A la veille d'un vote pour entériner la construction d'un parc de loisir à la place d'une forêt primaire, un maire de la droite décomplexée (Jonathan Cohen) essaie de corrompre un confrère écologiste (Vincent Macaigne).
Après une soirée un peu trop arrosée, ils se font piéger par de jeunes activistes féministes (India Hair, Jehnny Beth) et se retrouvent littéralement collés l'un à l'autre. Commence alors un road movie en trotinette et voiture électrique pour ces deux politiciens que tout oppose.
L'écologie et le féminisme
Pour leur dixième long métrage, Gustave Kervern et Benoît Delépine, auteurs des sketches de "Groland" sur Canal+, proposent un film comique sur la politique française qui montre un patriarcat vieillissant contrebalancé par un féminisme combattant, avec au centre la question cruciale de l'écologie.
Malgré ce choix de thématiques actuelles et une sortie calibrée à quelques jours du premier tour des élections présidentielles en France, le but du duo n'est pas de donner des leçons ou de prendre parti.
Un des propos du film est de montrer qu'"à chaque fois qu'on prend une décision politique, on essaie de ménager la chèvre et le chou. Et ça ne va pas, explique Gustave Kervern à la RTS. C'est l'absurdité de ce monde que l'on a voulu pointer, comme on l'a fait dans nos autres films."
Questionnés sur leurs influences, les deux réalisateurs citent le dadaïsme. Ils vont d'ailleurs rendre hommage à ce mouvement artistique né au début du 20e siècle à Zurich sous la forme d'un "acte et pas d'un film" en 2024, année qui marquera le centenaire du film "Entr'acte" de René Clair.
Cette absurdité du monde politique, le duo de réalisateurs l'a traduite dans "En même temps" en comique et en burlesque. Ici tous les protagonistes sont caricaturaux et l'on fait face à de nombreux clichés. Un humour potache qui séduira les amatrices et amateurs du genre et laissera une partie des autres sur la touche.
Un humour potache, mais pas que...
Comme son titre le laisse peut-être aussi entendre en plus d'être une référence à une expression chère à Emmanuel Macron, président de la République française, "En même temps" propose plus que cette surenchère de clichés et d'humour poussif. Il a su séduire, du moins en partie, les critiques cinéma de la RTS.
Si Rafael Wolf regrette que ce film reste, comme ses personnages, collé à son idée de départ et n'ait pas su évoluer vers une certaine folie présente dans d'autres productions du duo de réalisateurs, Judith Beauvallet a fini par être séduite au moment où le ridicule des personnages se transforme en tendresse. "C'est un film qui n'est finalement pas fait pour être vraiment drôle. Il n'est pas ce qu'il annonce être au départ et s'avère au final très pertinent, original et surprenant", souligne-t-elle.
C'est un film qui n'est finalement pas fait pour être vraiment drôle. Il n'est pas ce qu'il annonce être au départ et s'avère au final très pertinent, original et surprenant.
Quant à Robin Adel, iel souligne le très beau casting et estime que malgré la lourdeur de certains clichés, "En même temps" trouvera son public, mais suggère qu'il fera sans doute plus rire en France qu'en Suisse. "La moralité de ce film, analyse-t-iel, c'est de se dire que si on mettait deux politiciens de bords opposés ensemble et qu'on les faisait communiquer, on arriverait peut-être à faire quelque chose. Mais finalement c'est déjà ce qui se passe en Suisse et ça ne fonctionne pas si mal."
Andréanne Quartier-la-Tente