Agé de 62 ans, Jafar Panahi est l'un des cinéastes iraniens les plus primés, Prix du scénario à Cannes en 2018 avec "Trois Visages", trois ans après l'Ours d'or pour "Taxi Téhéran".
Artiste dissident, il a été condamné en 2010 à six ans de prison et vingt ans d'interdiction de réaliser ou d'écrire des films, voyager ou s'exprimer dans les médias, pour "propagande contre le régime", après avoir soutenu le mouvement de protestation de 2009 contre la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique. Il continuait cependant à vivre et à travailler en Iran.
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Arrêté à son arrivée au parquet
"Jafar Panahi a été arrêté aujourd'hui (lundi) à son arrivée au parquet de Téhéran pour suivre le dossier d'un autre réalisateur, Mohammad Rasoulof", détenu depuis vendredi, a annoncé Mehr.
Mohammad Rasoulof et son collègue Mostafa Aleahmad avaient été arrêtés par les autorités pour "trouble à l'ordre public". Ils sont accusés d'avoir encouragé des manifestations après l'effondrement d'un immeuble qui a fait 43 morts en mai dans le sud-ouest du pays, selon l'agence officielle Irna.
"Il n'y a toujours pas d'information sur la raison de l'arrestation de Panahi, son lien avec le dossier de Rasoulof ou avec d'autres personnes arrêtées la semaine dernière", a précisé Mehr.
De nombreuses arrestations
Ces derniers temps, les autorités iraniennes ont mené de nombreuses arrestations dont une figure du mouvement réformateur Mostafa Tajzadeh, détenu vendredi et accusé d'"activités contre la sécurité de l'Etat".
Mené par Mohammad Rasoulof, un groupe de cinéastes iraniens dont Jafar Panahi a publié fin mai une lettre ouverte appelant les forces de sécurité "à déposer les armes" face à la colère contre "la corruption" et "l'incompétence" des responsables, après le drame de l'effondrement de l'immeuble.
Les organisateurs du festival de cinéma La Berlinale, qui a décerné à Mohammad Rasoulof la distinction suprême en 2020, ont protesté la semaine dernière contre l'interpellation du cinéaste et de Mostafa Aleahmad, réclamant la libération des deux artistes.
afp/mh
Le festival de Venise exige la libération du cinéaste iranien Jafar Panahi
La Mostra de Venise, doyen des festivals de cinéma, a demandé mardi "la libération immédiate" du cinéaste et opposant iranien Jafar Panahi, interpellé lundi à Téhéran.
Dans un communiqué, la Biennale de Venise, qui chapeaute la Mostra, exprime sa "profonde consternation" après l'arrestation du réalisateur "pour avoir manifesté avec d'autres collègues contre l'arrestation de deux autres cinéastes, Mohammad Rasoulof et Mostafa Aleahmad".
"La Biennale de Venise unit sa voix aux nombreuses autres qui se sont élevées dans le monde pour condamner les actions de répression en cours, et demande la libération immédiate des réalisateurs arrêtés".
Cet appel intervient alors que le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahiana été reçu lundi à Rome par son homologue italien Luigi Di Maio.
Dans un communiqué publié lundi soir, le ministère italien des Affaires étrangères ne fait aucune mention de ces arrestations, qui ont créé un tollé dans le monde du cinéma.