Après "Le milieu de l'horizon" avec Laetitia Casta et "Puppylove" avec Vincent Perez, la réalisatrice d'origine neuchâteloise établie en Belgique Delphine Lehericey, 47 ans, a dévoilé lundi à Locarno son dernier long métrage "Last Dance" ("Dernière danse").
François Berléand ("Les choristes") incarne Germain, un homme qui se retrouve veuf à 75 ans. Fidèle à une promesse faite à sa femme, il va entrer dans une compagnie de danse contemporaine.
Dans "Last Dance", Delphine Lehericey avait envie de raconter une histoire sur le deuil, mais de façon légère et amusante, a-t-elle dit devant le public de la Piazza Grande. Ce dernier, visiblement conquis, a longuement applaudi le film à la fin de la projection.
Une utilisation démocratique du corps
"Venant du spectacle vivant, j'ai ressenti le besoin de raconter ce que j'avais vécu à travers la danse contemporaine, qui permet une utilisation très démocratique du corps", a-t-elle poursuivi. "C'est comme dans le film 'Ratatouille' (2007), où l'on dit que tout le monde peut cuisiner: la danse contemporaine permet à tout le monde de monter sur scène.
François Berléand est un peu comme ma petite souris", explique la cinéaste dans une interview au journal du festival, le "Locarno Daily". "J'ai imaginé une personne âgée qui, au début du film, était limitée dans ses mouvements, puis étonnamment libérée lorsqu'elle se met à danser".
La Ribot à l'écran
La Ribot est la chorégraphe du spectacle que l'on voit dans le film, en plus de jouer son propre rôle. Connue pour ses spectacles de danse contemporaine nue, elle a reçu le Lion d’or de la Biennale de Venise 2020 pour l’ensemble de sa carrière et, un an plus tôt le Grand Prix suisse de danse par l’Office fédéral de la culture.
"Avec La Ribot, nous avons cherché des pièces de son répertoire qui convenaient à la dynamique du personnage. Des moments qui aboutissent à l'absurde, mais qui sont aussi très sérieux, oscillant entre deux extrêmes typiques de la danse contemporaine, qui peut être très intellectuelle, mais aussi très drôle", a relevé Delphine Lehericey.
"Le sens de l'humour est également très présent dans le travail de La Ribot, ce qui le rend unique parmi ses collègues. J'aime particulièrement le fait qu'elle ait une forte personnalité tout en étant hilarante. Je pense aussi que c'est une bonne actrice", a poursuivi la réalisatrice.
Performance de François Berléand
Delphine Lehericey souligne la performance de François Berléand: "il a donné du cœur au personnage, avec une grande générosité. Je pense que ce qui a très bien fonctionné dans la rencontre entre les danseurs et la caméra, c'est le fait que tout le monde avait très envie de se rencontrer."
"J'ai trouvé le scénario bouleversant", avoue l'acteur à la RTS. Et à la question de savoir si cela avait été compliqué de devenir un danseur, François Berléand de répondre: "Ce n'est pas un problème pour moi de beaucoup travailler un rôle, j'ai l'habitude avec le théâtre." Une expérience qui l'a aussi aidé pour les nombreux moments du film qui se passent sur scène. "Je n'avais pas d'appréhension. La seule que j'avais, c'est que je m'étais cassé l'épaule et le fémur à ski. Et finalement, à force de bosser, je suis arrivé à faire des choses que je ne pensais pas réussir".
Le cadeau précieux que l'art peut offrir
"Le cinéma n'est pas une entreprise solitaire, c'est une aventure collective comme la danse ou le théâtre, explique encore Delphine Lehericey. Cela devient un peu comme une famille, grâce à la complicité qui se tisse au travers des émotions partagées."
"Je voulais montrer que la famille proche de Germain lui pèse souvent et qu'il reçoit autre chose et de façon inattendue d'une nouvelle famille. C'est un cadeau précieux que l'art peut donner", a-t-elle conclu.
aq avec afp
Le film sortira en salle en Suisse romande et au Tessin fin janvier 2023.