Le réalisateur franco-polonais Roman Polanski est en train de tourner son prochain film dans un palace de la station bernoise. Les rares passants sont au courant: "C'est absolument immoral et dégoûtant mais le passé c'est le passé, il faut vivre dans le présent", déclare l'un d'eux dans le 19h30. "Il devrait se mettre en retraite", dit un autre.
Plusieurs femmes accusent en effet le cinéaste d'agressions sexuelles. L'une affirme avoir été abusée, à Gstaad, dans le chalet du réalisateur, en 1975.
>> Lire : Une Française accuse Roman Polanski de l'avoir violée en 1975 en Suisse
Réputé pour son luxe discret, le village ne voit pourtant que des avantages à ce tournage.
"Je ne vois pas d'inconvénient à la présence de Roman Polanski dans le palace, qui est le navire amiral de Gstaad. Pour moi, c'est une publicité pour la région, pour le palace, pour l'hôtel, ça ne peut être que positif", déclare dans le 19h30 Walter Heer, conseiller à la commune
Un budget de 13 millions
Le nouveau film de Roman Polanski a un budget de 13 millions mais aucun financement public suisse n'a été accordé. C'est l'Italie qui le finance majoritairement.
Contactée, l'équipe du tournage n'a pas souhaité s'exprimer. CAB production, seule société suisse à co-financer et co-produire ce film, ne veut pas répondre non plus. Joint par téléphone, le producteur assume et dit n'avoir aucun problème à travailler avec Roman Polanski, "le plus grand réalisateur de son temps".
Pétition
Mais ce tournage est contesté. Des femmes travaillant dans le milieu de la culture sont à l'origine d'une tribune parue jeudi dans la presse.
"Ne rien dire quand un homme comme Polanski, qui a une grande assise médiatique, fait un film, c'est aussi envoyer le signal à tous les agresseurs potentiels ou en action qu'en fait ce n'est pas grave. Ils peuvent tout à fait commettre des crimes sexuels sans en subir les conséquences", déplore Elena Avdija, membre du collectif de rédaction, dans le 19h30.
Le texte a reçu plus de 160 signatures, dont des personnalités du milieu artistique et politique romands.
Camille Rivollet/lan