Dans "La Mif", Frédéric Baillif plonge au coeur d'un foyer pour adolescentes

Frédéric Baillif est un homme heureux. Cet ex-joueur de basket semi-professionnel et ex-travailleur social dans la vraie vie a choisi de faire du cinéma pour vraiment rencontrer les adolescents qu’il ne faisait que croiser.

Il y a eu le documentaire "Geisendorf" (2006), du nom d’un parc genevois dans lequel traînent des jeunes dont le seul but est d’importuner les passants. Puis, il y a eu sa première fiction, "Tapis rouge" (2014), l’histoire de huit jeunes Lausannois issus de quartiers défavorisés qui rêvent de tourner un film. Un road movie épatant tourné avec une bande du quartier de Praz-Séchaud.

Epatant à tel point que le réalisateur genevois récidive dans cette voie, celle du film à mi-chemin entre fiction et documentaire, avec cette fois dans "La preuve scientifique de l’existence de Dieu" (2019) de vieux militants pacifistes constitués d’acteurs professionnels et d’amateurs ou, pour reprendre l’expression du réalisateur, des acteurs naturels.

LA MIF - Trailer_OV2- AFE from Aardvark Film Emporium on Vimeo.

Un long métrage multirécompensé

Comme dans "La Mif", son dernier film qui nous plonge au cœur d’un foyer d’accueil pour adolescentes. Ici, les actrices naturelles ont toutes un passé cabossé et vécu en foyer, et les éducateurs sont de vrais éducateurs. Comme une famille, elles ne se sont pas choisies et elles vivent sous le même toit. Lorsqu'un fait divers met le feu aux poudres, c'est tout un système sclérosé et rétrograde qui se révèle au grand jour.

>> A écouter aussi, une interview de la jeune actrice Anaïs Uldry :

RTS - Freshprod

"La Mif", ses dialogues improvisés et sa dimension engagée ont été multirécompensés au Festival de Berlin l’an passé notamment, avec le premier prix dans la catégorie "Generation 14plus". Le film est aussi nominé à six reprises pour les prochains Prix du cinéma suisse.

"En faisant beaucoup de documentaires, j'ai réalisé que je manquais de liberté. Et j'ai eu tendance sur la fin à manipuler un peu la réalité, ce qui me posait un gros problème éthique. Aller dans la fiction a ainsi été une véritable libération. Et en venant du documentaire, j'ai gardé une façon très intuitive de travailler sans forcément faire des découpage très précis mais en prenant ce qui s'offre à moi. C'est pour cela qu'il y a beaucoup d'improvisation dans mes fictions", explique à la RTS Frédéric Baillif qui a souhaité donner une dimension sociale forte à son film.

Sujet et entretien TV: Julie Evard

Adaptation web: olhor