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Gérard Depardieu incarne le commissaire Maigret, héros de la littérature populaire

Le réalisateur Patrice Leconte présente "Une promesse", son nouveau film. [AFP - Bertrand Guay]
L'invité: Patrice Leconte, "Maigret" / Vertigo / 24 min. / le 18 février 2022
"Maigret", dernier film de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu, Jade Labeste et Mélanie Bernier est une adaptation cinématographique du roman "Maigret et la jeune morte" de Georges Simenon, publié en 1954. A voir actuellement dans les salles romandes.

Le film de Patrice Leconte tiré du roman "Maigret et la jeune morte" s'intitule seulement "Maigret". "L'idée d'appeler le film simplement 'Maigret' était de le faire échapper à la notion de série, de proposer notre Maigret, autant le mien que celui de Depardieu", explique le réalisateur français à la RTS.

Patrice Leconte est un grand admirateur de Georges Simenon qu'il lit régulièrement: "C'est un auteur qui m'a toujours emballé, emporté, plu, touché". Maigret, c'est un personnage emblématique que Patrice Leconte et le scénariste Jérôme Tonnerre ont décidé de porter à l'écran.

Gérard Depardieu, la gueule la plus connue du cinéma français, prête ses traits à cette légende de la littérature populaire, vue des centaines de fois à l'écran, et revisitée dans un film intime et crépusculaire. Après Michel Simon, Jean Gabin ou encore Bruno Cremer à la télévision, Depardieu enfile à son tour l'imperméable du célèbre commissaire. Son Maigret est un policier usé par le temps, auquel son médecin a ordonné d'arrêter de tirer sur son éternelle pipe.

Une jeune inconnue morte en pleine rue

L'inspecteur du 36, quai des Orfèvres, le QG historique de la police judiciaire parisienne, doit élucider la mort d'une jeune inconnue retrouvée morte en pleine rue. Maigret va rapidement identifier la victime, une jeune femme modeste, Louise (Clara Antoons), montée à Paris pour tenter de gagner sa vie. Elle a croisé le chemin d'un couple de jeunes bourgeois décadents, Jeanine (Mélanie Bernier) et Laurent Clermont-Valois (Pierre Moure), qui organisent des parties fines avec de jeunes filles rarement consentantes dans les beaux quartiers de la capitale française.

Pour mener l'enquête, Maigret va se rapprocher d'une jeune délinquante, Betty (Jeanne Labeste), qu'il va prendre sous son aile, frappé par une ressemblance étrange avec la victime - clin d'oeil à "Sueurs froides" d'Hitchcock.

Une quête psychologique plus qu'une enquête

Le réalisateur des "Bronzés" et "Ridicule", qui sort d'une traversée du désert avec plusieurs projets qui ont tourné court, a ainsi choisi pour son retour l'une des enquêtes les plus "introspectives" du commissaire, "Maigret et la jeune morte". Exit l'intrigue policière et les énigmes - qui chez Simenon aussi d'ailleurs ne sont souvent que des prétextes - au profit d'une quête plus psychologique, centrée sur les tourments du commissaire, renvoyé à la mort de sa propre fille.

Lorsque Georges Simenon écrit "Maigret", il passe pas de nombreuses ellipses et créé tout un univers qui ressemble déjà beaucoup à du cinéma. Un challenge donc à mettre à l'écran pour Patrice Leconte et Jérôme Tonnerre: "Il faut prendre des libertés importantes et c'est ce qu'on a fait en écrivant cette adaptation. Il faut éviter les clichés, les choses trop convenues [...]. Il ne faut pas se contenter d'être illustrateur de ce qu'il a écrit, ce n'est pas suffisant", explique le réalisateur.

Il faut se prendre un peu pour Simenon et inventer d'autres choses. D'ailleurs, on a pris des libertés formidables. Ce n'était pas pour être meilleur que Simenon, c'était pour être dans son sillage. Il est à la base des libertés que l'on a prises.

Patrice Leconte, réalisateur

Georges Simenon est un auteur qui n'avait pas son pareil pour décrire les choses avec précision et simplicité. Patrice Leconte essaie quant à lui de s'en tenir à cette simplicité dans chaque plan de son film. "Maigret et la jeune morte", paru en 1954, est l'un des livres de la "période américaine" de l'écrivain belge qui a passé dix ans de sa vie aux Etats-Unis.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: ld et agences

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