Publié

Le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius tué à Marioupol

Mantas Kvedaravicius, réalisateur lituanien de 45 ans, a été tué samedi en tentant de quitter Marioupol, ville portuaire du sud-est de l'Ukraine assiégée par les forces russes, a annoncé dimanche l'armée ukrainienne.

"Les occupants russes ont tué le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius (...) alors qu'il tentait de quitter Marioupol", a indiqué sur Twitter l'agence de presse du ministère ukrainien de la Défense.

La mort du documentariste a également été annoncée par le réalisateur russe Vitali Manskiy, fondateur du respecté festival moscovite Artdocfest auquel Mantas Kvedaravicius avait déjà été convié.

Il "a été tué aujourd'hui à Marioupol, caméra à la main, dans cette guerre merdique du mal contre le monde entier", a écrit Vitali Mansky sur Facebook. Sur Twitter, le ministère lituanien des Affaires étrangères s'est dit "choqué" par l'annonce de sa mort.

"Il a été tué à Marioupol, où il documentait les atrocités de guerre de la Russie", poursuit le message de la diplomatie lituanienne.

Un familier du festival Visions du réel

Né en 1976, Mantas Kvedaravicius avait suivi des études d'anthropologie et d'archéologie avant de se lancer dans le film documentaire.

Il s'était fait connaître en 2011 avec "Barzakh", puis en 2016 avec "Mariupolis", tourné à Marioupol où il a trouvé la mort. Ce documentaire est un portrait poignant d'une cité sinistrée et de ses habitants qui tentaient de continuer à vivre alors qu'ils étaient exposés à la menace d'une guerre.

Présenté pour la première fois au Festival international du film de Berlin, "Mariupolis" avait été sélectionné dans plusieurs festivals dont Visions du Réel à Nyon. Familier du festival, il y sera membre du jury en 2019.

Un cinéma très sensoriel

Interrogée par la RTS, Emilie Bujès, directrice artistique du festival, se souvient "d'un homme très calme et charismatique. Il avait une approche intellectuelle et quasi philosophique. Il réfléchissait, pensait beaucoup et assumait cette position d'observateur".

Concernant "Mariupolis", elle se rappelle avoir eu une sensation très forte et physique de cette plongée dans le film et dans la vie des êtres qu'il présentait. Mantas Kvedaravicius proposait un "cinéma très sensoriel, dans l'expérience et dans le rapport au corps".

Et la directrice artistique de préciser que le festival nyonnais qui se tiendra du 7 au 17 avril organise un hommage au réalisateur avec une projection de "Mariupolis" le vendredi 8 avril à 20h45 au Capitole Fellini, afin de "passer une heure et demie avec Mantas Kvedaravicius et avec cette ville qui n'existe plus comme elle a pu exister dans le film. Ca sera un moment important pour nous tous ici", conclut-elle.

Par ailleurs, une table ronde "Ukraine, filmer en résistance" offrira le jeudi 14 avril une tribune aux jeunes cinéastes, producteurs et productrices ukrainiens qui se tiennent actuellement aux côtés de leurs compatriotes.

Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert

Réalisation web: aq avec ats

Publié