Deux scientifiques de l’université du Michigan, la doctorante en astronomie Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) et son professeur, le docteur Randall Mindy (Leonardo DiCaprio), découvrent une comète destructrice sur le point de percuter la Terre et de provoquer l’extinction de l’espèce humaine. Accompagné par le chef de Défense planétaire Teddy Oglethorpe (Rob Morgan), le trio tente de prévenir la Maison Blanche et les médias, mais personne ne semble prendre cette menace au sérieux. Pourtant, les jours de l’humanité sont comptés: l’impact aura lieu dans six mois et 14 jours.
"Don't Look Up", comédie réalisée par Adam McKay, 'si absurde qu'elle en devient réaliste' selon des internautes, regroupe un casting impressionnant. En plus de Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence et Rob Morgan, Meryl Streep, Cate Blanchett, Kid Cudi ou encore Ariana Grande se joignent à la fête.
L’apocalypse en accéléré
Anne-Lise Melquiond, qui a analysé la manière dont les fictions représentent la fin du monde ou l’apocalypse dans son livre "Apocalypse show, quand l’Amérique s’effondre", a visionné "Don’t Look Up".
Elle estime que "le film est intéressant, parce que la vision de la fin des temps change. C’est un film apocalyptique, et non post-apocalyptique: il n’y aura pas d’après. Les fictions que j’aborde dans mon livre parlent d’une catastrophe, mais elles étirent un moment qui n’en finit pas de ne pas finir. C’est de la survie, de la débrouille. 'Don’t Look Up' est dans la temporalité inverse: le temps ne s’étire pas, il s’accélère", explique-t-elle ainsi à la RTS.
>>À regarder, la bande-annonce de "Don't Look Up":
Un parallèle avec la crise climatique
Le synopsis du film, deux scientifiques qui alertent le monde, mais qui ne sont pas écoutés, rappelle ce que nous vivons aujourd'hui avec la crise climatique: "De nombreux scientifiques sont d’ailleurs extrêmement heureux de la sortie du film, qui pourrait éveiller un peu les consciences, précise l’autrice. Ils s’identifient aux deux héros du film, car ils vivent cette situation au quotidien. Au-delà de cette métaphore du désastre écologique, le film est tourné pendant la pandémie. La métaphore s’élargit alors à un désastre civilisationnel."
Mais comment expliquer un tel succès? "Je pense que le public a un désir de catastrophe, d’apocalypse. Nous jouissons d’un spectacle qui nous raconte comment nous allons mourir. Il y a dans ce spectacle quelque chose de cathartique. Ce n’est pas le premier film à connaître un tel succès. Mais dans ce cas précis, comme nous sommes nous-mêmes des personnages pris dans une catastrophe écologique et sanitaire, nous nous divertissons encore plus de ce genre de fiction."
Une claque
Lorsque Leonardo DiCaprio parle de la fin du film lors d’une interview pour le Los Angeles Times, il la définit comme "une véritable claque au visage". Un avis que partage Anne-Lise Melquiond: "Le film tient ses promesses. C’est un décompte apocalyptique, il nous reste six mois et 14 jours à vivre. La fin du film est la fin du monde. Contrairement au film 'Armageddon' ou à la série '24 heures chrono', où un héros sauve toujours le monde, ici le déni n’est plus possible. Nous ne pouvons qu'admirer le spectacle."
Propos recueillis par Pietro Bugnon et Thibaut Schaller
Adaptation web: Myriam Semaani
"Don’t Look Up: Déni cosmique", de Adam McKay, à voir sur Netflix.
"Apocalypse show, quand l'Amérique s'effondre", Anne-Lise Melquiond, éd. Playlist Society.