Publié

Marco Bellocchio: "Cette rage que j'avais à 20 ans, je ne l'ai plus"

Le cinéaste Marco Bellocchio est l'invité d'honneur des Visions du réel. Il a reçu la plus haute distinction du festival.
Le cinéaste Marco Bellocchio est l'invité d'honneur des Visions du réel. Il a reçu la plus haute distinction du festival. / 19h30 / 2 min. / le 12 avril 2022
Après une Palme d’honneur pour l’ensemble de sa carrière à Cannes l'année passée, c’est à Visions du Réel que le réalisateur Marco Bellocchio a reçu lundi soir la plus haute distinction du festival nyonnais. Il y présente son dernier documentaire, "Marx peut attendre".

"Pour un artiste, c'est important de savoir que d'autres personnes apprécient ton travail", a indiqué à la RTS le réalisateur Marco Bellocchio après avoir reçu lundi soir un Prix d'honneur au festival Visions du Réel qui se tient actuellement à Nyon.

"Le traître", "Vincere", "Au nom du père", "Le diable au corps", depuis cinq décennies, les films de Marco Bellocchio sont appréciés et le cinéaste italien respecté depuis "Les poings dans les poches" (1965), primé au Festival du film de Locarno la même année et considéré comme précurseur des mouvements sociaux de Mai 68. Une oeuvre qui n’a eu de cesse de critiquer toutes les institutions.

"Je n'ai pas fait ce documentaire pour me condamner"

A Nyon, Marco Bellocchio a présenté en avant-première "Marx can wait" ("Marx peut attendre", 2021), un documentaire qui traite du suicide de Camillo, son frère jumeau de 29 ans, en 1968. A travers sa famille, le cinéaste fait revivre l'histoire de ce frère, sans filtres ni pudeur. Une tragédie intime dont le cinéaste italien ne s'est jamais remis et qui est à la fois source de culpabilité et d'inspiration.

"Cette rage que j'avais à 20 ans, je ne l'ai plus", explique le cinéaste à la RTS. "'Marx peut attendre' est un film profond, engagé et courageux, mais il n'y a pas de rage contre ma mère ou de colère contre mon père ou contre la classe bourgeoise. Il y a par contre une recherche de compréhension. Pourquoi cette tragédie a-t-elle eu lieu?"

Dans ce film, "c'est moi-même que je mets en jeu", continue Marco Bellocchio, je n'ai pas fait ce documentaire pour me condamner, mais c'est une réalité, une reconnaissance et c'est très important de la verbaliser". A 82 ans, Marco Bellocchio continue d’interroger inlassablement l'histoire intime et collective.

Propos recueillis par Julie Evard et Eliane Ruckstühl

Adapation web: aq

"Marx peut attendre" à Visions du réel, Théâtre de Marens, Nyon, le ve 15 avril à 20h30.

Publié