Jean-Paul Belmondo est "Le Magnifique" dans le film de Philippe de Broca
Grand Format
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Les Films Ariane - Mondex Films / Collection ChristopheL via AFP
Introduction
Sorti en 1973, "Le Magnifique" de Philippe de Broca raconte l’histoire d’un écrivain, François Merlin, vivant par procuration les aventures rocambolesques de son héros de papier, Bob Saint-Clar. Un film sautillant, explosif et amusant qui permet à Jean-Paul Belmondo de donner le meilleur de lui-même.
Chapitre 1
Un romancier qui rêve d'être agent secret
Collection ChristopheL via AFP - Les films Ariane / Mondex film/Cerito
"Le Magnifique" commence comme le meilleur des films américains, par un extraordinaire morceau de bravoure: au Mexique, la cabine téléphonique, d’où un agent secret appelait son colonel, est enlevée par un hélicoptère et larguée avec son occupant au milieu de la mer. Des hommes grenouilles introduisent ensuite un requin dans la cabine…
Bob Saint-Clar, le meilleur agent secret du monde, est appelé à la rescousse. Il s’envole pour le Mexique où l’attend la belle Tatiana, agent secret elle aussi. Mais alors que le spectateur s'attend à voir la suite de cette aventure, brusquement, on change de décor et l'on se retrouve dans un appartement minable de la région parisienne où François Merlin tape à la machine les récits qui lui viennent à l’esprit.
L’auteur, petit Français moyen, en proie à des luttes quotidiennes et mesquines de la vie, se défoule dans ses écrits en se parant de toutes les vertus guerrières pour faire la chasse aux espions et séduire les femmes. Mais bientôt, jaloux de son héros que sa voisine lui préfère, il en fait un raté et retrouve une vraie personnalité. Enfin, il parvient à se libérer de son double de papier et à vivre sa vie.
Cette version absurde d’un James Bond tourne en dérision tous les codes des films d’espionnage et s'amuse de l’ultra violence du cinéma de l’époque.
Aux côtés de Jean-Paul Belmondo et de Jacqueline Bisset, on trouve dans "Le Magnifique" Vittorio Caprioli qui joue Georges Charron, l’éditeur et accessoirement le colonel Krapov, Monique Tarbès qui interprète la femme de ménage, Mario David, un ami de Philippe de Broca pour le rôle du contractuel myope et Jean Lefebvre dans celui de l’électricien.
Le film rencontre un gros succès à sa sortie de la part du public. La critique, elle, s'y ennuie. Un grand classique.
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Chapitre 2
Une histoire en deux temps
Mondex Films, (C) Les Films Ariane, Cerito Films / Collection ChristopheL via AFP
En 1972, Philippe de Broca n’est pas au meilleur de sa forme. Il vient de subir deux échecs commerciaux, "La Poudre d'escampette" et "Chère Louise". Il rêve de tourner un nouveau film d’aventure. Il adore ça. C’est alors qu’il se voit proposer un scénario par son ami le producteur Alexandre Mnouchkine. C’est un scénario de Francis Veber qui raconte cette histoire en deux temps, avec d’un côté l’écrivain et de l’autre son héros. Il le lit attentivement et est tout de suite captivé.
Il se rappelle: "Quand on m’a proposé le scénario du 'Magnifique', j’ai trouvé tout de suite l’idée brillante. Cette histoire d’un romancier besogneux qui écrit à la chaîne des livres policiers au rythme de deux par mois pour payer ses factures et la pension alimentaire de son ex-femme, et qui s’identifie à son héros, le célèbre agent secret Bob Saint-Clar, c’était très séduisant. Et puis, j’ai eu peur de la difficulté que représentait le passage constant de la réalité à l’imagination. Je me suis dit 'c’est rudement casse-gueule'".
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Il parle de ses doutes à Alexandre Mnouchkine qui essaie de le convaincre. Mais c’est finalement Jean-Paul Belmondo qui emporte sa décision. Les deux hommes rêvent de retourner ensemble depuis longtemps, ce film leur en donne l’occasion. Et surtout, pour Belmondo, c’est l’occasion de refaire des cascades et de s’amuser avec son ami Philippe sur le tournage.
"Pour moi, dit encore de Broca, c’est le film idéal. Il m’a permis de renouer avec le démon de l’aventure qui est en moi. Savez-vous que j’avais 19 ans quand j’ai parcouru l’Afrique caméra au poing? J’aime que le cinéma me donne l’occasion de voyager. Cette fois, nous avons parcouru le Mexique, tourné dans des hôtels de milliardaires ou sur d’immenses plages désertes, près des pyramides de Teotihuacan, dans les grands espaces, mais aussi sous la mer parmi de magnifiques cathédrales de corail."
"C’est un film sur les gens qui s’inventent une vie, ajoute encore le réalisateur. J’ai toujours été attiré par ce que hommes et femmes ont de plus secret en eux. Il y a eu déjà à l’écran des précédents célèbres comme 'Les Belles de nuit 'ou 'La vie secrète de Walter Mitty'. L’idée originale de Francis Veber, auteur de l’histoire, est de raconter l’aventure d’un écrivain dont on vit le roman."
Philippe de Broca veut que le personnage féminin - Tatiana/Christine - soit beaucoup plus étoffé que prévu dans le scénario. Mais Francis Veber n’est pas d’accord. Les rôles de femme, ce n’est pas son fort. De Broca ne lâche pas. Pour lui, il ne peut pas y avoir de film fort sans une vraie histoire d’amour, sans romance et donc un personnage féminin plus important.
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Pour se départager, les deux hommes font appel à un script doctor pour charcuter tout ça. Ils engagent Jean-Paul Rappeneau. Mais entre de Broca et Veber, le courant ne passe plus du tout. "Incompatibilité d’humour", dit le scénariste qui se retire et laisse le film se faire sans lui. À la première vision du film monté, Francis Veber demande à ce que son nom soit retiré du générique parce que le film qu’il voit n’est absolument pas son scénario initial.
"C’était une idée délicate à mettre en scène, explique Francis Veber. Car l’intrigue saute sans cesse de l’imaginaire à la réalité. Il y a une logique imperturbable dans la démarche de François Merlin. A l’investissement de la créature par son créateur succède la volonté de l’écrivain, du père, de détruire son fils de fiction, afin d’être aimé pour son propre compte. Il aurait fallu manier la parodie avec un peu plus de nuances dans la première partie du film afin que la température puisse monter jusqu’à la fin. Là, ça bout dès le départ et du coup, c’est en tous cas mon sentiment, la fin paraît tiède."
Il dira encore bien des années plus tard: "Cet auteur qui se prend pour ses personnages, c’est un peu moi. Mais je n’ai vraiment pas aimé la façon dont Philippe de Broca l’a réalisé et c’est pourquoi j’ai fait retirer mon nom du générique. C’est un film que j’aurais aimé faire et que j’aimerais pouvoir refaire un jour. De Broca en a fait une bouffonnerie, mais je pense qu’en le traitant de façon sincère, il pouvait être cent fois mieux."
Exit donc Francis Veber. Philippe de Broca mène seul son film sur deux plans, celui qui se déroule dans la réalité et celui qui visualise les récits de l’écrivain.
C'est une comédie, un film populaire destiné à faire rire et à distraire tout le monde
Chapitre 3
Philippe de Broca et les comédies d'aventures
AFP - Georges Bendrihem
Philippe de Broca de Ferrussac est né le 15 mars 1933 à Paris, la même année que Belmondo, dans une famille de vieille noblesse, sans beaucoup d’argent. Il se voit peintre, comme son grand-père, avant d’être découragé par celui-ci.
Fasciné très jeune par les clowns et le théâtre, le garçon a déjà un pied dans l’imaginaire. Il en est détourné par le spectacle désolant de la guerre, témoin incrédule du port de l’étoile jaune, du retour des déportés, de la tonte d’une collabo. Dès l’adolescence, il se rêve metteur en scène."Je voyais le cinéma autrement qu'à travers les acteurs. Je le voyais par les œuvres. Et j’ai eu très tôt la notion de ce qu'est l’œil cinématographique", dira plus tard le réalisateur.
Il suit le chemin de son père photographe en intégrant l’école de Vaugirard dont il sort diplômé en 1952. Pendant un an, il parcourt l’Afrique avec sa caméra. Les événements d’Algérie le rattrapent. Il est affecté au service cinématographique de l’armée jusqu'en 1957.
Et comme il a le cinéma dans la peau, il devient l’assistant d’Henri Decoin, avant de se laisser prendre dans la Nouvelle Vague. Piètres techniciens, Claude Chabrol et François Truffaut ont besoin des connaissances du caméraman aguerri qu’il est. En leur compagnie, il apprend son métier en crapahutant dans la Creuse pour "Le Beau Serge", se liant à Belmondo sur "A double tour", travaillant également sur "Les 400 coups". Il est premier assistant. Truffaut, qui n’a jamais connu les joies de l’assistanat, est obligé par des règlements corporatistes du cinéma français de recruter un technicien reconnu. Il trouve en de Broca un complice de son âge doublé d’un homme du métier.
Cette proximité entre de Broca et la Nouvelle Vague est encore accentuée par la genèse de son premier long métrage. Nous sommes en 1959, et il est prêt à s’émanciper. Chabrol lui avance les sous. Il fait "Les jeux de l'amour". Dès ce premier film, de Broca se révèle être, selon la formule de Truffaut, un "poète de la dérision", un "poète réticent". Mais surtout, le jeune réalisateur se voit intronisé unique comique de la Nouvelle Vague et repéré par des producteurs. Résultat, on lui propose un film de cape et d’épée et il tourne "Cartouche" avec Jean-Paul Belmondo.
Le duo se reforme à l’été 1963 avec une aventure qui change la destinée de de Broca. "L’homme de Rio" révèle à Belmondo son sens de la cascade et redéfinit le film d’aventure. Ils font encore ensemble "Les Tribulations d’un Chinois en Chine" en 1965.
Philippe de Broca se dit obsédé par son désir de faire de films sur le bonheur. "J’aime bien raconter des histoires sous forme de comédie (...) Mais ce que j’aime plus que tout, ce sont les comédies d'aventure. L’aventure pour moi, c’est une forme de rêve, un moyen de trouver la vie généreuse." Il se détourne néanmoins pour un temps du film d’aventure et subit des échecs financiers. Et c’est là qu'arrive "Le Magnifique" en 1972, proposé par Alexandre Mnouchkine.
"Une comédie, c’est ce qu'il y a de plus difficile à mettre en place et celle-ci m’a demandé six mois de travail sur un scénario pourtant fini, explique-t-il. Pour faire un sort à ces héros du cinéma d'aujourd'hui que l’on voit mourir en tombant au ralenti, il ne faut pas y aller en douceur, mais au contraire, avec de gros sabots. Il faut en remettre et on en a remis. Nous avons tiré plus de 10’000 balles de mitrailleuses et de revolver pendant les prises de vues et fait sauter une bonne demi-tonne d'explosifs."
Chapitre 4
Jean-Paul Belmondo et Jaqueline Bisset
Les films Ariane
Le film est porté Jean-Paul Belmondo, décontracté, d’une souplesse féline, d’un aplomb royal. Il devient le Magnifique, jouant soit Bob Saint-Clar, soit, avec la même allégresse, le sensible François Merlin, amoureux de sa voisine de palier.
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En 1972, c’est l’acteur qui insiste auprès d’un Philippe de Broca un peu tiède pour jouer "Le Magnifique". Quand il lit le scénario, il se marre dès le début de l’histoire.
Il raconte: "'Le Magnifique' me donnait aussi l’occasion de jouer deux personnages en même temps dont un qui était tout nouveau: celui d’un écrivain minable, paumé, mal rasé, aux abois, qui se venge des huissiers, contractuels, employés du gaz et de l’électricité, qui empoisonne son existence en leur réservant dans ses romans une mort atroce. Et celui d’un héros des services secrets, sorti de son imagination de romancier et auquel il s’identifie transformant sa voisine de palier, une étudiante sage et pure en vamp cynique et sophistiquée. Tout ça m’a fait beaucoup bosser. D’autant que dans le film, il y a un cocktail bien dosé de comique et d’action".
Belmondo précise encore: "le dosage c’est rudement important. Les cascades, j’adore, mais quand on peut aller un peu plus loin et jouer vraiment la comédie en même temps, alors c’est le pied. Surtout quand ça se passe en partie au Mexique et qu’on se réveille tous les matins pour courir, sauter, faire le guignol au soleil. (...) Si le public se marre autant que nous quand on a tourné le film c’est gagné."
Pour accompagner le comédien à l’écran, on engage l'actrice anglaise Jacqueline Bisset. Passée par Hollywood, elle débute au cinéma comme figurante ornementale, apparaissant chez Roman Polanski et Stanley Donen, puis devient la partenaire de Frank Sinatra et Steve McQueen. Elle joue dans "Bullit", dans "Airport" et dans "Le Détective" puis tourne "La nuit américaine" pour François Truffaut.
C’est Alexandre Mnouchkine, le producteur, qui la choisit. Le réalisateur, au début, n’est pas convaincu par la jeune actrice. D’autant qu’elle doit assumer un double rôle, vamp et sage étudiante.
"Nous étions nombreux à nous demander si elle serait vraiment crédible en Tatiana, la femme fatale de rêve, raconte le maquilleur Charly Koubesserian. Le jour où je lui ai fait le maquillage de Tatiana, je me suis rendu compte que cette fille, qui a des yeux superbes et possède un magnifique sourire, pouvait aller très loin dans la séduction."
Ce à quoi Philippe de Broca ajoute: "Jacqueline Bisset est une comédienne qui a su me séduire dans la vie après m’avoir séduit dans ses films. Elle est d’ailleurs le type même de la femme séduisante, celle que l’on a envie de prendre dans ses bras pour la protéger." Dans "Le Magnifique", elle n’a, néanmoins, nul besoin de protection.
Chapitre 5
Un tournage entre Paris et le Mexique
Les Films Ariane - Mondex Films / Collection ChristopheL via AFP
Le tournage du "Magnifique" se fait en deux temps et dans deux pays: la France et le Mexique. Le réalisateur se rend à Acapulco quelques mois avant le tournage pour faire des repérages. Le paysage est splendide, verdoyant à souhait. Il revient tout guilleret à Paris, n’ayant pas du tout réalisé qu’il est tombé en pleine saison des pluies et que le tournage se fera des mois plus tard, dans une végétation devenue sèche. "Il n’y avait plus que des palmiers avachis, une végétation toute grise, moche, assoiffée. Je ne savais plus où foutre la caméra."
On filme ce qu’on peut, et toute l’équipe déménage à Puerto Vallarta. Un laboratoire mexicain raye le négatif des premières scènes. On recommence. Jean-Paul Belmondo se tord gravement la cheville lors d’une cascade. On attend deux semaines qu’il se rétablisse. Le tournage recommence. Mais lorsque les prises de vues reprennent, l’équipe se heurte à des difficultés techniques certaines. Elles ont été prévues, mais quand même, ce n’est pas simple. La scène d’ouverture du film est l’enlèvement d’un agent secret dans une cabine téléphonique avec un hélicoptère qui largue ensuite la cabine dans la mer où des plongeurs insèrent un requin qui va manger l’agent secret.
C’est un fait: "Immerger une cabine téléphonique par dix mètres de fond dans des eaux infestées de requins, dit Philippe de Broca, dresser un miroir de 10 mètres de large et de 5 mètres de haut au milieu d’une route en lacets, et diriger un ballet d’hélicoptères au-dessus des pyramides Teotihuacan, ça pose quelques problèmes."
Pour le reste, le tournage se passe plutôt bien. "Mon romancier faisant intervenir dans la fiction, pour de courtes scènes, des petits personnages de sa vie quotidienne comme sa femme de ménage ou son électricien, il m’a fallu faire faire 10'000 km à Monique Tarbès et Jean Lefebvre pour venir seulement 24 heures, l’une passer l’aspirateur sur une plage du Pacifique et l’autre se faire descendre sur cette même plage."
Pour Jean Lefebvre, le tournage est l’occasion d’une belle frayeur. "J’avais une scène où je devais mourir, fusillé par Jean-Paul. Les Mexicains m’ont bourré d’explosifs. Ils ont passé deux heures à m’en mettre partout et on s’est préparé à tourner. Mais, au moment où de Broca était sur le point de dire "moteur" j’ai vu le type qui était derrière la caméra faire le signe de croix. J’ai été pris d’une peur panique et j’ai hurlé à de Broca d’arrêter tout. J’ai expliqué à mon metteur en scène ce que je venais de voir et je lui ai dit que tout cela n’avait pas l’air très sûr. De Broca m’a assuré que c’était le même cascadeur qui faisait les grands westerns américains, qu’il avait un talent fou en matière d’explosifs… Il avait beau dire, je n’étais pas rassuré pour autant. On a tourné et tout s’est très bien passé. Mais c’est quand même ce jour-là que j’ai eu la plus grande peur de ma vie. Et pendant ce temps, Belmondo hurlait de rire!"
Par la suite, pour éviter des milliers de kilomètres à ses acteurs, il fait tourner le maquilleur, le décorateur et se met lui-même en scène pour incarner qui un plombier, qui un huissier.
Le tournage se poursuit à Paris: dans le quartier du Marais, à la mosquée de Paris, au Jardin des Plantes, place de la Bastille, place de la Concorde et en bateau sur le canal Saint-Martin. À Epinay, dans les studios, François de Lamothe construit le décor de l’intérieur d’un temple mexicain, QG de l’organisation ennemie. C’est la scène mémorable où Bob Saint-Clar, dans le temple, se retrouve à dégommer des centaines d’ennemis à la mitraillette. Pour souligner la violence de l’action et parodier tout ça, on inonde les marches du décor monumental de sang de cheval, une rivière de sang s’écoule du grand escalier.
"Je voulais faire une parodie de la violence, du sadisme, du sexe et de la cruauté, explique le réalisateur, me venger de tout ce que je n’aime pas dans le cinéma d'aujourd'hui, faire un sort à ces héros qui pissent le sang comme des fontaines."
Alors on en met du sang. D’origine animale. Du sang de cheval, c’est le plus rouge qui soit. Ce sont ainsi des dizaines de fûts de 300 litres de sang de canasson qui sont déversés depuis le haut de l'escalier. La puanteur est insoutenable. Le sang se répand partout. Le studio va puer pendant deux ans.
Au Mexique, Philippe de Broca et Jean-Paul Belmondo, copains de toujours, vont fêter leurs 40 ans. Ils sont tous les deux du printemps 1933. L’hôtel se souvient peut-être encore de cette troupe de Français déchaînés qui a balancé le mobilier de l’hôtel dans la piscine et scié les palmiers au bord de l’eau… Le tournage s’achève à la fin du printemps et le film sort le 23 novembre 1973.
La suite... c’est un succès quelque peu mitigé. La critique s’y ennuie un peu tout en relevant une vraie fraîcheur parodique. Le public, lui, aime.
Philippe de Broca poursuit sa carrière, "Tendre Poulet" en 1978, "On a volé la cuisse de Jupiter" en 1980, "Le Cavaleur" en 1979, "Chouans!" en 1988 et beaucoup de téléfilms avant de renouer avec le cinéma avec "Le Bossu" et "Vipère au poing".
Jean-Paul Belmondo lui, continue également à tourner. Films d’aventures, films en costumes, il est sur tous les fronts dans les années 80.