Pour composer la programmation 2022 du festival, l'équipe du NIFFF a visionné pas moins de 800 films provenant du monde entier. La preuve de la vitalité du cinéma fantastique, dont le festival neuchâtelois propose une signification assez large.
"Nous sommes dans une définition du fantastique inclusif et protéiforme qui accueille toute cinématographie, thématique ou esthétique. Avec notre définition du fantastique, les films peuvent être extrêmement différents. Dès qu'un élément du film sort de la réalité établie, qu'une chose, un événement ou une notion inattendue font irruption dans le réel", le film entre dans les critères du festival, explique vendredi dans La Matinale Pierre-Yves Walder, le nouveau directeur général et artistique.
De même, les critères de sélection des films ne sont pas figés. "On aime la relève, les jeunes réalisatrices et réalisateurs, les nouveaux regards. L'esthétique et l'univers que peuvent proposer les réalisateurs et réalisatrices nous intéresse aussi, il y a aussi des cinéastes dont on suit le travail. Mais il y aussi des découvertes, des coups de coeur. Le paramétrage est assez subtil et instinctif", poursuit Pierre-Yves Walder.
Joyce Carol Oates en invitée d'honneur
Dans une dynamique interdisciplinaire, le NIFFF aime explorer les liens entre littérature et cinéma. Cette année, l'écrivaine américaine Joyce Carol Oates, multi-finaliste au Prix Pulitzer, est l'invitée d'honneur du festival. L'auteure prolifique dans des genres comme l'horreur, le gothique et le thriller psychologique présidera aussi le jury international. Elle donnera une conférence le 7 juillet à 17h00.
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Entièrement en présentiel
En raison de la pandémie, le NIFFF avait vécu une édition exclusivement en ligne en 2020 et un mélange hybride entre salles et streaming en 2021. Quelque 34'921 festivaliers avaient été dénombrés l'an dernier. Le festival retrouve ses salles à pleine capacité pour cette édition.
Avec une nouvelle équipe, le NIFFF est dans le renouveau et propose une nouvelle thématique intitulée Scream Queer. Une vingtaine de titres dédiés aux représentations des communautés LGBTIQ+ dans le cinéma fantastique y seront projetés.
La 21e édition s’ouvre vendredi avec la première internationale du drame mystique "Les cinq diables" de Léa Mysius avec Adèle Exarchopoulos et s’achèvera le 9 juillet avec la première suisse du film d’animation "I Am What I Am" de Sun Haipeng. Le prix Narcisse H.R. Giger, doté de 10'000 francs, sera remis lors de cette cérémonie de clôture.
Plus de quarante premières suisses
La sélection officielle présente onze premières mondiales, dix premières internationales, sept premières européennes et 44 premières suisses. La relève est à l’honneur avec deux premières internationales: le récit psychotique "Hypochondriac" de l’Américain Addison Heimann, qui plonge dans l’inconscient torturé de son personnage, ainsi que "Nos cérémonies", premier long-métrage du Français Simon Rieth, aussi solaire que funèbre.
Deux représentantes de la nouvelle génération de cinéastes latino-américains seront présentes à l’occasion de la première européenne du démoniaque "Huesera" de la Mexicaine Michelle Garza Cervera, aux côtés de la fable écologiste et mélancolique chilienne "The Cow Who Sang A Song Into The Future" de Francisca Alegría.
La compétition retrouve également les auteurs qui ont marqué le festival. Le duo franco-lituanien Kristina Buozyte et Bruno Samper sera présent avec le récit post-apocalyptique "Vesper", tout comme l'Italien Gabriele Mainetti qui aborde le fascisme à travers le parcours de quatre créatures aux pouvoirs surnaturels avec "Freaks Out" ou le duo américain Justin Benson et Aaron Moorhead avec "Something In The Dirt", thriller science-fictionnel décalé aux accents complotistes.
Des productions présentées à Cannes
Deux premières mondiales seront projetées dans la compétition asiatique. La section non compétitive Third Kind va dédier une place centrale aux genres connexes du fantastique et accueille cette année les avant-premières helvétiques de productions qui ont brillé à Cannes, comme par exemple le thriller crépusculaire sur une société iranienne aux prises avec ses démons avec "Holy Spider" d’Ali Abbasi.
La section de prédilection des amateurs de sensations fortes Ultra movies va à nouveau convoquer les propositions les plus extrêmes et radicales.
Le 4 juillet, le NIFFF diffusera "La chambre", un téléfilm d’anticipation de 1982 coproduit par la TSR et œuvre du réalisateur Yvan Butler, 92 ans, qui sera présent au festival.
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Les labels gratuits NIFFF Extended, dédié aux nouvelles technologies, et NIFFF Invasion, grand public et pluridisciplinaire, complètent le festival. L'open air sur la Place des Halles a désormais une capacité de 522 places. Le public pourra découvrir ou revoir sous les étoiles des chefs-d'oeuvre classiques restaurés, comme "E.T l'extraterrestre" de Steven Spielberg, film qui fête ses 40 ans, ou "Psychose" d'Alfred Hitchcock.
mh avec ats