"L'ombre d'un mensonge" de Bouli Lanners, film d'une émouvante pudeur

Même si Bouli Lanners dit être devenu acteur par hasard, il faut croire que ça lui a plu puisque cela fait plus de trente ans qu'on voit son corps de bûcheron tatoué et barbu dans les films de ses amis Gustave Kervern, Benoît Delépine, Albert Dupontel ou Samuel Benchetrit. Mais également dans ceux de Dany Boon, Laurent Tirard, Jacques Audiard et même dans la deuxième saison de la série "Hippocrate".

Après quatre longs métrages réalisés par ses soins et peuplés de perdants jamais vaincus, il est de retour derrière la caméra avec "L’ombre d'un mensonge", son premier film d’amour tourné en Ecosse et en anglais.

Un amoureux de l'Ecosse

"Ça faisait longtemps que je voulais faire un film en Ecosse car j'adore cet endroit, explique Bouli Lanners à la RTS. Je m'étais installé sur l'île de Lewis pour écrire un thriller, ce qui n'était vraiment pas une bonne idée. Et puis, le décor, la musique des Soulsavers que j'écoutais sur place et le 'dress code' des presbytériens... Je me suis dit il y avait tout le décorum pour faire une histoire d'amour."

"L’ombre d’un mensonge" suit Phil, un Belge exilé dans une petite communauté presbytérienne de l'île de Lewis, au nord de l’Ecosse, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Une nuit, il est victime d’une attaque qui lui fait perdre la mémoire. A son retour de l’hôpital, Millie, une femme de la communauté incarnée par Michelle Fairley (la Catelyn Stark de "Game of Thrones") s'occupe de lui. Alors qu’il cherche à retrouver ses souvenirs, cette dernière prétend qu’ils s’aimaient en secret avant son accident.

Un film très personnel

En plus de réaliser de magnifiques images de cette nature écossaise qu'il aime tant, Bouli Lanners endosse le rôle principal masculin de son film.

"Au départ, je n'avais pas écrit ce rôle pour moi, mais pour un comédien italien tout petit et tout chétif, indique le réalisateur. J'avais peut-être choisi un type qui était physiquement à l'opposé de moi pour mettre un filtre de plus. Quand on m'a dit: 'il n'y a que toi qui peux le faire' et que j'ai accepté, je me suis dit: 'assumons que c'est basé sur des choses qui me sont quand même très intimes'. A tel point que j'ai appelé le personnage Phil qui est mon vrai prénom puisque je m'appelle Philippe".

>> A écouter, une interview de Bouli Lanners à propos de son film "L'ombre d'un mensonge" :

Frenetic Films

Bouli Lanner, un acteur pudique

En tant qu'acteur, il avoue que les scènes de tendresse ont été très difficiles à jouer pour quelqu'un d'aussi pudique que lui. "Ma femme qui a réalisé les costumes était sur le plateau et ça m'a beaucoup aidé. Ça m'a permis de me sentir à l'aise dans mon corps que je n'aime pas et de vivre cette histoire en parallèle de ma vraie histoire d'amour."

Il n'a cependant pas souhaité jouer de scène d'amour. "Dans certains films, ça raconte quelque chose, mais ici ça n'aurait rien raconté."

Propos recueillis par Julie Evard et Anne Laure Gannac

Adaptation web: aq