up Films

Etre monteuse ou monteur, cela demande beaucoup de rigueur, de la mémoire, de l’organisation et, surtout, une grande capacité de tri. Le monteur, la monteuse reçoit une énorme masse d’images, et il faut sélectionner les plus pertinentes, structurer un film, le ramener à une durée qui sert le propos. Il faut également soigner les transitons, au niveau de l’image et du son. Il y a un gros travail de deuil à effectuer, car on ne peut évidemment pas garder toutes les images qui ont été tournées.

Même quand tout le monde est content d’un film, il m’arrive de le voir plus tard et de me dire 'non, là tu aurais pu encore chercher autre chose, faire autrement'. Maintenant, j’essaie de ne rien regretter une fois que le film est fait.

Naïma Bachiri, monteuse

Le travail de montage se fait en étroite collaboration entre le monteur, la monteuse et la personne qui réalise le film. Autant bien s’entendre.

>> A écouter, le reportage lors d’une séance de travail entre le cinéaste Frédéric Choffat et la monteuse Naïma Bachiri :

Image du film "Le futur c'est maintenant", de Frédéric Choffat [Close Up Films]Close Up Films
Brazil - Publié le 24 octobre 2021

Episode 5
L’importance de la prise de son

Lang Films - ElenaHasse Elena Hasse

Pendant le tournage d’un film, il y a les prises de vues, les images, mais aussi les prises de son. La personne responsable du son sur le tournage doit s’assurer qu’il n’y pas de bruit parasite, elle contrôle également les niveaux d’enregistrement. Le chef ou la cheffe son travaille en étroite collaboration avec la personne qui tient la perche à son. Camille Bonard, cheffe son, explique qu’avant un tournage, elle fait des repérages avec l’équipe, pour voir si l’acoustique est bonne et s’il n’y a pas de nuisances sonores.

Ce qui me plaît dans le son sur le plateau, c’est le challenge de devoir cacher des micros dans le cadre, sans qu’on les voie. Et j’aime bien refaire des sons seuls: quand on a un plan très large, où on n’arrive pas à aller près de l'acteur, l'actrice avec la perche, on leur demande de refaire la scène, mais sans l’image, juste avec les dialogues.

Camille Bonard, ingénieure du son

Les métiers du son sont encore très masculins. Camille Bonard raconte qu’on lui a déjà dit comment faire son travail, où placer ses micros. Des remarques qu’on ne lui aurait sans doute pas faites si elle avait été un homme.

>> A écouter, le reportage sur le tournage du film "L’amour du monde" de Jenna Hasse, en compagnie de la cheffe son :

Camille Bonard sur le tournage du film "L'amour du monde", de Jenna Hasse [Lang Films]Lang Films
Brazil - Publié le 7 novembre 2021

Episode 6
Comment coacher un acteur, une actrice

Léandre Séraïdaris

Un acteur, une actrice peut être épaulé par un coach de jeu, une personne qui va l’aider à être plus précis dans ses intentions, plus juste dans ses émotions. La coach Déborah Helle raconte qu’il lui arrive d’être contactée par différentes personnes du milieu du cinéma: l’équipe de production ou de réalisation, ou même les acteurs et actrices qui veulent se préparer pour une audition ou travailler un aspect de leur rôle.

Ce métier existe peu en Suisse. Les producteurs ne savent pas comment me payer, où me placer. Il y a souvent une méconnaissance de mon travail. Ce qui est particulier avec mon métier, c’est qu’il y a implication émotionnelle avec la personne que je coache. Quand on dit 'coupez!', mon travail est loin d’être fini.

Déborah Helle, coach de jeu

Le travail de coach de jeu se fait avant le tournage, pour les répétitions, pour aider l’acteur, l’actrice à s’imprégner de l’histoire, du rôle. Pendant le tournage, c’est aussi un soutien psychologique, parce que c’est stressant d’être sur un plateau.

>> A écouter, le reportage sur le tournage de la série "Avoir l’âge" écrite par Frédéric Recrosio, en compagnie de la coach de jeu :

Tournage de la série "Avoir l'âge", écrite par Frédéric Recrosio [Léandre Séraïdaris]Léandre Séraïdaris
Brazil - Publié le 21 novembre 2021

Episode 7
De l’importance de bien manger pendant un tournage

Chez Paulette, bistro itinérant

Un tournage, c’est long et fatiguant, surtout quand il se déroule de nuit ou dans le froid. C’est donc primordial pour toute l’équipe de bien manger, pour se réchauffer, pour reprendre des forces, pour se faire plaisir aussi. La cantine d’un plateau de tournage est donc essentielle. Souvent, elle s’occupe aussi de préparer des casse-croûtes et des boissons chaudes. 

J’ai un parcours de cuisinier, mais j’ai remarqué que la cuisine, moins elle était produite dans les restaurants, plus ça me stimulait. J’aime bien chercher des clientèles originales, pas une clientèle qui décide de venir chez moi, mais plutôt une clientèle que je dois réussir à convaincre tous les jours.

Jean Piguet, cantinier de cinéma

Cantinier, cantinière de cinéma, c’est un métier qui se complique avec la diversité des régimes alimentaires. Pour exercer ce métier, il faut aimer être dehors, être flexible et résister au stress, car l’heure du repas peut varier selon l’avancement du tournage.

>> A écouter, le reportage sur le tournage de la série "Avoir l’âge" écrite par Frédéric Recrosio, en compagnie du cantinier et des cantinières :

La cantine de Chez Paulette, bistro itinérant [Chez Paulette, bistro itinérant]Chez Paulette, bistro itinérant
Brazil - Publié le 5 décembre 2021

Episode 8
Se former aux métiers du cinéma

Ecal/Younès Klouche

Pour exercer un métier, il faut d’abord, en général, se former. Il existe plusieurs écoles de cinéma en Suisse romande. La formation la plus connue est sans doute celle dispensée par l’Ecal, l’Ecole cantonale d’art de Lausanne. Zoée Bijotat et Hervé Ossent étudient dans cette école. Ils disent avoir de la chance de pouvoir se consacrer à ça, d’avoir du matériel à disposition, de pouvoir faire de films et d’avoir le droit de se tromper, mais les études amènent aussi à se remettre en question.

L’école met un peu la pression, on doit savoir assez vite ce qu’on veut faire. Ou peut être que je me mets cette pression tout seul. Ça nous prépare sans doute à la réalité.

Hervé Ossent, étudiant en cinéma

La compétition est très forte, ça m’a fait hésiter à partir de l’école. Pendant les jurys, c’est assez trash. Je pense qu’il y a une très belle famille du cinéma, mais il faut aussi se battre.

Zoée Bijotat, étudiante en cinéma

>> A écouter, cette chronique consacrée à la formation aux métiers du cinéma :

Tournage d'un film d'études à l'Ecal [Sabine Cattaneo]Sabine Cattaneo
Brazil - Publié le 19 décembre 2021