Solange a 13 ans. C'est une jeune adolescente pleine de vie et de curiosité. Elle est sentimentale à l'excès, et adore ses parents. Un jour, ses parents se disputent, se fâchent, commencent à s'éloigner. Tandis que l'ombre du divorce se précise, Solange voit son monde se fissurer. Alors elle va s'inquiéter, réagir, souffrir, bref y croire encore. C'est l'histoire d'une jeune ado trop tendre qui voudrait une chose impossible: que l'amour jamais ne s'arrête.
Des films sur le divorce, il y en a beaucoup. Ce qui est inédit dans "Petite Solange", c'est que la séparation est vue au travers des yeux d'une adolescente. "J'ai été adolescente dans les années 1980. C'est vraiment une génération qui a vu ses parents divorcés en masse. A l'époque, c'est passé inaperçu et avec le recul, je me suis dit que c'était quand même une expérience incroyablement douloureuse. J'ai puisé là-dedans et j'ai voulu raconter ce chagrin si large et si universel, et si peu traité qui est: qu'est-ce que la fin d'une famille pour un enfant", explique à la RTS la réalisatrice Axelle Ropert.
Le divorce au coeur du film
Aujourd'hui, on ne montre plus du doigt les enfants de divorcés. Intimement, pour les enfants et les parents, ce n'est pourtant pas un événement banal. Dans les années 1980, les disputes et les divorces étaient un peu honteux, se souvient Axelle Ropert. Croire en l'amour et voir qu'il peut se terminer, c'est ce que voulait montrer la réalisatrice.
Jade Springer joue Solange. Axelle Ropert voulait un visage qui porte le film. Son modèle: Jean-Pierre Léaud dans "Les 400 coups". Jade Springer, c'est le petit miracle de la réalisatrice. Une jeune fille originale dans la vie, qui n'avait jamais joué. "Jade, je ne lui ai jamais raconté mon histoire, je n'ai jamais cherché à la ramener de force dans mon histoire à moi. Je l'ai laissée avec sa sensibilité et l'ai laissée avec des choses très simples, très précises et très concrètes", explique Axelle Ropert.
"Petite Solange" raconte une histoire d'amour universelle entre une jeune fille qui adore ses parents, et un chagrin universel avec cette jeune fille qui va perdre les gens qu'elle aime le plus au monde. Cette famille d'une grande simplicité nécessitait des acteurs d'une grande finesse avec un brin d'originalité, d'où le choix de Léa Drucker et Philippe Katerine dans le rôle des parents.
Un récit salvateur
Dans son film, la réalisatrice dépeint un monde plutôt hostile à l'égard des enfants et des adolescents. Un contraste avec cette jeune Solange qui attendrit. "Je trouve que nous, adultes, on a fabriqué une vie dure à nos enfants. Je trouve que l'adolescence est une période très difficile", explique la cinéaste.
"Petite Solange" est un film qui se situe à notre époque, mais qui raconte le chagrin de toute une génération, qui appartient à tous les gens qui ont perdu quelque chose pendant leur enfance ou leur adolescence. Raconter quelque chose de collectif, c'est ce qu'a voulu faire Axelle Ropert: "Donner forme à des choses qui étaient juste informes et violentes au moment où on les a vécues. [...] Je pense que l'art est quelque chose qui sauve et que réussir à donner une forme a quelque chose qui était violent, brutal et subi, c'est salvateur. Aussi salvateur que faire une thérapie".
Avec "Petite Solange", Axelle Ropert réussit à traiter avec retenue et sans violence, à hauteur d'adolescence, avec douceur et mélancolie, le sujet universel du divorce.
Propos recueillis par Anne-Laure Gannac
Adaptation web: Lara Donnet