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Un documentaire sur la crise des opiacés triomphe à la Mostra de Venise

La réalisatrice Laura Poitras a reçu le Lion d'Or de la 79e Mostra de Venise. [AFP - Tiziana Fabi]
Un documentaire sur la crise des opiacés triomphe à la Mostra de Venise / Le Journal horaire / 21 sec. / le 10 septembre 2022
La 79e Mostra de Venise a récompensé samedi un documentaire sur la crise des opiacées "All the Beauty and the Bloodshed" de la réalisatrice américaine Laura Poitras. Les prix d'interprétation ont été remis à Cate Blanchett ("Tár") et Colin Farrell ("The Banshees of Inisherin").

Le jury présidé par l'actrice Julianne Moore a décerné son Lion d'Or à la réalisatrice, Laura Poitras, 58 ans, et sacre ainsi une troisième réalisatrice d'affilée, après la Française Audrey Diwan l'an dernier ("L'Evènement") et la Sino-Américaine Chloé Zhao ("Nomadland") en 2020.

"All the Beauty and the Bloodshed", le film primé à Venise, est un voyage à travers la vie de Nan Goldin, photographe de 68 ans connue pour ses clichés du New York underground et qui a tant côtoyé la mort, du sida à la crise des opiacés, son dernier combat.

Car Nan Goldin, qui était repartie de Venise et n'a pas pu venir chercher son prix, a pris la tête d'un combat à la David contre Goliath contre la famille Sackler, principaux producteurs d'opiacés, des antidouleurs qui ont rendu dépendants et tué un demi-million d'Américains ces deux dernières décennies.

Prix spécial à Jafar Panahi, emprisonné

Le jury de Venise a envoyé un autre signal politique en décernant un Prix spécial au réalisateur Jafar Panahi, montrant que le cinéma ne plierait pas devant la censure en Iran et offrant son soutien à un cinéaste qui paie de sa liberté son envie de créer.

Lion d'or en 2000 avec "Le Cercle", Panahi est le seul cinéaste en compétition à n'avoir pas pu fouler le tapis rouge, emprisonné depuis juillet par le régime des mollahs. Dans "No Bears" ("Les Ours n'existent pas"), le film primé, il met en abîme sa propre situation, un pied de nez brillant à la censure.

Claque pour Netflix

Les prix d'interprétation ont été remis à des stars des tapis rouges, Cate Blanchett ("Tár") et Colin Farrell ("The Banshees of Inisherin").

Le palmarès sonne par contre comme une claque pour le géant de la vidéo en ligne Netflix, en quête de légitimité cinéphile à Venise. Privé de compétition cannoise car ses films ne sortent pas en salle, il présentait pas moins de quatre films.

Mais ni la performance d'Ana de Armas en Marilyn Monroe dans le biopic "Blonde", en ligne fin septembre, ni le Français Romain Gavras et sa description de l'insurrection d'une banlieue ("Athena") n'ont convaincu le jury. Pas plus que le Mexicain Alejandro González Iñárritu avec "Bardo", ou l'Américain Noah Baumbach avec "White Noise".

agences/lan

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