Juan Blanco (Javier Bardem) est à la tête d’une usine de balances. Il dirige son établissement à l’ancienne, en se considérant comme un père pour ses employés. Il est à l’écoute de leurs problèmes et les aide à les régler, y compris lorsqu’il s’agit de problèmes dépassant le cadre du travail. Son objectif: remporter le prix de l’entreprise de l’année.
Pourtant, l’apparente bienveillance du patron n’est qu’une façade. Avide de pouvoir, Juan Blanco est atteint de nombreux vices, dont la manipulation et le harcèlement sexuel. Mais comme le prix pourrait bien sauver son usine de la faillite, il tente de sauver les apparences. Cependant, entre son ex-employé qui manifeste devant le bâtiment contre son licenciement, un employé modèle en pleine crise conjugale et une stagiaire qui menace de révéler les adultères du patron à son épouse, le prix est loin d’être gagné.
Un carton en Espagne
Le réalisateur espagnol Fernando León de Aranoa signe avec "El buen patrón", ("Le bon patron") une comédie sociale et pince-sans-rire, critique indirecte des petits patrons provinciaux, voire des entreprises et du système capitaliste.
Le film a obtenu un grand succès en Espagne où il a été récompensé de nombreux prix, dont le prix Goya – l’équivalent espagnol de la Palme d'or du Festival de Cannes – du meilleur film et du meilleur acteur, et le Platino Award pour le meilleur réalisateur et le meilleur acteur. Javier Bardem interprète en effet un antihéros aussi drôle que cruel, sans pour autant plonger dans les clichés du bourgeois provincial.
Une jolie comédie qui aurait pu aller plus loin
Dans le débat cinéma de "Vertigo" sur la RTS, le journaliste du Temps Stéphane Gobbo apprécie les gags parfois très grinçants du film: les jeunes stagiaires marketing pesées sur des balances à bestiaux et le patron qui considère ses employés comme sa famille. Pourtant, il possède une grande maison avec piscine, mais les paie modestement. En revanche, "le message social ne va pas très loin" et la comédie "reste assez légère malgré la gravité du drame final", estime-t-il.
Quant au critique Vincent Adatte, il trouve que le film est "une jolie comédie qui aurait pu être plus radicale dans son approche." Javier Bardem parvient à rendre son personnage sympathique, "malgré son cynisme". En se concentrant sur les cas des différents employés, le film dépeint un "catalogue de ce que peut être le petit capitalisme familial d'une certaine époque". La métaphore des balances fabriquées par l'entreprise aurait pu également être mieux exploitée: en effet, qu'est-ce qui fait qu'une entreprise est équilibrée?
Myriam Semaani
"El Buen Patròn" de Fernando León de Aranoa, à voir dans les salles romandes.