"La dégustation" est une comédie romantique adaptée de la pièce de théâtre éponyme écrite par Ivan Calbérac en 2019. La même année, elle reçoit le Molière de la meilleure comédie. Il s’agit de la troisième pièce du réalisateur adaptée au cinéma.
L’histoire conte la rencontre entre Jacques (Bernard Campan) et Hortense (Isabelle Carré). Jacques est caviste, tandis qu’Hortense est sage-femme. Les deux célibataires, qui possèdent chacun une lourde histoire, se rencontrent lors d'un atelier de dégustation dans la cave à vin de Jacques.
"La pièce a eu un tel succès que cela m’a donné envie de l’adapter au cinéma, explique le réalisateur Ivan Calbérac à la RTS. Nous n'avons pas pu faire de tournée avec la pièce de théâtre. Ce film est donc une manière de porter cette histoire partout où nous n'avons pas pu aller."
Un travail d’adaptation
"L’univers fictionnel du théâtre n’est pas le même que celui d’un film, poursuit Ivan Calbérac. Quand on est spectateur de théâtre, on passe une sorte de contrat tacite avec l’œuvre, c’est-à-dire qu’on choisit d’y croire à la manière d’enfants auxquels on raconte une histoire. Mais au cinéma, l’attente de crédibilité est différente. On a envie et besoin d’y croire. Souvent, on sort d’une salle de cinéma en se disant 'je n’y ai pas cru'. Le film a exigé un suivi psychologique des personnages différent, plus précis".
Autre différence avec la pièce de théâtre, le film suit le point de vue d’Hortense. Les spectateurs et spectatrices découvrent alors sa vie en dehors de ses passages dans la cave à vin de Jacques.
La symbolique du vin
Objet principal du film, le vin est à la fois une souffrance, faisant du mal à ceux ou celles qui en boivent, et un lien entre les deux protagonistes principaux. "Je pense que c’est un film sur le lien et sur la manière de le restaurer quand il a été dégradé. L’histoire d’amour entre Jacques et Hortense n’est pas évidente, parce que c’est une histoire d’amour de la dernière chance. À vingt ans, on se lance dans les histoires d’amour sans réfléchir. Mais quand on en a vécu plusieurs, qu'on se retrouve à nouveau seul et qu'on ne souhaite pas le rester, on craint de souffrir à nouveau. Le vin permet justement de briser la glace."
La dégustation de vin est une expérience sensorielle, mais elle a aussi un côté burlesque. Lorsqu’on boit trop, on dit des choses qu’on ne devrait ou qu’on n’oserait pas dire.
Ivan Calbérac voit également des similitudes entre la fabrication du vin et le cinéma. "Chaque bouteille de vin raconte une histoire. Elle est le fruit d’un long travail de différentes personnes, de tout un cheminement. Pourtant, elle se boit relativement rapidement. Idem pour un film: il se regarde rapidement par rapport au long travail qui a précédé sa création."
Enfin, le scénario a été relu par des professionnels des métiers liés au vin. Le réalisateur s’explique: "Je ne suis pas expert, mais je me suis renseigné et fait aider." Il est aussi parti à la rencontre de vignerons. "Leur métier et sa difficulté m’ont beaucoup touché. Dans un vignoble à Tonnerre, dans le Chablis, un exploitant nous a raconté les aléas météorologiques et la lente maturation d’un vin. J’ai apprécié ces rencontres", conclut Ivan Caldérac.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: Myriam Semaani
"La dégustation", à voir actuellement dans les salles romandes.